30 avril 2024, 16:07

DJIIN

"Mirrors"

Album : Mirrors

Si le stoner rock psychédélique ne vous laisse pas indifférent, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur DJIIN. Si son univers artistique s’inspire des génies et autres créatures de l'invisible, issues des croyances et traditions sémitiques, il n’en reste pas moins un groupe avec les pieds sur terre. Musicalement, il nous replonge dans les années 70 en proposant un subtile mélange d’influences rétro allants du rock progressif au krautrock, en passant par le doom et le heavy metal de BLACK SABBATH. A cet héritage, DJIIN intègre des influences plus modernes, basées sur le métissage musical entre sonorités traditionnelles orientales et occidentales.

Par conséquent, après trois années écoulées depuis l’excellent « Meandering Soul », l’annonce du retour de ce génie français ne nous a pas laissé indifférents. Impatients de découvrir ses nouveaux récits, nous avions profité de son passage à Lille, à la Malterie, pour avoir un aperçu de ce nouvel album et prendre des nouvelles du groupe. Nous avons eu le plaisir de retrouver une formation soudée et énergique qui développe avec talent sur scène un univers personnel, atypique et envoûtant. Comme à son habitude Chloé Panhaleux, la chanteuse-harpiste, est au centre de l’attention avec sa voix rauque, percutante et charismatique. Une prestation vocale dont les incantations sont transcendées par un trio de choc qui déverse des riffs puissants et saturés, des rythmes tordus et des mélodies psychédéliques. L’expérience DJIIN est l’assurance d’un voyage auditif et visuel assurément pittoresque du fait de l’utilisation de la harpe électrique qui renforcent l’univers ritualiste et mystique du groupe.

Lorsque vous aurez cet album entre les mains, vous pourrez découvrir l’artwork de la pochette réalisé par Maureen Piercy à partir d’une photo de Tom Penaguin (guitariste du groupe). En déposant le disque sur votre platine vous découvrirez ce que reflète ce « Mirrors » intégralement enregistré, mixé et masterisé au Black Box Studio par Peter Deimel.

Si cet album ne renferme que cinq titres originaux, c’est bien d'un album et pas d'un EP dont il s’agît ici. Cinq récits à la fois indépendants et complémentaires. La première partie commence sur une note lumineuse, solaire et psychédélique. Introduite par ''Fish'', seul titre dont la durée est compatible avec un passage radio, l’auditeur est immédiatement happé par le premier couplet qui se développe sur un riff lourd et un chant rauque. Avant d’entamer le second couplet, le refrain propose des chœurs envoûtants qui laissent transparaître la dimension psychédélique du groupe et annonce la seconde partie du morceau où voix et mélodies se répondent avant de se terminer en reprenant le riff du début.

Introduite par un rythme de batterie, la chanson-titre dure près de neuf minutes dans une suite de plans musicaux tout aussi divers que dépaysants. Si le premier riff est puissant et rythmé, il laisse rapidement la place à un chant apaisé qui permet d’apprécier la granularité de la voix de Maureen. Ce premier couplet est entrecoupé d’un gimmick qui lui donne un relief inattendu, suivi d'un second couplet psychédélique introduit par une partie musicale teintée de jazz. Celui-ci s’accélère sur la fin avant de basculer dans une partie instrumentale qui fait la part belle au trio de musiciens formé par Allan Guyomard à la batterie, Tom Penaguin à la guitare donc, et Charlélie Pailhes à la basse. Lorsque la voix refait son apparition pour un ultime couplet, il est difficile de ne pas se dire que la magie qui opère lui permet de voir Janis Joplin se réincarner à travers elle. Le morceau se termine sur un martèlement du riff d’introduction.

C’est sur un joli et envoûtant arpège que débute ''(In the Aura of My Own) Sadness''. S’il annonce la tristesse, la première partie permet à la chanteuse de raconter l’aura qui est la sienne dans une ambiance musicale apaisante. Elle se termine sur une partie chantée qui sert de break avant une seconde partie instrumentale endiablée qui se termine sur une sorte d’halètement. Ayant repris son souffle, cette partie du titre se poursuit sur un superbe passage instrumentale qui met à l’honneur la harpe. Son crescendo débouche sur un chant saccadé, rythmé par la grosse caisse. Le morceau prend fin avec une nouvelle partie instrumentale enivrante qui se termine dans une explosion sonore.

En continuant l'écoute on plonge dans un univers torturé, sombre et douloureux. A commencer par l’inquiétant ''Blind'' qui a fait l’objet d’un superbe et énigmatique clip-vidéo paru peu avant la sortie de l’album. Sur un tempo basse/batterie, le chant est martelé. Avant de reprendre sur le même tempo, la guitare vient se rajouter pour proposer un passage plus dynamique qui donne l’occasion à la chanteuse de laisser son vibrato s'exprimer. A mi-chemin, c'est un son qui vire à la crise de nerf et à l'autodestruction. Le temps d’une accalmie mélancolique, la chanson se termine dans une course frénétique de décibels.

Véritable marathon de treize minutes, ''Iron Monsters'' commence par une partie chantée triste et mélancolique qui se poursuit sur une longue plage instrumentale qui débute par un martèlement à la batterie, pendant que la guitare introduit un riff psychédélique. Cette première partie se termine par un cri. Après une partie musicale énergique, le duo basse/batterie permet à la chanteuse de se faire entendre à nouveau et c’est dans cette alternance que cette course musicale s'achève avec une nouvelle explosion sonore dans laquelle le chant se transforme en folie hystérique.

En conclusion, ce « Mirrors » de DJIIN propose deux facettes qui s’opposent tout en étant indissociables l’une de l’autre, comme les deux côtés d’un miroir. Fait de métaphores et de poésie, « Mirrors » nous renvoie des images fortes qui illustrent des thématiques telles que le handicap, la maladie, la psychose, les violences misogynes, la vanité ou encore la mort.

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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