4 août 2023, 23:59

WACKEN OPEN AIR 2023

@ Wacken (Jour 3 - Par Withacs B.)

The Good The Bad And The Zugly


Ce matin on a droit à un réveil en fanfare, avec les voisins qui décident de mettre en route leur groupe électrogène un peu trop tôt à notre goût... Mais voyons les choses du bon côté, on a le temps, de prendre le temps, avant une journée encore plutôt chargée !

On attaque avec la conférence de presse et l'écoute du nouvel album du groupe DORO en avant première. Doro Pesch arrive avec six des membres de la Wasteland qui apparaissent dans son nouveau clip : des guerriers steampunk à la sauce Mad Max pour escorter la Queen, c'est beau ! Doro prend le temps de faire quelques selfies avant de rejoindre la scène et de nous faire entendre les nouvelles chansons diffusées par groupe de trois, et elle répond à des questions entre chaque écoute. Difficile de chroniquer cet album avec seulement une lecture, dans ces conditions. Ma première impression est que certains titres sonnent plus heavy, que le son est globalement plus lourd. Doro quant à elle ne semble pas hyper à l'aise d'être au centre de l'attention, ce doit être un exercice compliqué d'être assise là à attendre pendant que jouent ses propres morceaux, devant un parterre de journalistes. Elle ne quitte pas son sourire malgré l'examen qu'elle semble passer ! 

Mais pas le temps de trop traîner, après ce petit moment privilégié, il est l'heure de rejoindre la Louder pour CALIBAN. Dès les premières notes ça envoie du lourd cash. Le chanteur Andy Dörner fait une entrée fracassante laissant peu de doute sur sa volonté d'en découdre malgré ses fringues plus bobo que hardcore. Ça fait très longtemps que je ne les ai pas vu, et j'ai eu du mal a le reconnaître. L'énergie est toujours là, au point qu'au bout de cinq phrases il marche sur le fil de son micro et le débranche, idem deux chansons plus tard... Il ne tient pas en place. Les musiciens ne sont pas en reste, mais Andy leur vole totalement la vedette ! Il saute dans le public tout en continuant à chanter "We Are The Many", échange beaucoup avec la fosse. Les fans le lui rendent bien, pogos, circle-pit, séance de rames collective (le sol a séché, à peu près !). Qui aurait crû que le metalcore aurait encore autant d'adeptes vingt ans plus tard ? Je me laisse entraîner par la troupe de copains en direction la Wet pour DUST BOLT.

Caliban


On assiste à la fin de THE GOOD THE BAD AND THE ZUGLY... autant dire que je regrette quelque peu de ne pas être venue plus tôt, car bordel, qu'est ce que ça envoie ! Le chanteur se déchaîne ! Les musiciens aussi ! Un bon gros rock énervé qui fait du bien ! Les Norvégiens sont à priori catégorisé punk, je n'en ai pas vu assez pour l'affirmer côté musical, mais concernant l'attitude c'est évident... Et la présence d'un gars avec sa machine à coudre devant le concert ajoute un petit côté décalé qui accentue les sourires sur nos visages ! On apprendra après une brève discussion qu'il travaille sur le site et qu'il propose aux festivaliers ses services pour coudre leurs patchs... Sympa le bonhomme !

Mais à la base on était venus pour DUST BOLT et on a bien fait ! Voilà du bon thrash comme on l'aime. Le batteur Nico R. s'avance sur la scène pour commencer à communier avec le public, le reste du groupe arrive et bim ! Trois quarts d'heure de plaisir... L'album « Trapped In Chaos » de 2019 est mis à l'honneur par des musiciens survoltés, ils tournent, sautent, courent..., Lenny B. (chant/guitare) n'hésite pas à salir ses baskets pour rejoindre le pit avec son pied de micro, et lance "Sick x Brain" tandis qu'un circle-pit démarre autour de lui. Et c'est visage couvert de boue qu'il rejoint la scène pour terminer ce concert de dingue, avec "Agent Thrash", sa guitare se mettant à cracher des étincelles, raccord avec l'énergie du groupe.

