22 septembre 2023, 17:41

CANNIBAL CORPSE

"Chaos Horrific"

Album : Chaos Horrific

Le roi des rois CANNIBAL CORPSE avec une couleur absolue, celle de l’outre-gore, en un modeste hommage à l'outre-noir du français Pierre Soulages, se définirait tel un rouge écarlate d'un sang frais et épais disponible soit par zombification à la demande soit par éviscération à la coupe. Nous revenant d'entre les morts-pendants comme il y a déjà 35 ans de carrière archivée (1988-2023), plus sanguinolent, prégnant et insolent qu'auparavant, et d'une offrande permissive à une pépite successive, le vaisseau amiral américain, étoile scarifiée au panthéon du gore brutal/death-metal, débarque brutalement à bon port. D'une violence (technique) inimaginable avec du recul, il n'en démord point de rancune et reste sur ses gardes, toujours en passe de trépaner musicalement, toute forme d'opposition, de rébellion et de concurrence intempestive, aussi minime soit-elle en somme. 

Rivaliser avec le maître invétéré du genre n'est pas une discipline aisée tant l'oppresseur boucher de son état est hors compétition au possible. Ce mastodonte maligne à l'extrême est un mythe originel du death-metal américain triomphant, conquérant et sans compromissions à l'image impactante de ses frères d'arme INCANTATION, KATAKLYSM, IMMOLATION avec qui de nombreuses tournées communes ont été furieusement partagées ensemble. En une seizième barbarie auditive monstrueusement livrée avec sa pochette révulsante, l'imagerie boucherie sur lit de zombies fait toujours recette avec une pochette de Vincent Locke (33 ans de fidélité exclusive au compteur sans écouter un titre d'après la légende entretenue par l'illustrateur) précocement censurée (souvenez-vous du slogan "parental advisory explicit content" qui a pourtant contribué à leur succès international colossal) pour l'occasion au vu de son prétendu réalisme affiché.

Ce mur du son irremplaçable puissant et implacable si inaudible pour les néophytes désincarnés mais si plausible pour les troglodytes incarnés, définit viscéralement sa signature intemporelle et immémorielle. Jugez plutôt les ignobles vermines instrumentales déployées à travers "Blood Blind", "Summoned For Sacrifice" et "Fracture & Refracture" qui pullulent de breaks désarticulés, de riffs vertigineux et de mid-tempo lunatiques en boucles saccadées, accentuant le phénomène déstructuré mais maîtrisé à la perfection. Comment supporter davantage de moribonds titres sublimés par tant de maîtrise à la non-traîtrise, d'audace à la non-redondance et de perfection à la non-répétition ? S'appeler SIX FEET UNDER involontairement nous présumons au vu du grassouillet dreadlocké vicieusement non-sevré sans bornes.

A l'orée de ce terrifique nouveau chef-d'œuvre d'ordure tellurique, le bien amputé et pansé au préalable « Chaos Horrific », on plonge dans un poisseux marécage métaphorique, irradié de par les pores infectés en un brise-nuque fatal de fin du monde spectrale et d'autophagie fœtale consommés en un fin banquet cannibale de surcroît. Cupide en richesses acidulées et généreux en peluches câlinées comme personne, George Fisher (du cimetière fossoyé d'en face d'un voisin démembr), a finalement trouvé un temps mort entre deux tournées en sortant son projet personnel CORPSEGRINDER (2022). Il est spontanément paru juste avant les sessions d'enregistrement de ce nouvel album toujours épaulé par Erik Rutan, second guitariste qui compose d'ailleurs brillamment avec eux depuis l’infamant « Violence Unimagined » (2021). CANNIBAL CORPSE où l'Armagoreddon d'un sacrifice férocement humain au vice fidèlement inhumain...

Blogger : Charles CesÂme Zampol
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Charles CesÂme Zampol
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