7 août 2023, 17:58

KATAKLYSM

Interview Jean-François Dagenais


Le groupe de death metal canadien KATAKLYSM sort ce 11 août le quinzième album de sa longue carrière. Intitulé « Goliath », il est aussi puissant qu’épique et partage un message de force et de colère non dissimulées. Jean-François Dagenais, tête pensante et guitariste de la formation, nous parle avec sincérité du concept universel que KATAKLYSM a voulu mettre en place.


Salut Jean-François, comment vas-tu ? Tu es très occupé avec la promotion du nouvel album a priori...
Oui, on est assez sollicité, et comme les retours à propos de l’album sont plutôt bons, ça fait plaisir !

C’est assez normal, il est génial ce nouvel album à venir. « Goliath » est virulent et brutal comme du KATAKLYSM mais en même temps, il va au-delà de ce que vous avez présenté auparavant. Il semble que vous repoussiez sans cesse les limites de votre créativité…
Oui, on essaye toujours de sortir de notre zone de confort et chercher encore plus loin ce que l’on peut faire avec nos instruments et la théorie musicale. On essaye de pousser ça à fond.

Tout en restant vous-même...
Oui, c’est ça, on essaye de garder les racines, les sources, ce que KATAKLYSM est, et d’amener ça le plus loin possible.

C’est qui doit être difficile non ? Aller plus loin tout en restant le groupe, où chaque individualité doit rester fidèle à elle-même, ce doit être de plus en plus difficile au fur et à mesure des années non ?
Oui, on pourrait rester un peu plus traditionnel et continuer avec toujours la même recette mais je trouve que ça devient blasant en temps qu’artiste de faire tout le temps la même chose. Je préfère essayer de repousser les limites et de me battre pour toujours faire mieux.


Alors peux-tu nous parler un peu de ce « Goliath », personnage mythique religieux. Qu’est-ce qu’il incarne pour KATAKLYSM ?
Alors nous ce n’est pas par rapport à la religion qu’on a décidé de faire appel à ce concept-là. C’est plus une métaphore pour la société d’aujourd’hui et pour nous, ce qu’on est en tant qu’artiste. On a toujours l’impression d’être le petit gars qui se bat contre la grosse machine, l’élite qui est là est qui nous restreint de plus en plus dans nos vies. Dans le climat politique d’aujourd’hui on trouvait que c’était une bonne image, une bonne métaphore pour expliquer un peu comment on se sent par rapport à tout ça. On a donc mis ça en musique et en paroles et je suis vraiment content de la façon dont c’est ressorti.

Et pour le coup, c’est vraiment un concept universel !
Oui tu sais, on fait le tour de la planète plusieurs fois par an en tournée et on parle aux gens dans chaque ville où on va et on entend les mêmes histoires. On est plus reliés qu’on le pense, les gens du monde ont la même vision des choses. Donc David et Goliath, ça représente super bien ce qu’on voulait exprimer pour l’album et essayer de montrer cette colère que les gens ont en eux par rapport à tout ce qui se passe et d’extérioriser ça sur un album, c’est génial. On sent toute la colère qu’il y a dans le monde, la vie coûte plus cher, tout est plus dur et on dirait que c’est fait exprès pour garder les gens enchaînés dans leur petit monde. On a décidé d’en parler et on explique aussi que notre manière de voir tout  ça, c’est de développer notre petit monde à nous et de le rendre de plus en plus fort, continuer à se battre et continuer à faire ce qu’on peut pour survivre et défendre ce qu’on a en temps qu’humain dans le monde d’aujourd’hui.

La détermination vaincra...
Oui et aussi le fait que eux ne sont pas nombreux et donc qu’ensemble on peut faire la différence et je crois qu’ils ont compris ça et c’est pour ça qu’ils divisent les gens comme ils le font en ce moment.

Plein de petits David peuvent vraiment faire la différence contre le Goliath et chacun peut s’incarner dans ce David dans n’importe quel sujet de la vie, que ce soit au niveau de la santé, de la politique, du social, du financier...
Exactement, ça peut changer les choses. C’est une bonne représentation de la force que chaque humain a en soi. On peut se permettre d’utiliser ce pouvoir que l’on a en soi et la puissance qe l’on peut développer pour se battre en choisissant ses batailles. Mais quand ça en vaut la peine, ça vaut le coup de se surpasser pour obtenir justice.

Qui a eu l’idée de ce concept de « Goliath » ? C’est en écrivant l’album que le nom vous est venu ou le concept est né avant la musique ?
On était en train d’écrire l’album, avec un autre concept au départ qui marchait bien aussi avec l’album. Mais un matin, Maurizio (Iacono, le chanteur) m’appelle et me dit « David contre Goliath, c’est exactement ce qui se passe ». Et on s’est dit que c’était parfait comme direction à prendre. Et je ne regrette pas car elle est parfaite comme idée.

En effet, et d’ailleurs la pochette de l’album est superbe aussi !
Oui, je vais en parler un peu car on a décidé de travailler avec Eliran Kantor, car il réalise de vraies peintures, ce sont des œuvres d’art, pas des trucs générés par des ordinateurs. On voulait vraiment un truc à l’ancienne, chaleureux, épique. Il a accepté de faire une peinture pour notre album et il a fait un excellent travail. On a voulu faire un album totalement classique, il nous était de toute façon impossible d’utiliser une intelligence artificielle pour faire la pochette, il nous fallait une peinture, authentique.