Le temps de passer prendre un petit rafraîchissement (eh oui il fait beau et chaud) et ça va être au tour de TRIVIUM de nous régaler, enfin je l'espère... Car il faut dire que le groupe m'a déçue lors de sa tournée "Deadmen & Dragons". Je me suis sentie trompée voir trahie lors de son passage à Lyon en mars de cette année, quand ils n'ont joué qu'un titre de chacun des deux derniers album, que j'affectionne particulièrement... Mais auparavant je fais un petit détour par l'espace presse pour assister à la conférence de presse des Metal Battles. La tente est pleine, tout le monde attend fébrilement que le nom de son groupe retentisse ! Première annonce, ceux qui n'ont pas pu jouer mercredi seront là l'année prochaine ! Après tous les remerciements de rigueur, arrive le classement. En cinquième position, l'Italie, puis l'Islande, médaille de bronze pour l'Ukraine, l'argent revient à l'Espagne et les grands gagnants sont les Japonais PHANTOM EXCALIVER, accueillis par les gagnants de l'année dernière, SABLE HILLS. C'est donc un doublé pour le Japon ! On voit beaucoup d'émotion sur scène et quelques larmes...

Je me dépêche de retrouver le site car TRIVIUM va commencer. Première impression, la scène est très belle avec son backdrop composé de dragons japonais, vert et rouge sur fond jaune. Deux statues de dragons (déjà présents lors de la tournée) ornent les côtés. Les premières notes de "In The Court of The Dragon" résonnent...  Apparemment l'intro a été jouée, mais à faible volume donc je n'ai rien vu venir ! Matt Heafy arrive en trombe, énergique à souhait, il sent plutôt bon ce show ! J'aime que la set-list soit raccord avec la déco ! Rapidement le frontman nous explique la présence du guitariste de MALEVOLENCE, Josh Baines, leur bassiste, Paolo Gregoletto a dû se faire opérer d'urgence deux jours après leur vol. Son absence se fait tout de même bien sentir, car la performance des choeurs n'est plus assurée... Et c'est une énorme valeur ajoutée présente sur bon nombre de refrains, amenant énormément de mélodie. Ca manque, mais le trou est comblé par la puissance du groupe. "Becoming The Dragon", rarement joué et plutôt raccord avec la thématique, puis "Feast Of Fire", et c'est officiel, cette set-list est carrément cohérente pour moi ! Et même si les autres chansons ne changent pas de la tournée (excepté "Among The Shadows And The Stone" à la place de "Catastophist"), ça me va dans le contexte d'un concert d'une heure en festival ! Le guitariste Corey Beaulieu assure également quand il s'agit de beugler, l'attitude de Matt semble moins calculée, il tire moins la langue, ne secoue pas trop son bras en mode "jump jump", je l'ai trouvé globalement plus authentique. Je suis moins fan de sa chemise, j'avoue, mais elle n'entame pas vraiment se performance vocale, c'est le principal... et surtout j'ai pris mon pied ! Et tant pis pour GET THE SHOT qui était mon sauf-conduit si le show ne me plaisait pas. A priori c'était énorme, mais tant que je n'aurai pas le don d'ubiquité je resterai dépendant de mes choix sentimentaux...

Trivium


Il est temps d'avaler un morceau avant le coup de bourre de la soirée. Car elle est chargée ! Ça commence avec MEGADETH, et il y a beaucoup de monde pour le groupe, même si clairement pas mal de festivaliers sont déjà positionnés pour IRON MAIDEN. Des images de Vic Rattlehead (la mascotte de MEGADETH) envahissent les écrans et le groupe débarque sur scène avec "Hangar 18". Le titre donne le ton du set, le public scande « Megadeth ! Megadeth ! » durant la battle de solo entre Dave Mustaine et Kiko Loureiro. Ce dernier, James LoMenzo (basse) et Dirk Verbeuren (batterie) se donnent à fond, contrastant encore plus avec Dave qui ce soir ne semble pas en grande forme... Il a pris un coup de vieux, je lui trouve une voix fatiguée, alors que son jeu de guitare, lui, est impeccable. On lui pardonnera sans problèmes étant donné ses antécédents médicaux, après tout, c'est quand même rassurant de le voir sur scène malgré tout. Les différents écrans en fond de scène projettent tout au long du set des visuels purement dans l'esprit de l'univers de MEGADETH et subliment chaque titre. Je laisse mes acolytes profiter du concert dans lequel je n'entre que moyennement, pour aller fureter dans d'autres lieux. Eux exulteront avec la foule lors de l'intro de "A Tout le Monde" avant de se déchainer de joie quand Marty Friedman arrive sur "Trust". Les amateurs de shred prennent leur pied, surtout qu'il reste pour "Tornado Of Souls", "Symphony Of Destruction" et qu'il revient sur "Holy Wars... The Punishment Due", dernier titre du set. Un concert à ne pas rater assurément pour les fans !

