30 octobre 2023, 19:28

DORO

"Conqueress - Forever Strong And Proud"

Album : Conqueress - Forever Strong and Proud

Elle pourrait vivre de 40 ans de royalties et se dorer la pilule sur une plage de Floride, mais ce serait mal connaître la dame que de l’imaginer ainsi. Doro Pesch, qui fête ses 40 ans de carrière est destinée à mourir sur scène le poing brandi, telle une guerrière sur le champ de bataille, et en cette fin d’année elle dépose devant nous le nouvel album de son groupe, « Conqueress - Forever Strong And Proud ».

Des fois ne pas avoir de surprise est une bonne surprise. DORO, le nom choisi par la Metal Queen pour son groupe quand il lui a fallu laisser celui de WARLOCK, défend depuis des décennies une seule voie et voix, celle du heavy metal, huileux et guerrier, tel que le lui ont enseigné ses professeurs JUDAS PRIEST et ACCEPT. "Children Of The Dawn" apporte des riffs fédérateurs, rythmique entêtante et chœurs chaleureux. La Reine avec sa voix de prophétesse délivre son message de paix fraternelle universelle, et ça fait un bien fou tellement c’est bien réalisé. On retrouve ses repères, on est dans sa zone de confort, les délicieuses années 80, débridés avec ses soli ultimes qui brillent au travers du "Fire In The Sky". En 2023 l’esprit du WARLOCK nous possède encore.

Si Doro vénère ses maîtres, ceux-ci savent le lui rendre. Le grand prêtre Rob Halford en personne vient l’accompagner sur une reprise de "Living After Midnight", les deux comparses y sont très en voix, complémentaires et puissantes. Les guitares dépoussierent le classique et le font briller des milles feux de la passion du genre. Dans sa générosité Doro retrouve plus tard Rob pour la cover "Total Eclipse Of The Heart" de Bonnie Tyler. En résulte un slow hard rock définitif qui peut figurer sans rougir au côté de ceux de SCORPIONS. Et Rob y fait tout sauf de la figuration, il lâche complètement ses organes... vocaux. J’ai retrouvé mes 17 ans et j’ai invité ma compagne à danser sensuellement avec moi. Autre morceau à la rythmique martiale et aux riffs graisseux, "All For You" permet au groupe DORO d’exprimer toute sa Pesch. Rapide et énergique, cela me remémore le plaisir que j’ai à défendre les musiciens authentiques, quelques soient leurs époques et styles de prédilection.

"Lean Mean Rock Machine" nous fait vibrer à la façon d’un moteur de Harley, avec ses accélérations de guitares et ses changements de vitesses de batterie, la Reine menant sa meute mécanique dans une course débridée où les cordes crissent, grondent et hurlent. "I Will Prevail" poursuit sur un metal tango qui en rappelle un autre de jadis. DORO délaisse un peu le côté princesse guerrière de la chanteuse sur le nerveux "Bond Unending", chargé de l’innocence de ses jeunes années, où vient gronder l’excellent Sammy Amara du groupe de punk allemand BROILERS. Joli mélange des cultures. Vient ensuite "Time For Justice" qui est un petit peu trop classique, mais l’énergie délivrée fait qu’il est difficile de bouder son bonheur devant une telle débauche de riffs. "Feld in der Brandung", dans la langue maternelle de l’éternelle dame en cuir et clous, est loin d’être figuratif, tout en douceur violonnesque et voix feutrée, c’est le genre de composition que l’on aime entendre pour être bercé "Fur Immer". "Love Breaks Chains" est son pendant en anglais et en plus rock dur.

"Drive Me Wild", on roule en plein hard rock, avec une batterie impitoyable et ses guitares indomptées, guitares qui se lâchent furieusement sur "Rise". DORO avec cet album veut non seulement nous faire plaisir mais également nous rappeler que dans le monde du heavy metal il faut toujours et encore compter sur le groupe (mais j’espère bien). La blonde ne compte pas pour une prune, elle donne le "Best in Me". Depuis 1983, un vrai label de sensualité et force (majeure) garanti. "Heavenly Creatures" ? C’est ce que nous sommes après toutes ces années, à être comblés du metal de la grande prêtresse, un metal fondu et martelé avec passion dans les forges germaniques. Immense est la joie ressentie à l’écoute de ces compositions.

Généreuse jusqu’au bout Doro Pesch et son groupe ont pour nous des bonus qui clament leur amour pour le genre et pour leur public, les "Warlocks And Witches". "Horns Up High" retentit tel du MANOWAR féminin, nous en avions besoin dans ce monde de testostérone et de slips en peau de lapin. Excellent hymne aux tambours et riffs sauvages accompagnant le chant retentissant de la Queen. Bercés par les soli langoureux nous sommes tous fiers d’appartenir au clan des "True Metal Maniacs", les amoureux du son graisseux et des basses ronflantes. De la musique qui galvanise, on n’appelle pas ça metal pour rien. De la musique qui apaise tout "Heart In Pain", les soli lèchent les larmes.

DORO qui nous salue avec une reprise de "The Four Horsemen", fallait oser, mais la Metal Queen et ses musiciens ont le talent pour réussir une version féminine burnée.

Encore un album qui a failli passer inaperçu, je suis fier de vous en avoir parlé. Doro tu es mon amour de jeunesse, aujourd’hui tu es un porte-étendard du heavy metal au féminin, toujours forte et fière, oui, tu conquiers nos cœurs. Amour et respect à Toi !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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