
Evidemment, lors de l’annonce d’une sortie de DIMMU BORGIR, on s’attendait à du nouveau son. Evidemment, nous aurions préféré un successeur à « Eonian », excellent mais paru en 2018. Evidemment, notre cœur s’est serré quand nous avons découvert que l’album à venir en question était en fait uniquement composé de reprises. Le deuil de nouveauté réelle étant fait, il faut avouer que ce « Inspiratio Profanus » est quand même une belle surprise. Il se compose de huit reprises de chansons qui ont influencé le groupe et ont marqué ses 30 ans de carrière. Mais ce sont également des morceaux qui sont devenus finalement emblématiques de DIMMU BORGIR, en plus de leurs initiateurs. Pourquoi ? Tout simplement parce que les boss du black metal symphonique norvégien n’ont pas d’égal pour interpréter de façon enchanteresse des chansons qui ont une toute autre saveur à l’origine. Alors oui, tous les titres sont disponibles en bonus ou face B des albums précédents mais il faut avouer que les avoir tous regroupés dans un joli packaging en plus, c’est une riche idée. Alors qu’est-ce que l’inspiration profane leur a-t-elle soufflée ?
L’album commence avec bien sûr la reprise de "Black Metal" de VENOM, morceau iconique et précurseur d’un style qui saura s’approprier les codes d’un metal violent et sombre, tout en en faisant évoluer sa mise en œuvre. C’est bourrin, c’est thrash, c’est sale, c’est 80’s mais c’est monté à la sauce DIMMU BORGIR. Le black metal tient peut-être sa recette dans cette reprise finalement.
S’ensuit "Satan My Master" de BATHORY pour rester dans l’idéologie satanique et dans ce qui fait la base du black metal, aussi bien dans le fond que la forme. Sa place après VENOM est donc tout à fait adéquate. Morceau court, efficace, sans concession, comme l’original, en plus retenu vocalement peut-être.
Le morceau indus des controversés américains G.G.F.H, "Dead Men Don’t Rape", nous emmène vers un monde beaucoup plus déjanté, tout aussi sombre mais décalé. Le gros côté electro mêlé à du symphonique en font un titre assez dérageant mais intrigant. C’est ensuite au tour de "Nocturnal Fear" de CELTIC FROST d’être repris. C’est une autre grande influence de DIMMU BORGIR et il n’est donc pas étonnant qu’ils se soient confrontés à un de ses morceau. Ici, le côté glacial, incisif et rapide en fait la fondation du black metal joué par le groupe.
Le beaucoup plus entraînant et mélodique "Burn In Hell" de TWISTED SISTER, avec les voix growlée et claire en alternance, nous montre une version black metal très personnelle et représentative de DIMMU BORGIR, tout en gardant la folie TWISTED SISTER. Un incontournable de la scène également. Plus classique, la reprise de "Perfect Strangers" de DEEP PURPLE, bien sûr très rock, aux claviers typiques mais à nouveau totalement appropriée par DIMMU qui en fait un morceau des plus envoûtants avec une orchestration impressionnante de puissance.
Pour faire craquer nos petits cœurs de metal, l’album se "termine" par "Metal Heart" du heavy metal d'ACCEPT. Cette version a toujours été des plus inspirées grâce aux plages symphoniques des claviers, tout en conservant les guitares heavy et l’énergie initiale. A nouveau, c’est un must souvent joué en live, ce qui montre l’engouement d’un public acquis à la cause black et à la cause heavy.
En fait, ce n’est pas vraiment la fin de l’album car « Inspiratio Profanus » se clôture vraiment par une deuxième version de "Nocturnal Fear" de CELTIC FROST. Bon, pourquoi pas ? Il n’y a rien à redire à cette version mais un autre morceau, même du même groupe, aurait peut-être été plus appropriée pour une fin d’album. Chacun se fera son opinion.
On peut dire donc, que sans présenter quelque chose de nouveau, DIMMU BORGIR tient le pari de nous offrir un bon album pour cette fin d’année. Les fans aimeront le fait d’avoir toutes les reprises sur un même support et d’autres redécouvriront peut-être des versions différentes de leurs chansons préférées. Bref, c’est un album pour tous et il mérite d’être accueilli chaleureusement. Ce qui n’empêche pas l’impatience d’une nouvelle production. A bon entendeur...