Sur « Goliath », on retrouve bien sûr l’énergie et la puissance de KATAKLYSM mais on ressent aussi une réelle lourdeur, une noirceur encore plus exacerbée que dans les albums précédents. C’est ce que vous avez voulu mettre en place ?
Oui, c’était aussi la première fois que l’on travaillait avec le batteur James Payne car il a rejoint le groupe il y a trois ans maintenant mais on n’avait jamais écrit de musique ensemble. On a développé avec lui une relation qui est super cool et il a amené notre musique à un autre niveau avec son style à la batterie. Et puis, avec tout ce qui se passe dans le monde, à chaque fois qu’on allume la télé, on est sur les nerfs et donc on extériorise ça en musique. Ca donne en effet quelque chose de lourd et de noir !

Quelle est la chanson la plus représentative de l’album pour toi ?
Ma préférée, c’est la toute première : "Dark Wings Of Deception". Je trouve que c’est un titre qui me donne la chair de poule, les idées me sont arrivées comme par magie lorsque je l’ai écrit et je suis vraiment dans mon élément. Et après toutes les chansons écrites pour l’album, c’est resté une de mes préférées. J’ai hâte de voir les commentaires des gens sur ce morceau-là. Elle représente vraiment bien l’énergie du groupe en ce moment.

Oui, c’est un sacré opening ! On est tout de suite plongé dans l’ambiance !
C’est comme un coup de pied dans la porte oui !

En contrepartie, il y a une chanson vraiment différente, c’est la dernière : "The Sacrifice For Truth". Tu peux nous en parler ?
Oui, elle est vraiment mélodique et super. Au départ, on voulait faire une pièce instrumentale mais Maurizio a quand même mis sa voix dessus et on l’a arrangée un peu pour ses paroles. Ça a donné quelque chose de super intéressant et ça termine vraiment bien l’album. Beaucoup de journalistes nous ont dit que c’était une de leurs préférées...


​Qu’est-ce qui est le plus gratifiant d’ailleurs pour toi en tant que guitariste : jouer des morceaux hyper brutaux, hyper énergiques ou au contraire avoir des chansons comme "Sacrifice For Truth" qui sont bien plus mélodiques ?
J’aime bien les deux car j’aime l’intensité. Je sais que quand on va entrer sur scène, que les lumières vont s'éteindre, j’ai envie de donner tout ce que j’ai en tant que guitariste. On commence toujours avec quelque chose d’hyper rentre-dedans et les fans ressentent l’énergie. C’est un côté qui est super fun mais j’aime aussi beaucoup éteindre les lumières et écouter de la musique qui me touche au cœur et qui me transporte. Ce sont deux éléments différents mais je crois qu’on peut réussir à les mélanger sur un album comme « Goliath ». Les deux éléments ont leur place, j’aime bien les deux, difficile de faire un choix. C’est un tout.

Vous devez avoir hâte de présenter l’album sur scène non ?
Oh oui, absolument ! Cet été on a les festivals à partir d’août avec douze concerts et on a super hâte d’amener des nouveaux morceaux sur scène. On va en introduire quelques-uns et quand on reviendra en tête d’affiche probablement pour une tournée cet hiver, on en ramènera encore plus pour vraiment présenter l’album dès qu’on peut.

Vous avez déjà quelques plans ?
Oui mais rien de confirmé. On a déjà tourné beaucoup cette année, avec SOILWORK, 55 concerts en Europe et 20 autres en Amérique du Sud juste après. Donc là, on sort l’album, on fait les festivals et je crois que cet automne on va prendre ça tranquillement, rester à la maison quelques mois et au début de l’année prochaine, janvier ou février, on reprendra la route. On fera un tour en Europe et un aux Etats-Unis mais on n’a pas encore donner notre accord, pour rien, on attend de prendre les bonnes décisions pour promouvoir le disque auprès du plus de gens possible.

Quel est ton moment préféré pour chaque album ? Son écriture, sa sortie, sa promotion, la tournée qui suit ?
Je préfère travailler sur la musique, j’aime le processus créatif. C’est aussi pour ça que je fais de la production avec d’autres groupes. J’aime aussi voyager et voir les gens et découvrir les différentes cultures. Essayer la cuisine et les bières dans les différents pays ! J’aime aussi jouer sur scène mais avec l’âge c’est de plus en plus difficile, c’est plus comme quand on avait vingt ans ! Mais j’aime l’énergie sur scène, c’est une grande partie de ma vie. Je ne pourrai pas écrire de la musique et ne pas aller sur scène, c’est essentiel. Mais je préfère la création.

Est-ce que tu vois une différence entre le public européen et le public nord-américain ?
Je dirais que la différence se fait plus au niveau des groupes et des styles de metal écoutés. Car le public est sensiblement le même, les metalleux sont tous les mêmes dans le monde. Mais aux Etats-Unis, le public aime un metal un peu différent de celui des européens, je ne sais pas si c’est culturel. Et en tant que québécois, je suis content d’avoir une culture française forte et en étant proche des Etats-Unis, on a une forte influence de ce côté-là aussi et j’aime beaucoup l’espèce d’hybride entre les deux cultures et je crois que​ KATAKLYSM représente bien ce mélange-là. Pour répondre à ta question, je crois qu’il y a plus de fan de metal traditionnel en Europe, on le voit dans les festivals. Mais de toute façon, la passion pour la musique est la même chez tous les fans de metal.

Pour en revenir à l’album, quels formats seront disponibles ?
Eh bien des vinyles, et d’ailleurs Nuclear Blast vient de vendre les 1000 premières copies donc ça a été super rapide. Il y a en ce moment un deuxième pressage avec plein de couleurs différentes, plein de formats de CD, bien sûr les plateformes de streaming et les formats numériques. On apprécie les fans qui achètent du physique mais on est super heureux de voir les chiffres sur le streaming aussi. C’est génial de voir que les fans nous suivent, ça nous encourage à poursuivre. Donc, merci à tous les fans de nous soutenir ! On est vraiment reconnaissants de pouvoir continuer à faire de la musique grâce à vous !

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK