20 octobre 2023, 23:59

RISE OF THE NORTHSTAR + DEEZ NUTS

@ Lille (Le Splendid)


En pleine tournée promotionnelle de son nouvel album « Showdown », c'est sur la scène du Splendid de Lille que RISE OF THE NORTHSTAR a installé son matériel pour faire le show. En attendant, ce sont les Australiens DEEZ NUTS qui chauffent une salle déjà bien remplie lorsque le trio fait son entrée sur scène. Totalement émancipé des codes du rock australien imposés par AC/DC et ROSE TATTOO au siècle dernier, DEEZ NUTS évolue plutôt dans un style rap-hardcore. Cette première partie est pour eux l'occasion de promouvoir leur sixième album sorti avant la pandémie, « You Got Me Fucked Up », dont le backdrop arbore le smiley. La qualité du son n'étant pas au rendez-vous, DEEZ NUTS ne risquait pas de voler la vedette, ni même de surchauffer un public déjà nombreux dans une salle presque sold-out, le balcon bien rempli étant accessible ce soir.
En dehors du chanteur qui se déplace d'un bout à l'autre de la scène, comme le font classiquement tous les MC, le guitariste reste globalement statique. Finalement, à quelques exceptions près, qui pogotent et profitent à fond de la soirée, c'est de manière polie que le public salue la prestation de DEEZ NUTS. Une prestation à laquelle le titre du dernier album aurait parfaitement collé si elle avait été plus longue.


Changement de décor, la scène se transforme pour nous proposer un voyage au pays du soleil levant, à la rencontre des cerisiers en fleur et des lanternes japonaises... Cependant, c'est toutefois sans surprise, loin de ce décor bucolique, que le quintet nous emmène. Si « Showdown » est dans la lignée de l'excellent « The Rise Of Shi », sans pour autant être aussi inspiré, on va rapidement découvrir que sa mise en scène est soignée et percutante, car pas moins de dix chansons de la set-list en sont extraites.
C'est dans une ambiance bleutée que l'intro se fait entendre et débute cette séquence d'une heure et demie qui se révélera d'une rare intensité. Les musiciens de RISE OF THE NORTHSTAR font leur entrée alors que les lumières simulent le soleil levant et c'est sur le tonitruant "The Anthem" que l'empereur de la soirée fait son apparition devant un public déjà survolté. L'enchaînement avec "Showdown" ne laisse aucun doute. La performance sera une épreuve de force et laissera des traces. Ce n'est d'ailleurs pas l'invocation de "Raijin", le dieu du tonnerre et des éclairs dans la mythologie japonaise qui va calmer une ambiance chaotique virant à la folie furieuse.


De retour sur « The Rise Of Shi », le mid-tempo de "Kozo" n'a rien d'une séance studieuse pendant laquelle les élèves prennent soigneusement le cours sur leurs cahiers dont les pages sont fabriquées avec cet arbre traditionnel. Nous sommes clairement à des années-lumière de ce Japon laborieux et discipliné, mais plutôt dans la lecture d'un conte maléfique qui s'empare des esprits pour les mener vers une folie collective. Avec "Shogun No Shi", il va sans dire que le chef de guerre n'est pas mort et que dans la salle c'est tout simplement une bataille. À cet instant, il ne fait aucun doute que si une explosion doit se produire, c'est bien ici qu'elle aura lieu. En attendant, "Here Comes The Boom" fait office de métaphore. Quand on navigue dans l'univers du manga, il est difficile de passer à côté du procédé narratif "Nekketsu", qui ne semble pas vouloir calmer les ardeurs d'un public toujours aussi survolté. Si sa densité ne permet pas de s'adonner à des rodéos "bosozoku", les pogos, circle-pits et slams incessants sont un substitut bien plus adapté à la situation. Lorsque "Welcame (Furyo State Of Mind)" est joué, la fureur qui règne dans la fosse donne l'impression d'assister au défoulement d'une bande de jeunes marginaux au grand cœur.


À mi-chemin, "The Awakening" assure une sorte de transition en marquant une courte pause, mais le public n'a clairement pas besoin de s'éveiller. Il l'est tellement que la furie ne redescend pas et que la température ressentie est celle d'un sauna. Si "Third Strike" représente une nouvelle attaque, on ne cherche pas à compter puisque depuis le début on a l'impression d'assister à une sorte de blitzkrieg nippone qui jusqu'au rappel va enchaîner les titres de « Showdown ». "One Love" n'est clairement pas une ballade langoureuse où l'on se love dans une étreinte exclusive avec son voisin ou sa voisine, mais plutôt l'orgie furieuse d'un "Clan". En continuant avec "Crank It Up", on a du mal à savoir comment le public, comme le groupe, va pouvoir mettre le turbo puisque tout le monde est à fond depuis le début, et ce n'est pas "Golden Arrow" et "Rise" qui terminent le set, qui viennent démentir cette excitation collective. Quand le groupe se retire, l'ardeur du public ne redescend manifestement pas puisqu'il en redemande avec une ferveur surhumaine. De retour pour interpréter "The Legacy Of Shi", nous assistons à un wall-of-death d'anthologie avant de mettre un point final à cette chaude soirée avec "Again And Again".

Avant de définitivement quitter la scène, les membres de RISE OF THE NORTHSTAR échange un long moment avec son public qu'il remercie pour la chaleur de son accueil. Cela peut être aisément compris, car transformer l'atmosphère du Splendid en celle d'une serre tropicale un 20 octobre dans le Nord de la France prouve l'intensité de la dépense d'énergie.

Photos © Fred Moocher (concert de Toulouse)

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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