12 novembre 2023, 23:59

STRAY FROM THE PATH + MAKE THEM SUFFER + VOID OF VISION + KNOSIS

@ Paris (La Machine du Moulin Rouge)

La météo particulièrement humide de ce mois de novembre n’a pas fait fuir le public nombreux qui attend avec impatience l’ouverture imminente des portes de la Machine du Moulin Rouge à Paris. C’est une belle affiche en ce dimanche soir et de belles promesses avec STRAY FROM THE PATH en tête d’affiche, précédé en première partie par les Australiens MAKE THEM SUFFERVOID OF VISION et le groupe japonais KNOSIS.
Le dernier passage en France des Américains STRAY FROM THE PATH date de cet été lors du Hellfest et celui-ci avait été plus que remarqué et apprécié. VOID OF VISION et MAKE THEM SUFFER n’étaient, quant à eux, plus venus sur notre territoire depuis la période de COVID. C’est une première pour KNOSIS, une formation japonaise toute récente mais pas vraiment pour leur chanteur, loin d’être un débutant de la scène core... Cette tournée est l’occasion pour STRAY FROM THE PATH de défendre en Europe son dernier album sorti il y a déjà un an mais sur un plateau dont ils sont enfin la tête d’affiche.

La Machine du Moulin Rouge est une salle que j’apprécie de plus en plus pour les concerts de metal et en particulier quand il s’agit de hardcore. Malgré ses nombreuses marches qui peuvent vite être dangereuses quand on transporte une boisson (ou plus), ou que l’on veut rejoindre quelqu’un dans le pit, il faut avouer que sa conformation en entonnoir avec les côtés surélevés, la scène en hauteur et bien éclairée et le pit bien délimité sont plus qu’agréables pour que chacun puisse profiter sans trop se gêner. Les concerts de hardcore ou de deathcore étaient un peu trop souvent relégués dans des salles peu adaptées à Paris, mal sonorisées et peu confortables pour le public, autant dire donc que j’apprécie.

Malgré un plateau de 3 groupes avant STRAY FROM THE PATH, le public est déjà plutôt nombreux quand le set de KNOSIS commence, de manière inattendue et mystérieuse par des chants en japonais, a capella, dans le noir. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et là je suis encore plus perplexe. Le groupe arrive enfin sur scène et entame sa première chanson dans un style qui oscille entre un metalcore plus qu’énervé, du hardcore et des influences hip-hop, trap ou industrielles. KNOSIS est une surprise mais une excellente surprise, je suis complètement séduite par la musique du groupe et la richesse de ses styles, son jeu de scène énergique et déjanté et une bonne humeur qui contamine très vite le public.

Les membres sont ravis d’être sur la scène parisienne malgré ce set très court et ils le font savoir à de nombreuses reprises au public qui le leur rend très bien. J’ai rarement vu une toute première partie convaincre autant et chauffer de cette manière la salle. Si KNOSIS semble tout nouveau, ses musiciens ne sont en réalité pas inconnus de la scène core. En effet, il s’agit du tout nouveau projet de Ryo Kinoshita, l’ancien chanteur du génial groupe de metalcore/deathcore japonais CRYSTAL LAKE. Celui-ci avait annoncé son départ l’an dernier avant de former ce nouveau groupe dont les quelques premières chansons sont produites avec The Hideouts Studio. Plutôt qu’un groupe, le projet est présenté comme une collaboration entre Ryo et le studio et la suite est encore un peu mystérieuse.

Leur set me laisse un inévitable sentiment de trop peu, mais ils n’ont pour le moment que quelques chansons éditées. Ils m’auront également conquise avec une incroyable reprise de "March Of The Pigs" de NINE INCH NAILS. Le bassiste est complètement survolté, Ryo possède une richesse de chant clair, saturé ou rappé incroyable, l’ensemble est surprenant mais efficace. Un sans-faute donc pour KNOSIS et on l’espère, un album à venir pour Ryo prochainement !


Après une courte attente, VOID OF VISION monte sur scène pour présenter le deuxième set de la soirée. Le groupe de metalcore existe depuis 2013 et compte déjà trois albums studio à son actif. Son style oscille continuellement entre un metalcore très classique et une vibe goth-indus et electro qui lui donne une couleur très particulière. Jusque dans le look, il y a quelque chose de très gothique qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir sur la scène core. Malgré une bonne énergie et des fans visiblement ravis de les revoir sur scène, ils ne parviennent pas à déclencher le même engouement que KNOSIS. L’agitation du pit retombe un peu. A mon sens, KNOSIS est une fausse toute première partie, quand on sait le passif de son chanteur Ryo, et VOID OF VISION peine un peu à prendre la suite.

