30 avril 2024, 18:50

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 79

Blogger : Crapulax
par Crapulax


« Au mois de mai, prend dans la rubrique Labels & Les Bêtes ce qu'il te plaît ». Ce dicton très connu en Nouvelle Aquitaine (d'où vient également le fameux « Bière qui roule amasse la mousse » que tout le monde connaît ou devrait connaître...) prouve bien qu'on ne fait jamais rien de bon dans la vie sans l'avis des chroniqueurs avisés de HARD FORCE, même si ce numéro est consacré au mois d'avril ! Car parvenue à presque 80 numéros, cette rubrique atteste une nouvelle fois brillamment que nos trois compères Aude, Clément et Crapulax, ont encore l'esprit vif et l'oreille aux aguets au vu de cette fort belle livraison des dernières pépites du moment ! D'ailleurs ne dit-on pas non plus « si l'écoute ne te procure point de joie, c'est que tu es tombé sur un titre d'Aya Nakamura » ? (dicton un peu moins connu mais en passe de le devenir)
 

ENDBROKEN : « Defeat Of The Common Sense » (Great Dane Records)

A Poitiers on ne manque pas d'attractions : après le mondialement connu parc du Futuroscope voici un groupe de death thrash hyper talentueux qui va certainement en devenir un, le bien-nommé ENDBROKEN !! Un groupe de 5 musiciens qui depuis leur premier EP (2018) prône l'amour du travail bien fait et de ce côté-là on n'est jamais déçu.
9 titres = 9 missiles à tête chercheuse pleins de riffs mélodiques ("Straight Ahead"), de refrains imparables ("Hate Field") et d'intros mémorables ("Axes Of Evil" ou "Into The Grave"). On reste pantois devant tant de créativité et de recherche dans l'accroche mélodique qui fait bien trop souvent mouche pour être ignorée (l'instrumental "Defeat Of The Common Sense").
Même les parties solo sont loin de faire de la figuration. On ne va pas se mentir non plus, le soufflet retombe un peu après le virulent sixième titre ("Shadow Of Death") comme le gâteau du dimanche de mémère qui aurait oublié sa levure mais l'effort global mérité d'être amplement salué.. Et écouté surtout !
(Crapulax)


​LOCH VOSTOK : « Opus Ferox II - Mark of the Beast » (ViciSolum Productions)

Ancré dans le metal progressif de ses pas si lointains ancêtres suédois EVERGREY et SCAR SYMMETRY, LOCH VOSTOK (nom tiré d'un lac souterrain en Antarctique) propose la deuxième partie d'une très ambitieuse trilogie haute en technicité, en mélodies et en moments de gloire ("The Great Wide Open", "Ancient Body Switching Ritual").
Objectif largement atteint avec une mention spéciale pour le batteur William Parkstam, véritable plaque tournante de l'ensemble des compositions, tant sa contribution est déterminante (la qualité de la captation, surtout). L'excellence des rythmiques à la guitare n'est pas mal non plus ("Drastic Measures") même s'il faut parfois savoir aller la chercher loin derrière les nappes de synthé et les lignes de chant. Mais finalement n'est-ce pas la spécificité du metal progressif que de nécessiter plusieurs écoutes de manière à capter toute la richesse des compositions ?
De ce côté-là LOCH VOSTOK possède tous les atouts en main pour satisfaire les fans du genre les plus exigeants sauf les soli de guitare peut-être, très bons mais assez courts ("Lord Of The Inanimate") comparés à des formations comme DREAM THEATER qui en mettent tout le temps et partout.
Une bonne surprise.
(Crapulax)


LES BÂTARDS DU ROI : « Les Bâtards du Roi » (L'Ordalie Noire)

​Premier album éponyme pour un tout jeune groupe orléanais, « Les Bâtards du Roi » présente neuf titres de black metal atmosphérique qui nous plongent dans un univers médiéval sombre et mystique. A grands coups de riffs puissants, de rythmes martelés et d’un mélange de vocaux parlés et growlés, LES BÂTARDS DU ROI imposent une musique brutale mais surtout mélodique.
Les paroles en français donnent encore plus de sens à des thèmes que l’on pourrait dire "du terroir" et si tous les codes du black metal sont respectés, les influences semblent multiples. On retrouve un côté très heavy sur "Mi Noble Mi Sauvage" par exemple mais également des passages arpégés et surmontés d’une voix claire donc plutôt folk sur le très réussi "Les Litanies des Fils Bannis" ou sur l’intro acoustique de "Jeanne". Des soli emprunts de mélancolie ("Un Jour je Quitterai cette Terre") se joignent à des guitares très black ("Pestilence").
Bref, grâce à ce premier album, LES BÂTARDS DU ROI devraient accrocher l’oreille d’un public assez large de metalleux de l’extrême que vous êtes.
C’est un album fédérateur qu’ls nous proposent là en tous cas.
(Aude Paquot)


