Oui, j’avais de l’appréhension à l’idée d’un concert de OOMPH! avec un nouveau chanteur. Mais comme j’ai aimé le dernier album, que je suis un fidèle du groupe depuis 25 ans, alors direction la Laiterie.
19h45. BOSE FUCHS & SLY a la charge de chauffer la salle pendant une demie-heure. Véritable bande "aus Berlin", comprenez audacieuse, nous découvrons un dark electro metal, avec un duo de chanteuses, complémentaires, symphoniques et growleuses, aux accents parfois orientaux. Plutôt chouette et entraînant. Les Guitares sont assez djent-ies. Et il y a cette batteuse, épaisse comme une mouette bretonne hors saison touristique, mais sacrément talentueuse. Parfois le groupe se livre à des passages metalcore très énervés nous faisant bien sauter comme des gosses. On se croit en terre dark-metal, puis on dérive vers de l'electrocore joyeux avec la reprise "Hypa Hypa" d'ELECTRIC CALLBOY. Le public, aux trois quarts allemand est plus que ravi. Un concert qui ne laissera pas indifférent, un excellent mélange des genres. Je suis curieux de voir ce que deviendra BOSE FUCHS dans un futur proche. Le potentiel est palpable derrière un jeu encore légèrement timide.
A 20h40, la salle s’est remplie et le public est bien chauffé. Les héros de la soirée sont appelés à l’unisson, ce qui dissipe mes craintes de la dispersion des troupes suite au départ récent du chanteur charismatique Dero Goi, et son remplacement sur le dernier album par un inconnu pour la plupart, Der Schulz. Pour étayer mes craintes, niveau visuel imaginez que l’on remplace Till de RAMMSTEIN... par votre serviteur.
Andreas Crap et Robert Flux prennent position avec leurs guitares, accompagnés d’un Daniel Schulz tout sourire. Emballés dans de vastes manteaux de fourrure ils entament "Soll das Liebe sein?", tiré du dernier album. Un titre electro-indus bien senti pour faire groover directement le public. Mission accomplie pour le démarrage. Der Schulz a un jeu de scène propre à lui-même, assez narquois et tout en gesticulations, qui complète bien les poses des deux guitaristes plutôt monolithiques. Derrière eux, les claviers, batteur et bassiste assurent le soutien sonore avec précision. On tombe les vestes, la chaleur monte. On embraye avec "Träumst Du", titre plus ancien qui ne dénote pas avant "Richter und Henker", extrait phare de l’album éponyme de la résurrection de OOMPH! Album dont 6 chansons le représenteront. Les riffs sont délicieusement agressifs, et avec le chant profond le rendu est du pur neue deutsche harte, la cause du groupe à la Laiterie est donc toujours acquise.
C’est le moment d’une grosse prise de risque. Après une reprise de "We Will Rock You", OOMPH! envoie son cultissime "Labyrinth", toujours aussi catchy et metal, sur un chant que Der Schulz s’approprie magnifiquement. Il assure le bougre... je vais revoir mon hypothèse, ma blague d’œuvrer dans la bande à Lindemann. Un peu de pop énervée avec "Bis der spiegel zerbricht", de la hard-tekno sur "Mein Herz", et on part pour un autre hit du dernier album, de l’indus hyper mélodieux aux pistons giclant du metal bien huileux. Tout naturellement, dans la set-list s’insère "Sandmann" aux riffs entêtants et au refrain puissant interpellant chacun sur le prix de son innocence. "Jede Reise hat ein Ende" ou encore "Brennende Liebe" où Der Schulz se fend d’un sympathique solo, puis "Wem die Stunde schlägt" balance son metal groovy et gothique à la manière d’un Rob Zombie issu de germain. Arrive un moment clé, celui où OOMPH! va exécuter "Gott ist ein Popstar", chanson canonique sans jeu de mot. Je peux vous affirmer que le déchaînement du public reflète à quel point Der Schulz fait sien le répertoire de son prédécesseur. La jouissance du refrain repris en chœurs par tous et toutes est d’une jouissance totale. On rebondit sur une nouveauté "Schrei nur Schrei", et c’est bien vu pour vendre le nouveau concept, car c’est du pur entertainment.
Un moment de techno obsédante... OOMPH!, ne l’oublions pas, est un rejeton rebelle du second summer of love, puis on danse sur l’electro-pop de "Kleinstadtboy", subtile relecture musicale de BRONSKI BEAT dans une langue Goethe-ique. Après un industriel "Mitten ins Herz" sans concession, les Allemands offrent un premier final à couper le souffle avec "Augen Auf".
Un rappel ? Evidemment. Ce sera le romantique "Alles aus Liebe", tout de miel et synthés enrobé, puis un instant de communion solennelle sur "Niemand", un titre que j’affectionne particulièrement pour sa puissance de riffs contenue et son refrain mélancolique.
Mission plus qu’accomplie pour un OOMPH! 2.0, car j’ai découvert un excellent chanteur, trop précipitamment jugé. Mille pardons, Der Schulz.