25 août 2023, 18:00

SKÁLMÖLD

Interview Jón Geir Jóhannsson


​Le groupe islandais SKÁLMÖLD revient cette année avec son sixième album intitulé « Ýdalir », à la fois épique, heavy, folk et mélodique. C’est avec beaucoup d’humour et de simplicité que le batteur de la formation, Jón Geir Jóhannsson, nous parle de sa conception après un moment de doute et des projets qui tournent autour des huit nouvelles chansons qui raviront les fans d’un metal viking, viril mais aussi envoûtant.


Salut Jón et merci de prendre le temps de répondre à quelques questions à propos du nouvel album de SKÁLMÖLD qui vient de paraître. Comment a-t-il été accueilli pour le moment ?
Eh bien, à ce que je vois, il est très bien accueilli, très positivement. On était assez confiant car nous sommes fiers de cet album mais c’est toujours une belle surprise quand tu vois que les gens l’aiment aussi.

C’est parce que c’est un album génial...
Euh oui, sûrement ! Je veux dire, je crois vraiment en ce que nous faisons. On n’avait plus trop plaisir à écrire ou jouer ces derniers temps et là, on a ressenti la passion que nous avions pour le premier album à nouveau.

L’écriture de « Ýdalir » a été différente de celle des précédents albums ?
Oui, de plusieurs façons. D’une part parce que nous avons fait un break de cinq ans depuis l’album précédent, donc on a repris un peu d’air frais. Et puis nous sommes allés dans ce magnifique studio au nord de l’Islande où nous n’étions jamais allés auparavant. On s’y est enfermé pendant neuf jours, totalement coupés du reste du monde. C’était juste nous, travaillant ensemble constamment. On n’a jamais trop fait cela depuis un moment car, particulièrement quand tu enregistres à Reykjavik, il y en a toujours un de nous qui doit s’absenter pour la vie quotidienne, le travail, la famille... Donc on a vécu une belle expérience, vraiment. Et je crois que l’album en rend compte.

Qu’avez-vous fait pendant ce break de cinq années dont tu parlais ?
En 2019, on s’est rendu compte qu’on était un peu fatigué de ce que l’on faisait. C’était toujours amusant mais fatigant. SKÁLMÖLD n’est pas notre emploi principal, on a tous un travail quotidien, une famille donc il fallait vraiment que le groupe nous comble entièrement pour continuer et ce n’était plus le cas. On a donc décidé de ne plus rien faire pendant peut-être un an, deux ans... On n’a pas fixé de limite. On a donné un dernier concert à la fin du mois de décembre 2019 et ensuite le monde entier a semble-t-il décidé de faire une pause avec nous ! On n’a donc pas eu besoin d’annuler quoi que ce soit et pendant deux ans, on n’a rien fait du tout. On ne se parlait même presque plus. On se voyait pour dîner par exemple mais on ne parlait pas du groupe. Et cela a été salvateur, plus qu’on ne le pensait car on est revenu avec des idées plein la tête. Et surtout on s’est rendu compte qu’écrire de la musique est quelque chose que l’on aime vraiment faire.

Vous êtes des perfectionnistes ?
Non, pas vraiment. Par exemple, cette fois, on n’a eu que neuf jours en studio pour écrire l’album. On n’avait ni les parties vocales ni les arrangements de prêts donc on ne savait pas comment les chansons allaient finir. Et à minuit, le dernier jour, les enregistrements devaient partir en Suède pour être mixés sans possibilité de revenir pour faire des modifications. Il a fallu qu’on laisse partir les morceaux tels quels. C’était assez effrayant mais du coup, ça donne un petit côté live à l’album. Il n’y a pas d’erreurs mais probablement des choses qu’on aurait pu faire différemment. Mais j’aime bien ça. On essaye de faire de notre mieux bien sûr mais on n’est pas perfectionniste vraiment.

Qu’est-ce qui a lancé l’écriture de « Ýdalir » ? Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Eh bien écoute ce serait cool de te dire que notre inspiration viendrait de vieux manuscrits nordiques que nous avons étudiés pendant des heures mais en fait non. Notre inspiration vient de God Of War, le jeu vidéo ! Notre bassiste y jouait et il y avait quelques artefacts liés à Ýdalir. C’est aussi un lieu proche de là où nous vivons et on a trouvé cela intéressant. On a donc fait quelques recherches. On s’intéresse bien sûr à tout le symbolisme de ce que nous écrivons mais c’est un peu comme empiler des blocs les uns sur les autres pour construire un édifice digne de Donjons & Dragons. Ecrire à propos du Dieu Ullr dont on parle peu dans la mythologie est vraiment intéressant. Cela nous a donné beaucoup de liberté pour écrire la base de l’histoire car de ce fait, on ne contredisait personne. On voulait vraiment revenir au fait de raconter des histoires basiques comme on l’a fait sur les deux premiers albums. Des histoires simples à propos du bien et du mal... avec des dragons !

Est-ce qu’utiliser l’image de l’archer sur la pochette de l’album est symbolique pour toi ?
Oui, Ullr est le Dieu de la chasse, de l’arc et du ski et Ýdalir est en fait en lien avec un type de bois, l’if, qui est très utile pour la fabrication des arcs. La boucle est donc bouclée. Ullr, c’est un peu comme le Dieu du biathlon, avec les skis et le tir, et c’est à mon avis le sport le plus cool qui existe !

