C’est une soirée metal, punk et hardcore qui nous tend les bras à la Laiterie de Strasbourg. Avec SICK OF IT ALL en tête d’affiche, on peut dire que le bitume sous nos Converse va respirer la légende. Nous nous retrouvons tous par une belle soirée d’été non pas pour un songe, mais pour faire les singes dans le pit.
CANCER BATS ouvre le bal. Je me laisse emporter par le groupe canadien sans réfléchir avec "Brightest Day", avalanche de décibels colorés au gros son rock qui tâche, rythmique qui claque fort et riffs hardcore, pour un chant enragé. Peu de monde, ce soir, la Laiterie restera en petite configuration, mais les corps débordent d’énergie et la sueur lave vite les flaques de bière au sol.
Le frontman de CANCER BATS maîtrise la langue de Molière à la sauce québécoise, la communion avec le public se révèle par conséquent aisée et pleine de bonne humeur. Très vite fusent blagues et rires bon enfant. Le groupe défend sa discographie sur une plage d’une heure. Passés "The Spark That Moves", "Lonely Bong" issu de « Psychic Jailbreak » nous offre un hardcore parfumé au stoner bien roulé. Franchement un groupe qui fout la patate, et le feu dans le pit. Ce qui est exactement ce que nous sommes venus chercher. « Hail Destroyer » est le troisième album le plus représenté, avec sa chansonn-titre qui lâche des riffs desert-hardcore aux crocs luisants d’huile métallique qui tâche.
Entre reprise endiablée de "Sabotage" des BEASTIE BOYS, puis une dernière salve de titres bien énervés, CANCER BATS s’est révélé être plus qu’une excellente première partie. Dans les prochains jours je compte bien écouter leurs disques...
On se ventile un peu et on accueille l'un des piliers du NYHC. SICK OF IT ALL, doit-on réellement les présenter ? Les frangins Koller et leurs companeros sont venus depuis New York pour un rappel de l’excellence de leur hardcore, aussi, lâchent-ils d’emblée les canoniques "Injustice System" et "Clobberin’ Time". Ça met tout le monde dans l’ambiance, les gobelets remplis de bière volent dans tous les sens, les torses nus tournent joyeusement en rond, c’est la fête au village. Pendant une heure de folie, SICK OF IT ALL nous offre des bouts de chaque chapitre de son épopée furieuse. "Maladjusted", "Us Vs. Them", autant d’occasions pour Pete de nous offrir ses célèbres jumps croisés ciseaux. Ce soir, ça envoie du lourd !
"Road Less Traveled" est ovationné, c’est clair, ce titre valait mieux pas qu’il soit oublié dans la set-list ! Le circle-pit est alimenté par une énergie atomique et certainement aussi par une nouvelle volée de gobelets. Demain, on devra tous changer de T-shirt... SICK OF IT ALL démontre, et démonte la scène, comme AGNOSTIC FRONT il y a quelques mois, que son hardcore est toujours habité par la force de son authenticité. C’est vraiment dommage que si peu de fans fassent le déplacement pour les voir. Si les absents pouvaient goûter au rendu live de morceaux comme "Machete", avec duo basse-batterie qui prend le pouvoir sur la scène et se livre à une danse frénétique, ils se mordraient les doigts de leur flemme.
Le temps passe trop vite quand on aime se faire piétiner, heureusement, ce soir c’est une gentille valkyrie qui veille sur mon groupe d’ami(e)s un peu fêlé(e)s. Elle écarte les lourdauds et ramassent les maladroits. SICK OF IT ALL nous a comblés de décibels et de bonne humeur, il est temps de la salve d’adieu. "Bull’s Anthem", c’est du bonheur punk-metal en tube, un hymne sauvage et familial selon nos critères NYHC. L’occasion de refrains sauvages tous en chœur. Avec "Scratch The Surface", nous nous plaçons dans le cérémoniel, le titre étant aujourd’hui classé monument historique pour le mouvement des metalloïdes énervés. Après un "Good Lookin’ Out" tournant sur lui-même et nous-mêmes, SICK OF IT ALL nous achève avec l’incontournable "Step Down". Du bruit et de la fureur.
Nous sortons de la salle, abandonnant derrière nous chacun un bon litre de sueur. Franchement au top la soirée. Sinon, vous reprendrez bien un peu de mosh-pit ?