8 septembre 2023, 18:30

LOTH

Interview Loth


A la sombre croisée de l'héritage cathartique des premières formations de black metal messines AZERLATH et MYSTIC FOREST menées autrefois d'une main de fer par le défunt artiste Stefan "Szakh" Kozak (RIP), il est précisément une formation qui marie brillamment black metal atmosphérique et attitude punk-hardcore metal à outrance. Entretien avec Loth des plus prolixes et inspirés qui nous accorde en exclusivité l'honneur de présenter au complet son troisième album « 616 » sorti le 1er septembre dernier.
 

Malgré une attente insoutenable de sept années entre le second album « Apocryphe » et ce dernier album en date, quel a été votre état d'esprit créatif et collectif durant cette longue période d'inactivité également ?
« Apocryphe » est sorti le 21 décembre 2017 pour le solstice d’hiver, donc à l’orée 2018, on a ensuite tourné pendant deux ans, jusqu’à ce que la pandémie nous arrête, sorti un split avec FRIISK en 2020, écrit un album complet qu’on a jeté à la poubelle afin de recommencer ce qui constitue aujourd’hui « 616 », notre troisième album. On a également refait quelques dates entre temps bref, on a été bien actifs. Notre état d’esprit est toujours créatif étant donné que nous nous investissons également tous dans d’autres projets musicaux et professionnels liés à la musique. Nous avons apprécié composer cet album à cinq, c’est une première pour nous et nous espérons poursuivre dans cette voie, on travaille déjà sur l’écriture de nouveaux morceaux. 

Au niveau conceptuel de vos textes psychologiquement forts torturés à souhait, de quels auteurs célèbres êtes-vous, chaque membre solidairement à part, épris hormis Carl Gustav Jung et Sigmund Freud je présume ?
Les textes pour ce disque sont directement inspirés des travaux de Carl Jung. Tout n’est pas à jeter chez Freud mais il y a clairement beaucoup de ses concepts qui sont aujourd’hui obsolètes et dépassés. Donc oui, de la même façon que nous sommes messins plutôt que français (coucou Nafi), nous somme Jung plutôt que Freud. Nous lisons tous plus ou moins dans le groupe, qui des romans, qui des essais politiques, qui de la littérature militante, qui de la fiction fantastique. Nous n’avons pas d’autrice ou d’auteur favori, en revanche.

En quoi l'expression psychique des maux partagés en tant qu'individu à part entière du groupe, peut véritablement agir comme une forme d'exorcisme intellectuel et de catharsis spirituelle dans vos vies respectives et sur scène à la fois ?
Oui, faire de la musique, seul ou en groupe, ça a toujours été vécu et envisagé comme une catharsis. Que ce soit le rituel de composition ou l’interprétation des morceaux en concert, la musique fait partie intégrante de nos vies depuis de longues années. On en a d’ailleurs tous fait notre métier, à des degrés divers et variés. On en a profondément besoin, c’est une composante de notre équilibre mental, au même titre que l’amour ou l’amitié. 

Pouvez-vous attentivement en tant que compositeurs ingénieux nous expliquer la symbolique mystique particulière que revêt le choix singulier du titre énigmatique et supposément religieux de votre troisième album « 616 » ?
« 616 » est le chiffre originel de la Bête, celui que l’on retrouve dans les plus vieux textes religieux liés à l’Apocalypse, avant d’être transformé en un 666 vachement plus cool et catchy. En numérologie, c’est également le symbole du nouveau départ. Nous aimons beaucoup jouer avec le sens des mots, des concepts et leurs significations. Je trouve cette association assez belle et totalement pertinente lorsque tu étudies le processus de création de ce disque et son histoire, qui nous est personnelle. Nous dévoilons et détruisons les mythes pour repartir sur de nouvelles bases plus saines. 

Comme à l'accoutumée, vous avez continué à proposer une multi-sortie entre labels de renom, à savoir Vendetta Records, Specific Recordings, Duality Records et Neutral Records. Pouvez-vous nous présenter en tant que chaque membre impliqué, votre choix délibéré et stratégie de distribution des plus atypiques en pleine crise de disque malheureusement persistante ?
Nous n’avons ni ambition ni stratégie. Nous voulons simplement réunir les bonnes personnes au sein de ce projet qu’est LOTH. Nous sommes très heureux de compter sur le soutien de Stefan Klose et Vendetta Records depuis l’album « Apocryphe ». Specific Recordings est le label de Flo, (au chant dans LOTH) et Jennie (qui travaille à la Face Cachée) qui sort les versions vinyle de nos albums depuis le début. Duality Records et Neutral Records sont de jeunes labels de la région dont on apprécie la démarche et les sorties, ça nous paraissait évident de leur proposer une collaboration sur ce nouvel album. On est très heureux que tout ce petit monde se retrouve associé à notre musique.

En sachant que le label finlandais The Sinister Flame a récemment célébré le trentième anniversaire de la mort d'Euronymous (10/08/1993) avec la sortie du Tribute To Euronymous « A Sinister Hail To The King » (version vinyle exclusive), quelle est la part d'inspiration de cette essence originelle du black metal à travers l'œuvre complète de LOTH ?
On a tous écouté MAYHEM à un moment donné de nos vies, évidemment. Mais ce n’est pas forcément l’influence qui dirige la composition au sein du groupe. LOTH a démarré comme un projet très versé dans le black atmosphérique de WYRD à HAIVE en passant par HYPOTHERMIA mais qui a ensuite évolué au fil du temps et des changements de line-up. A partir du moment où nous avons décidé de faire des concerts et d’inclure d’autres personnes au duo originel, plus rien ne pouvait être pareil. Aujourd’hui, notre musique se nourrit de nombreuses influences, black metal ou pas. 

Il se trouve qu'un membre du groupe co-gère professionnellement le plus important disquaire indépendant et multi-activiste réputé en terre lorraine, La Face Cachée. Pouvez-vous nous présenter précisément ses différentes tâches académiques et diverses branches artistiques ?
C’est ce qu’on disait plus haut, la musique fait partie de nos vies à tous. Il se trouve que Flo travaille à la Face Cachée et c’est plutôt pratique quand on doit sortir un disque, évidemment. Le magasin existe depuis 19 ans, héberge plusieurs labels, organise des foire aux disques dans la région de Metz, Nancy et à Luxembourg, et des concerts également en plus des expositions qu’il héberge en ses locaux tous les deux mois. C'est un chouette lieu qui apporte beaucoup à la ville de Metz.

Vous jouerez le 21 octobre prochain à Metz en première partie d'un plateau en argent massif composé de NOSTROMO, CONJURER et donc LOTH, dans le cadre atypique des Trinitaires. Dans le cadre de votre release-party, comment appréhendez-vous ce rendez-vous essentiel en cohésion de groupe si soudé devant votre fidèle fan-base locale ?
On est toujours très heureux de jouer à Metz, c’est un moment à chaque fois très particulier pour nous. Comme on essaie de se limiter à un concert annuel dans notre ville, c’est un moment que nous attendons avec impatience à chaque fois. Plus qu’une fan-base, on n’est pas WATAIN non plus, c’est devant nos copines et nos copains qu’on aime jouer.

Votre chanteur et auteur est également très ancré dans la scène hardcore metal avec son autre projet parallèle et antérieur A DEAD FOR A MINUTE. Comment accueillez-vous en toute intégrité, cet apport crossover complémentaire à l'instar d'un groupe comme MANTAR au sein de votre quintet artistique ?
On a tous eu des expériences en lien avec d’autres styles musicaux que le black metal. Que ce soit avec LES SIOUX, LE SEUL ELEMENT, STRONG AS TEN, MY LOVELY UNDERGROUND ou YELLOW KING, que ce soit avec OURK, OI BOYS ou TIMÜT, nous nourrissons notre musique dans LOTH avec cette somme d’influences que nous acquérons dans nos autres projets musicaux respectifs. Cette porosité musicale nous apparaît comme totalement naturelle et naturellement totale.

En conclusion, comment entrevoyez-vous à présent tant l'avenir individuel que collectif en tant qu'entité solide et indépendante au sein de la scène black metal hexagonale au vu de l'effervescence activiste de celle-ci : DEATHSPELL OMEGA, DELUGE, SETH, GORGON, REGARDE LES HOMMES TOMBER et BLUT AUS NORD pour les groupes ainsi que Debemur Morti, Noevdia, Les Acteurs De L'Ombre, Norma Evangelium Diaboli et Necrocosm pour les labels ?
Du fait de nos backgrounds respectifs, on ne s’inclut pas vraiment dans une scène ou une autre. Notre premier concert s’est fait dans un squat à Strasbourg avec des groupes de techno. On alterne souvent les concerts dans les scènes punk et métal, on va et vient au gré de nos envies et on n’a pas l’impression de s’inscrire dans un mouvement de pensée ou une famille musicale particulière. On préfère largement être libre et indépendant de ces choses-là.

Blogger : Charles CesÂme Zampol
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Charles CesÂme Zampol
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