L’album est constitué de neuf chansons qui sont à la fois épiques, mélodiques et aux atmosphères très colorées. Est-ce que tu as l’impression que votre musique décrit tout un paysage, un décor ou un voyage et pas seulement un personnage ?
Oui, on aime bien écrire à propos de concepts. On commence avec le thème basique d’une histoire et on en fait des chapitres. On sait ce qui se passe dans chaque chapitre et quand l’album est écrit, on place les musiques dans chaque chapitre. Les paroles viennent ensuite compléter tout cela. On a vraiment envie de raconter des histoires. C’est notre façon de travailler en tous cas. En fait, il n’y a que huit chansons sur l’album. La première, "Yr", n’est en fait que l’intro pour le titre "Ýdalir" mais comme elle était un peu longue, on voulait que les gens puissent sauter l’intro s'ils ne voulaient pas l’écouter !

En parlant de raconter des histoires, la dernière chanson de l’album, "Ullur", est vraiment comme une vieille incantation, un chant que l’on ferait autour d’un feu. Elle est plus longue, plus lente, plus folk que les autres. Tu peux nous en parler ?
C’est ce genre de chanson qui arrive par hasard. En fait, elle est faite de deux riffs et en jammant ensemble, la deuxième partie de la chanson est juste arrivée, comme ça. Il y a quelque chose d’hypnotique dans la répétition qu’elle contient. C’est une chanson old-school, poétique, à chanter autour du feu comme tu dis. Elle pourrait se répéter des heures. On ne l’a pas écrite consciemment, elle est très naturelle et je l’adore. Même si elle est très longue !


​Quelle répercussion aura-t-elle en live sur le public tu penses ? Et d’ailleurs pensez-vous la jouer sur scène ?
Oui, on la jouera sur scène, à part si on n’a pas les arrangements symphoniques. Je pense que les gens seront très attentifs à ce moment-là. On a deux concerts en Islande où on va jouer l’album dans son intégralité donc on verra la réaction du public. J’espère qu’on pourra la jouer car on n’a pas trop de temps à chaque fois... En plus, je chante sur cette chanson, ce qu’un batteur n’a pas l’habitude de faire, alors j’espère que ça se passera bien !

Ce qui est frappant aussi sur cet album, c’est que, bien sûr, c’est du SKÁLMÖLD mais il semble plus sombre, plus brut, peut-être plus détaillé aussi. Tu le ressens ainsi ?
Peut-être parce que nous avons le meilleur son que nous n’avons jamais eu sur cet album. Mais je ne sais pas s’il est plus sombre ou plus lourd... J’ai toujours du mal à me prononcer. Souvent quand je pense qu’un album est plus brutal, les gens me disent : « Oh vous devenez vieux et mous ! » et quand je trouve qu’un album est moins heavy, les gens me disent : « Wow ! Quelle agressivité ! ». Bref, je ne sais plus ! En fait, à force de vivre l’album 24h sur 24 et 7 jours sur 7, on en devient aveugle. Ce que j’aime sur cet album c’est que nous avons délégué le mixage en Suède et qu’il ressort très bien alors qu’on faisait tout avec la même personne avant. En tous cas, je suis toujours très surpris des commentaires à propos d’un album car je ne sais pas quoi en dire.

C’est difficile de laisser son "bébé" album partir entre les mains de quelqu’un d’autre pour les arrangements ou au contraire, c’est une libération ?
Un peu des deux. Si tu as confiance en la personne, c’est une bonne chose. Un peu effrayant de laisser le mot de la fin à une tierce personne mais en même temps, on était tellement plongé 24h sur 24 dans l’album que c’est une bonne chose d’avoir délégué. Et le résultat en vaut la peine.

Est-ce que vivre en Islande est un frein à la diffusion de votre musique ?
Plus maintenant, avec les technologies actuelles. Le monde semble plus petit de nos jours. Mais on est très reconnaissant de pouvoir aller jouer partout dans le monde depuis notre petite île perdue au milieu de nulle part. On n’aurait jamais pu imaginer pouvoir le faire un jour. On était juste six petits gars qui jouaient du heavy metal alors on imaginait peut-être sortir un album mais pas parcourir le monde. C’est juste génial. De plus en plus de gens prêtent attention à ce que l’on fait, c’est cool et j’espère que l’album va encore plus les convaincre.

Donc vous aurez la possibilité de revenir jouer en France à nouveau ?
Oui, je crois qu’on viendra en tournée au printemps prochain, je ne suis pas sûr. Je ne suis que batteur alors je joue là on me dit de jouer ! Mais j’espère venir passer du temps en France car j’adore votre pays. C’est un de nos pays préférés où jouer car chez vous, tout fonctionne, les salles sont super, les gens sont cool, la nourriture est excellente et ça c’est essentiel quand tu manges du pain et du saucisson pendant quatre semaines ! D’ailleurs je vais demander à ce qu’on ne tourne qu’en France ! Donc je vous dis à très bientôt !


Retrouvez donc SKÁLMÖLD, non pas au printemps 2024, mais dès cet automne à Paris le 17 octobre au Backstage et le 20 octobre à Sélestat pour le Rock Your Brain Festival. Toutes les dates du groupe sont à consulter sur Skalmold.is
L'album « Ýdalir » est disponible depuis le 18 août dernier chez Napalm Records.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
Ses autres publications

1 commentaire

User
Charles CesÂme Zampol
le 25 août 2023 à 18:29
Intense interview à lire pour un groupe que je découvre davantage. Félicitations ? à toi pour cette longue entrevue en prenant infiniment soin de toi également. Force et Lumière, Charles.
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