​MÒR : « Hear The Hour Nearing » (Les Acteurs de L’Ombre)

S’il existe depuis une dizaine d’années, le groupe français MÒR nous livre cette année son premier album intitulé « Hear The Hour Nearing ». Et comme l’indiquent assez clairement le logo et l’artwork de la pochette, on se trouve en présence d’un black metal rustre et plutôt old-school, avec des riffs saturés et des vocaux hurlés. Le mot d’ordre semble être compos rapides, intransigeantes et agressives.
Cependant, ce qui fait l’originalité de MÒR, ce sont ces larges espaces laissés à la musique. L’important n’est donc pas dans les grands discours mais dans l’efficacité des riffs tranchants et des blasts frénétiques. Il y a aussi des passages plus mélodiques ("Third Path") et plus lents ("Cave Of Shadows") où ressort une nette influence puisée dans le true black du début des années 90. L’atmosphère est alors lourde, campée par des riffs répétitifs sur guitares saturées résonnant seules comme dans un paysage désertique et glacial. Au contraire, c’est un déferlement de notes qui s’abat sur nos têtes avec "Eden" ou "Sulfur", remplissant l’espace d’un tourbillon indomptable.
Si vous ne saviez pas reconnaître votre dernière heure arriver, « Hear The Hour Nearing » vous le montrera avec efficacité.
(Aude Paquot)


​LOVE SEX MACHINE : « Trve » (Pelagic Records)

C’est sûr qu’avec un patronyme comme le sien, le clan lillois LOVE SEX MACHINE aurait à première vue plus à voir avec David Guetta qu’avec GODFLESH ou NEUROSIS. Et pourtant. Avec deux albums dans sa besace, le quatuor a déjà pu faire tâter l’auditeur de son metal protéiforme gonflé d’ambiances de fin du monde.
Ici le programme est clair: du noir, du gris et du goudron. Les trente-cinq minutes ici affichées au compteur ne s’embarrassent pas de détails et suintent la rage, sourde et cruelle, tout du long. A l’image de ce "Fucking Snakes" qui ouvre les débats sans la moindre précaution.
Aidé dans sa quête par une section rythmique remontée comme jamais qui modèle riffs tortueux sur embardées sludge de premier ordre, le groupe enchaîne les revers en fond de cours comme Nadal et son bras gauche destructeur. L'ambiance de désolation qui s'empare du reste de l’album confirme la tendance : les ténèbres sont dans la place, sans nul doute, ajoutant à cette mélasse une bonne dose de dissonances du meilleur effet.
Le cogneur en chef y va lui aussi de son empreinte destructrice, accélérant le tempo pour mieux jouer avec les nerfs quand bon lui semble. Lourd, très lourd.
(Clément)


​CURSE ALL KINGS : « Feral Earth » (Breath:Sun:Bone:Blood / Cyclic Law)

Changement radical d’ambiance avec ce groupe d’outre-tombe qui célèbre à sa façon la fin du monde. Quelque part entre dark ambient, noise, drone et black metal, « Feral Earth » a tout d’un grand. Un grand saut de l’autre côté de la force qui réjouira à coup sûr les fans d’un DARKSPACE qui aurait un poil trop trempé ses lèvres dans l’éther.
Les Berlinois cultivent ce chic pour balancer des ambiances sombres à souhait ("As The Spirits Watch Over Us, We Reciprocate" ou "Wounds Of Land And Body" sont à ce titre les grands moments du disque) à faire frissonner un soir de pleine lune.
Mystique, mystérieux, obscur, cet album n’est pas à placer entre toutes les esgourdes tant il réclame du temps pour livrer ses sombres prophéties. Nappes bruitistes, hurlements d’un soir de culte, riffs "raw" à souhait... il y a bel et bien du FELL VOICES et du ASH BORER sur ces parties black metal sauvages pendant que l’ombre des grands pontes du label Cyclic Law (spécialisé sans l’industriel et le dark ambient) plane tout du long de ces quarante-sept minutes inquiétantes.
Pour sûr, cet album de CURSE ALL KINGS n'est pas à mettre entre toutes les mimines. On vous aura prévenu...
(Clément)

Blogger : Crapulax
Au sujet de l'auteur
Crapulax
Véritable touche-à-tout venant du metal underground : ancien animateur radio de l'émission TRANSAM ROAD (1989/1995), rédacteur de fanzines (CREME D'ANDOUILLE), ex-chanteur et guitariste rythmique au sein du groupe de Post-Hardcore SCREAMING SHORES (2006/2011). Également artiste graphique : affiches de concerts, jaquettes de démos, logos, caricatures de stars du Metal et divers comics (SEXUAL TENDENCIES, PAPY METAL, NEOBLASPHEMATEURS).
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