Je suis moins fan du metalcore du groupe que je trouve un peu moins riche et moderne. Les mélodies sont plus basiques, la structure assez classique et ça manque à mon goût de breaks un peu violents. Je ne suis pas non plus très fan du scream du chanteur en live que je trouve un peu plat. Il semble également y avoir des samples pour accompagner le groupe mais on peine à les entendre. Enfin, je dois avouer que je suis un peu perplexe quant à la direction artistique et le look choisi pour VOID OF VISION. Si tout le monde est accordé, c’est quand même un peu kitsch et pas très travaillé. C’est dommage parce que le chanteur est incroyablement énergique et communicatif. Un deuxième set donc en demi-teinte, qui m’a moins convaincue.


MAKE THEM SUFFER prend la suite, au moins aussi motivé que ses précédents camarades. Le metalcore des Australiens me parle un peu plus, je les écoute de temps en temps, je les vois pour la première fois en live mais j’ai été pleinement convaincue. La formation existe depuis 2008 et son dernier album studio date déjà de 2020. Ils ont sorti un single au printemps 2023, "Ghost Of Me", et on peut supposer un prochain album courant 2024. MAKE THEM SUFFER a vu sa formation évoluer à de nombreuses reprises au cours des dernières années, mais on apprécie de voir une femme au clavier et au chant clair parmi eux. Le metalcore de MAKE THEM SUFFER est plus mélodique voire quasi deathcore symphonique sur pas mal de morceaux.

On a une belle richesse de voix entre les chants clean et saturés de la claviériste et du chanteur. Le groupe est super énergique et occupe très bien la scène, le public dont l’agitation était un peu retombée, s’anime à nouveau. Il y a aussi quelque chose de très positif qui émane du groupe et qu’il transmet très bien au public. J’aime beaucoup les passages en voix claire de la claviériste Alex Reade qui apportent vraiment quelque chose en plus aux chansons. MAKE THEM SUFFER parvient à délivrer un metalcore puissant, moderne, riche avec un très bon groove. En un mot c’est efficace et vraiment très plaisant à voir et écouter !

La soirée atteint enfin son apogée avec l’arrivée tant attendue de STRAY FROM THE PATH. Leur hardcore-punk est une valeur sûre qui promet de déchaîner le public avec leur groove incroyable, emmené avec force par leur chanteur Andrew Dijorio dans sa fameuse salopette. STRAY FROM THE PATH c’est le combo réussi d’un punk indémodable et énergique avec un hardcore plus moderne et furieusement violent. Il est clairement déconseillé d’aller dans le pit si on n’est pas prêts à se faire franchement bousculer. Sans être dans l’atmosphère parfois trop viriliste et bêtement combative des pits du hardcore, un concert de STRAY FROM THE PATH ce n’est pas de tout repos. Ils l’ont de nouveau prouvé ce soir avec une prestation parfaitement rythmée, parsemée de quelques morceaux les plus appréciés des précédents albums et une bonne partie de ceux du dernier, « Euthanasia ».

La scène est sobrement décorée d’une guillotine. J’avoue que je suis un peu déçue parce qu’il n’y aura pas d’interaction particulière avec cette guillotine. Non pas que je souhaitais un show à la Alice Cooper, mais de ce fait, on se demande un peu ce qu’elle fait là. Je suis malgré tout loin d’être déçue par le set. C’est violent, c’est efficace, on a envie de bouger avec eux, le public jusque là un peu sur la retenue parfois, se permet de monter sur scène et slamer. J’ai apprécié d’entendre "Goodnight Alt-Right" de l’album « Only Death Is Real » et "Fortune Teller" tiré de « Internal Atomics ». Je suis un peu déçue par contre de ne pas avoir eu droit à un "Kickback" qui dégage pourtant une énergie incroyable. Andrew communique beaucoup avec le public qui le lui rend bien et il termine le set sur les rotules, littéralement.

Un concert malgré tout un peu court, surtout pour une tête d’affiche. On leur pardonne, parce qu’ils ont vraiment tout donné. Ainsi, ils concluent une excellente soirée, oscillant entre metalcore et hardcore pour mon plus grand plaisir, avec beaucoup d’énergie, très propre musicalement et une atmosphère très positive dans le public !
 

Blogger : Amandine Moonbaast
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