THERION vient de vous livrer « Leviathan III », sa trilogie est terminée. Je suis fan depuis longtemps alors je me précipite sur l’écoute du monstre jaillissant des mers du nord...
"Ninkigal" arrive en lâchant toute la forces de son propos, sur un son heavy à souhait et une batterie sauvage, une multitude de voix envahissent l’espace, comme autant de divinités nordiques. S’en suit une accroche à la guitare sèche avec une voix cristalline, voilà l’entrée en matière de "Ruler Of Tamag", avant qu’une charge de riffs et de chœurs puissants n’interviennent et vous propulsent hors du temps. Pas de doute nous sommes en train d’écouter un album de THERION. Christofer Johnsson est toujours ce génie à la folie sans limite, et on se régale de ses explorations sonores. Le bougre ne se repose jamais sur ses lauriers, véritable prêtre de l’audace, il surfe royalement avec "An Unsung Lament", offrant pendant près de 7 minutes, un rythme qui vous fait d’abord vivre après minuit, puis vibrer dans un immense écho baroque, tout en déroulant dans ses breaks une contemplation symphonique empreinte d’une douce mélancolie.
Si on peut regretter parfois des longueurs qui éclipsent la puissance, on se plaît à toujours revenir au juste moment dans le giron métallique. On apprécie également immédiatement THERION dans ses chansons plus courtes, "Maleficium" galope, rage et tempête autour de la voix sublime de la diva Lori Lewis. "Baccanale" est un titre frère, dans sa durée, son riff offensif, mais il diverge dans sa rythmique qui est très groovy et illumine avec originalité le duo de voix symphoniques. "Ayahuasca" voit l’autre voix de cet album, le ténor Thomas Vikström, porter plus en avant son chant, sur des riffs et des rythmes impériaux. C’est un morceau qui a l’allure d’une fresque épique, un décor grandiose et piqueté d’éléments psychédéliques, à la mesure (ou démesure) de la folie de Christofer, vous pouvez visualiser aisément le rendu. "Midsommarblot" est presque trop classique à côté, avec ses soli tricotés, ses chœurs d’elfes et ses cuivres solennels. Pour sa part, "What Was Lost Shall Be Lost No More" s’offre à vous tel une ballade gothique glissant tranquillement sur la voix de velours de Lori. Mais s’agissant de THERION c’est loin d’être de la musique anecdotique.
Le dernier tiers de l’album repart sur les chemins du déroutant. Ambiance guitare et chant flamenco avec "Duende", que THERION, avec le chant fort de Thomas, revisite façon flamme and Co. Grâce hispanique et puissance viking. "Nummo" est incroyablement court, le rythme est rapide, une batterie à la manière de HELLOWEEN, et les guitares qui virevoltent joyeusement autour des chanteurs, c’est plein de fraîcheur. "Twilight Of The Gods" est le final tout évident pour cette œuvre, Lori s’impose à nouveau dans son rôle de Casta-fjord, Thomas remue ciel et terre avec ses cordes vocales, la rythmique s’offre de belles envolées, nous baignons dans une succession d’atmosphères, lyriques, guerrières et martiales, on retrouve même la touche groovy insolente par moments. En bref une conclusion parfaite, à l’image du propos musical de l’artiste qu’est Christofer, sans limites.
THERION a achevé une trilogie qui se révèle magistrale, pouvions-nous en douter ? « Leviathan lll » résume également l’ensemble de l’œuvre du groupe, c’est à dire une volonté d’aller toujours plus loin dans l’audace. Avec THERION le terme pachydermique revêt une texture bien plus subtile que le mentionne le dictionnaire. Oui avec Christofer les mammouths peuvent voler.