![Album : Post Human: NeX GEn Album : Post Human: NeX GEn](/img/generated/Albums/2024/05/1000x1000-000000-80-0-0-297_300x300.png)
En voilà une surprise ! C’est qu’on ne l’attendait plus vraiment, celui-là, vu qu’il était repoussé aux calendes grecques depuis des mois. On avait presque oublié que BRING ME THE HORIZON devait sortir son nouvel album « Post Human: NeX GEn », présenté à l’origine comme le deuxième EP d’une série de quatre, qui devait voir le jour dans la foulée du premier et très bon « Post Human: Survival Horror », sorti en... 2020. Déjà quatre ans effectivement que le groupe a évoqué cette suite. Doit-on se réjouir ? A vrai dire, BRING ME THE HORIZON étant capable du pire comme du meilleur, c’est toujours avec un peu de crainte que l’on aborde un nouveau disque.
Mais de surprise, il n’est point trop question ici, puisque le groupe, complètement en phase avec l’époque actuelle, balance régulièrement des morceaux en pâture aux fans sur les réseaux sociaux et autres playlists devenues la norme. Nous pouvons donc considérer cette livraison plus comme une compilation de singles que comme un véritable nouvel album. Néanmoins, au vu des 16 pistes du track-listing, on pouvait espérer quelques découvertes intéressantes. Mais encore faut-il pour cela écarter les 3 interludes électro-soporifiques qui servent de remplissage inutile ("(ost) dreamseeker", "(ost) (spi)ritual" et "(ost) p.u.s.s.-e", ce dernier, bruitiste et crispant au possible, étant le pire de tous). Restent 7 morceaux sur 13 encore inconnus. C’est déjà pas si mal, me direz-vous. Mais là encore, il faut écrémer. Quelques-uns sortent du lot comme "Top 10 staTues tHat CriEd bloOd" et son rythme pop-punk sympathique, ou "liMOusIne" aux accents nu-metal et heavy, avec la participation de l’artiste Norvégienne Aurora au chant, quand d’autres sont juste passables tel ce "R.i.p. (duskCOre RemIx)" passe-partout et ce "DIg It" qui aurait pu être réussi en version totalement acoustique et sans tous ses artifices numériques complètement dispensables.
Si l’on avait dû croire les premières informations au sujet de ce « NeX GEn », il aurait dû présenter la facette la plus douce et pop du groupe. En lorsque démarre "YOUtopia", sympathique mais pas transcendant, on semble suivre la fameuse ligne de conduite. Or, dès le très agressif "Kool-Aid", on comprend que ce ne sera pas le cas. Morceau déjà révélé au public, ce dernier est efficace, bien bourrin, et fait déjà l’unanimité auprès des fans. Le hic, c’est que tous les titres sont construits sur le même modèle : couplets teintés de sons électro ou RnB, tendance street-music moderne mais sans âme, refrain mélodique, voix autotunée et gros break foutraque, histoire de dire qu’on fait quand même du metal. D’où cette impression de "bis repetita" tout du long, le summum bordélique étant atteint avec "AmEN!", un magma infâme de bruits sans queue ni tête. Là où certains produisent des albums superbes, innovants, marquants, en mêlant les styles musicaux avec subtilité, ici, tout est poussé à son paroxysme, jusqu’à l’écœurement. Le trop est l’ennemi du bien. Les amateurs du metalcore originel du groupe peuvent passer leur chemin. Le ton qui domine est essentiellement électro-pop, sirupeux et dégoulinant. Et si les refrains font mouche en se greffant immédiatement dans la cervelle, si les paroles tournent autour du mal-être du chanteur Oliver Sykes, cela n’en fait pas pour autant de bonnes chansons, de celles qui remuent les tripes, donnent des frissons, font vibrer le cœur et l’âme. A vouloir à tout prix coller à l’époque actuelle, le groupe en a oublié l’essentiel : l’émotion. Seul "DArkSide" présente une belle simplicité structurelle qui fait de ce morceau une véritable chanson, plaisante et attachante.
On ne peut pas dire que cet album soit foncièrement mauvais. Il répond à tous les critères actuels : mélange de genres, son et production énormes, autotune à toutes les sauces, mélodies facilement assimilables, morceaux courts taillés pour les diffusions radio. Cela fait de la peine à dire, mais il est à l’image de ce monde où tout est consommable, jetable, en un mot comme en cent : oubliable. Voici quelques années, BRING ME THE HORIZON a été précurseur, véritablement en avance sur son temps et a généré des millions de petits clones qui se sont engouffrés dans son sillage. Avec cet album, il ne se renouvelle pas et est devenu un groupe de rock/metal moderne parmi tant d’autres, noyé dans la masse des sortie d’albums tous plus identiques les uns que les autres. Est-ce dû au départ de Jordan Fish et des perturbations liées à ce bouleversement de line-up ? Cependant, il ne fait aucun doute que ce « Post Human: NeX GEn » va cartonner car il est conforme à ce que la majorité attend du groupe, et les gens étant fondamentalement des suiveurs, il en suffit d’un qui s’extasie dessus pour que la plupart des fans adhèrent. Cela va de soi que cette déception discographique n’enlève rien aux prestations scéniques du groupe toujours très réussies. On espère juste retrouver à l’avenir dans la musique de BRING ME THE HORIZON ce petit truc en plus qui le démarquait des autres et nous faisait vraiment vibrer.