Megadeth


Pendant ce temps, je suis partie faire un tour à la prestation de DOG EAT DOG. Ils entrent sur "Expect The Unexpected", après une intro qui me semble interminable. Clairement ils ont la patate, le public répond direct mais je l'avoue, je me sauve vite... Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, ce n'est clairement pas ma came et pas comme dans mes souvenirs... Les musiciens gèrent carrément, le saxophone apporte un plus indéniable mais il me manque le côté punk-hardcore, le phrasé est trop hip-hop à mon goût et les instrumentaux façon rap U.S. diffusés entre chaque morceaux ne semblent pas nécessaires...

Les copains m'ayant vendu HAVUKRUUNU, je me rends donc pour la première fois en ces trois jours, sur la Wackinger Stage. Les Finlandais proposent du pagan black metal, et à priori c'est plutôt quelque chose qui peut me plaire. Musicalement ça passe mais je n'accroche pas du tout à la voix... Il faudrait que j'écoute sur album pour me faire une meilleure idée de ce qu'ils proposent, car cela ne m'a pas semblé totalement inintéressant.

On arrive à la partie délicate de la programmation, car on voudrait être partout à la fois... On se répartit donc les scènes. Je laisse Alexis vous parler de IRON MAIDEN, étant le plus à même de vous faire vivre ce moment incroyable, à cet endroit... De mon côté je reste un peu sur ma faim concernant mes pérégrinations quand j'arrive pour un des événements de cette édition 2023 : le set spécial « Legion » de DEICIDE. Sans grande surprise donc, le groupe attaque avec "Satan Spawn, The Caco-Daemon" et déroulent dans l'ordre cet album majeur. J'étais plutôt excitée à l'idée d'entendre ce classique, j'avais peut-être un peu trop fantasmé ce moment. C'est plaisant d'entendre le groupe jouer mais scéniquement... c'est... un peu... vide. Il ne se passe rien, pas de communication de la part de Glen Benton, les guitaristes Kevin Quiron & Mark English sont plutôt statiques, seul Steve Asheim se démarque un peu à la batterie, et encore... Je n'attendais pas un défilé de pompom girls évidemment, et ce n'est pas mon premier concert de DEICIDE, mais j'espérais un peu plus de communion du groupe envers les fans. Il y a peu de monde car en cet instant, la Vierge de Fer ratiboise tout sur la Harder, mais le public est à fond, content d'être là et je trouve dommage que la reconnaissance ne soit qu'à sens unique. Le concert en "plein jour" influence certainement cette impression de platitude. Quoiqu'il en soit, l'interprétation est plutôt bonne, la set-list old-school avec des extraits de « Deicide » et « Once Upon The Cross  » fait plaisir et ils ont été fidèles à ce qu'ils ont toujours représenté. J'en espérais juste un peu plus...

Je file voir la fin de DYING FETUS et j'arrive au moment où se joue "Compulsion For Cruelty", titre issu du prochain album « Make Them Beg For Death » à paraître le 8 septembre. C'est plutôt efficace, à l'image des titres suivants. Il me manque à nouveau un peu de dynamisme sur scène, mais musicalement ça envoie ! Le public, en petit comité c'est vrai, est ravi. J'assiste même à un circle-pit de quatre vendeurs de cigarettes avec leur présentoir en bandoulière remplis de clopes, entraînés par plusieurs allemands contents de partager ce moment ! Hilarant ! John Gallagher (chant/guitare) partage son amour pour le public (comme quoi on peut faire du brutal death mais aussi parler et remercier ses fans !)

Je passe chercher quelques douceurs pour me réconforter du vide créé dans mon coeur par des prestations à mon goût en dessous du niveau espéré scéniquement en cette fin de journée, quand un festivalier me remonte le moral malgré lui ! Au moment de passer ma commande, je discute avec mes voisins de gauche et de droite et sans que je comprenne, le jeune homme derrière moi me paie ma ration de gourmandise, juste pour le plaisir. C'est ça l'esprit W:O:A ! Après lui avoir fait un gros câlin, je pars donc le sourire au lèvres avec mes churros offerts, du côté de la Louder par curiosité jeter une oreille sur l'ancien frontman de HIM, Ville Valo. Malheureusement l'attente est interminable. Je ne sais pas pourquoi il y a autant de retard, peut-être à cause de quelques soucis techniques (au vu de l'exaspération de certains techniciens présents en devant de scène). L'inactivité commençant à me fatiguer, je bouge sur l'Infield pour guetter un bout de WARDRUNA , même si je ne suis pas sûre que cela me tienne bien éveillée ! Scène sobre, éclairée par quelques torches, chant incarné par le multi-instrumentiste Einar Selvik et Lindy Fay Hella . Le groupe sait poser une ambiance cohérente et nous embarquer dans leur univers. 

