27 février 2024, 17:55

Ihsahn

"Ihsahn"

Album : Ihsahn

Ihsahn est un génie : musicien autodidacte, surdoué et ultra créatif, il livre avec son ambitieux huitième album éponyme sa vision d’une musique avant-gardiste autant inspirée par le metal extrême que par l’approche symphonique des musiques de film. Pour se compliquer la tâche, l’artiste a travaillé sur la création de deux volumes en parallèle. Le premier est la version metal de l’album tandis que le deuxième en est son pendant orchestral. A savoir que ce sont deux volets bien distincts et qu’Ihsahn a composé toutes les partitions de chaque instrument, sans l’aide d’un arrangeur. Complètement différente de la version metal qui nous intéresse ici, la facette orchestrale ressemble nettement plus à la bande originale d’un long métrage, et si l’on admire le travail du maitre, on n’y retrouve pas la dichotomie présente sur le premier disque et elle sera plus à réserver aux amateurs de musique de film, de musique classique, voire de « Pierre et Le Loup »…

Car Ihsahn est passé maître dans l’art de marier les tensions du black metal avec des influences progressives et des nappes orchestrales, de passer sans transition de ses cris d’écorché vif qui font froid dans le dos à sa voix claire enjôleuse. Difficile à appréhender pour les novices, ceux qui suivent sa carrière solo seront envoutés par cet album qui joue avec nos nerfs, dans un équilibre parfaitement maitrisé entre violence brute et délicatesse ouatée. Clairement divisé en deux parties, après l’intro instrumentale "Cervus Venator", l’album s’articule autour d’un autre court morceau symphonique, "Anima Extraneae" qui sert de transition entre la première moitié du disque nettement plus virulente ("The Promethean Spark", qui attaque dans le vif du sujet, "Pilgrimage To Oblivion", où le black metal de l’artiste atteint un sommet d’agressivité, "Twice Born" au rythme frénétique, avec cette sensation de course contre la montre et le faussement calme "A Taste Of The Ambrosia", qui s’achève dans une progression explosive)  et la deuxième moitié aux atmosphères relativement plus apaisées, si l’on peut utiliser ce terme lorsqu’on parle de l’œuvre d’Ihsahn (magnifique "Blood Trails To Love" avec son refrain caressant et mélodique en diable, "Hubris And Blue Devils" et son rythme saccadé instaurant une ambiance rampante et menaçante, le progressif et plus doux "The Distance Between Us" qui n’en demeure pas moins inquiétant, et qui montre toute la richesse de la palette vocale de l’artiste, "At The Heart Of All Things" à l’intro bluesy qui développe ensuite une tension prenante.)

Lorsque l’on s’immerge complètement dans cet album, les images se forment d’elles-mêmes tant le résultat final est parlant. Si le pari d’Ihsahn était de transposer en musique le film qu’il avait en tête, la mission est accomplie haut la main. Même si chacun peut y développer son propre scénario. L’équilibre qui règne entre orchestrations et brutalité, le tiraillement incessant entre orages et accalmies, en fait un album surprenant et haletant de la première à la dernière note. Les deux EP « Telemark » et « Pharos », sortis tous deux en 2020, n’étaient que les prémisses de l’ambition d’Ihsahn de trouver une liberté d’expression et de créativité sans limitation, qui lui permettrait de révéler son art dans son entièreté. En cela, sa carrière solo est exemplaire, loin des carcans que pourraient lui imposer de retravailler au sein d’un groupe comme EMPEROR.

L’album s’achève comme il a commencé, par un court morceau orchestral, "Sonata Profana", refermant ainsi l’histoire qui vient de nous être contée. Pour s’imprégner de cette musique et en déceler tous ses trésors, il faut bien plus qu’une seule écoute. Ce huitième album réclame un investissement certain  de la part de l’auditeur, mais la récompense auditive est à la hauteur des talents du maitre. C’est une œuvre qui murira et grandira encore au fil des mois, car « Ihsahn » est la symphonie possédée d’un esprit qui navigue dans des sphères nettement plus élevées que le commun des mortels.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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