Wardruna


J'écoute quelques chansons avant de retourner à la Louder, où apparemment VV est enfin monté sur scène, et tel un papillon attiré par la lumière je m'y dirige car de loin le spectacle envoie une promesse visuelle que je ne veux pas rater ! Et quel jeu de lumières ! Elles sont magnifiques, mettent en valeur les musiciens et Ville Valo, meublent parfaitement la sobriété voulue sur scène, posent l'ambiance directement ! Ville vient défendre son album solo « Neon Noir », sorti en début d'année, ainsi que les trois titres de son EP « Gothica Fennica Vol.1 ». Il nous a bien sûr interprété quelques classiques de HIM, pour le plus grand bonheur de l'adolescente romantique qui se cache en moi. Pas moins de sept titres, dont "The Funeral Of Heart", "Buried Alive By My Love" et bien sûr à ma plus grande joie "Join Me In Death" ! Je regrette que sa voix ne soit pas vraiment mise en valeur, mais ça colle avec le côté ambiant de la musique, tout comme son petit côté Etienne Daho ! Au départ j'étais très étonnée de sa présence sur l'affiche, le genre musical contrastant avec les différents styles globalement représentés, mais on entre facilement dans cet univers atmosphérique et enveloppant. Qui aurait cru qu'avec la programmation de ce soir ce soit ce concert qui m'éclate ? Je croyais avoir envie de bourrin, de gras, de brut, finalement c'était de douceur, de subtilité et de délicatesse dont j'avais besoin...

VV


C'est reboostée à bloc que je repars vers la Harder pour LORD OF THE LOST. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre, je ne me suis pas vraiment intéressée à ce groupe mais j'en entends beaucoup parler, en positif comme en négatif. Un groupe qui clive est forcément intéressant (en dehors du fait qu'ils aient participé à l'Eurovision). Je regarde de loin les premiers titres et clairement, scéniquement c'est classe. Un univers androgyne composé de paillettes et d'une lumière tranchante, contrastant avec la noirceur profonde les enveloppant, et une puissance de jeu bel et bien présente. Les gars dégagent une énergie de dingue, c'est carré et ils ne se ménagent pas...

Je ne m'éternise pas, une valeur sûre pour terminer cette soirée m'attend sur la Headbangers Stage : SÓLSTAFIR. Je reprends une dose d'émotion, Addi Tryggvason au chant, ayant cette capacité à m'attraper les tripes avec sa voix... Et cette musique... Je ne reste malheureusement pas très longtemps, mes jambes et pieds réclament un peu de répit et si je veux qu'ils me traînent demain, je me dois de les écouter...

Je retrouve donc le camping satisfaite de ma journée, d'une part parce que la météo a été carrément clémente aujourd'hui et aussi parce que malgré quelques déceptions nous avons eu droit à des artistes merveilleux. Il me faut peut-être juste accepter que certains ont moins bien vieilli que d'autres, et qu'après 30 ou 40 ans de carrière, ils ne peuvent pas tous garder une forme de jeunes gens... Malgré tout, ils sont toujours là, créent, composent et se produisent encore, et que c'est peut-être le principal ! Et mon corps se rappelant à moi de plus en plus tôt à chaque festival, je ne peux peut-être pas les blâmer de ne plus pouvoir bouger comme avant...
Withacs B.

Lord Of The Lost
Blogger : Nicolas Blond
Au sujet de l'auteur
Nicolas Blond
Tombé dans une marmite de metal en fusion quand il était petit (légèrement poussé par sa fratrie), c'est à l'âge de 7 ans que Nico encaisse les premières écoutes d'IRON MAIDEN, METALLICA, SEPULTURA, NIRVANA ou THE OFFSPRING qui le marquent au fer rouge. La Bête faisant son œuvre depuis, la guitare saturée est vecteur de sa vie où toute nouvelle expérience liée à la musique est une formidable opportunité. Ingénieur son de formation, musicien, organisateur évènementiel, c'est aujourd'hui la photo de concert qui le fait vibrer. Il voit le metal progressif comme la porte s'ouvrant sur l'univers, et le thrash metal comme le bélier qui l'enfonce, pour lui permettre de capturer la résultante visuelle de cette divine mélodie à l'aide d'un objectif.
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