17 mai 2024, 23:59

WINGS OF STEEL + NEMESIS H.P.

@ Lille (Le Splendid)

La soirée commence par un jeune groupe local qui, bien plus qu’à domicile, joue en quelque sorte à la maison puisque les frères Geenens connaissent les moindres recoins du Splendid depuis leur plus jeune âge. Si ce concert n’est que le second de la formation, il se présente comme une sorte de rite de passage. Seront-ils à la hauteur de l’enjeu ? En tout cas, les moyens ont été mis, aussi bien humains que techniques, pour que les quatre musiciens puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Lorsque la musique d’introduction retentit, c’est dans une ambiance rougeoyante que le gigantesque backdrop de la pochette de l’EP « Elevation: Wish Better » et les deux bannières de scène introduisent l’arrivée imminente de NEMESIS H.P. Leur entrée sur scène est accueillie par une clameur qui montre qu’une partie non négligeable du public est présente pour les voir et lui est déjà acquise. C’est avec la chanson-titre de leur premier album, « Lion », que le quatuor fait rugir de concert ses instruments au milieu des colonnes de fumée. Sans plus attendre, c’est dans une ambiance orangée qui n’a rien d’un coucher de soleil qu’il enchaîne sur ''Wait No More''. Si Chris Holmes (ex-W.A.S.P.) fait une apparition sur l’album, le groupe ne s’est pas payé le luxe de sa présence.


Après un premier échange avec le public du chanteur/guitariste, la scène s’éclaire de bleu pour plonger dans l’ambiance de l'EP, sorti au début de l’année. C’est ainsi qu’est joué ''Mad'', le premier morceau de la soirée qui en est extrait, dont l’esprit n’est pas sans rappeler KISS. Avant que Liam ne se lance dans un solo réussi, ''Afraid About Me'' et ''Love Potion n°9'' sont interprétées. Cette dernière peut surprendre car il s’agit bien d’une reprise des années 50 du groupe de rhythm'n'blues THE CLOVERS que NEMESIS H.P. réinterprète avec les codes du metal, mais sans pour autant dénaturer l’essence du titre. Le groupe rejoint le soliste pour entamer ''Spit On The Future'' et jouer un inédit, ''Dragon Ball'', qui fait écho au manga de leur enfance. Les deux guitaristes s’éclipsent pour laisser place à un solo basse/batterie et reviennent dans une ambiance bleutée accompagnée de deux demoiselles pour entamer l’instant K-pop dans l’esprit metal avec une interprétation personnelle de ''Black Mamba''. Pendant ce temps, les danseuses s'adonnent à une mise en scène caricaturale du « Bloody Kisses » de TYPE O NEGATIVE. Pour clôturer cette prestation réussie et remarquée, ils interprètent ''On My Mind'' qui ouvre l’EP et 'You’ve Got To Regret'' qui avait fait l’objet d’un clip avec l’ancien line-up.

Pour un second concert, il est remarquable de voir le niveau de maturité du groupe qui ne s’est pas laissé impressionner par la taille de la scène. Même si le chanteur doit encore se familiariser avec son rôle de leader afin que ses échanges avec le public soient moins hésitants et donc plus naturels, NEMESIS H.P. a convaincu l’assistance et s’est vu offrir une place sur l’affiche du prochain Raismes Fest.


C’est devant une assemblée un peu plus clairsemée que WINGS OF STEEL monte sur scène, précédé par ''Am I Evil?'' de DIAMOND HEAD dans les haut-parleurs. Même si ce n’est pas l’affluence des grands soirs, les 250 personnes environ présentes sont clairement là pour voir le groupe et le font savoir. Le duo fondateur, le chanteur suédois Leo Unnermark et le guitariste Parker Halub, sont accompagnés d’un trio de musiciens européens venus de Belgique, d’Allemagne et de Suisse. Formé à Los Angeles en 2019 dans l’école de musique dans laquelle les deux compères étudiaient, la formation était encore inconnue en France il y a quelques mois. Elle donne d’ailleurs ce soir son second concert chez nous. L’affluence est donc dans ce contexte déjà une réussite. Ce set est l’occasion pour eux de nous démontrer en live leurs capacités à porter sur la scène leur production discographique qui comprend un EP éponyme en 2022, et un premier album « Gates Of Twilight », paru l’an dernier.


C’est d’ailleurs par cet album que WINGS OF STEEL entame sa prestation avec ''Fall In Line'', ''Lady Of The Lost'' et ''Cry Of The Damned''. D’entrée, nous sommes impressionnés par la dimension live du groupe. Si la discographie est prometteuse, elle en serait presque fade face à ce qui nous est proposé d’entendre et de voir. La puissance et la justesse de Leo Unnermark est incroyable et Parker Halub, comme les autres musiciens, sont parfaitement alignés afin de délivrer leurs parties instrumentales en phase avec le chanteur. Il faut dire que la qualité de ce que nous envoie les musiciens est transcendée par un travail d'orfèvre de la part des techniciens chargés du son et des lumières. Lorsque le chanteur s’adresse au public pour le remercier d’être venu, celui-ci est de toute évidence plus que convaincu. Il est tout simplement acquis à la cause. Il paraît que les musiciens de heavy metal ne sont pas là pour faire dans la dentelle ? Eh bien, ce n’est qu’une question d’appréciation, pour preuve cette interprétation de ''Leather And Lace''. Le tout ciselé avec une telle précision que tout le public, et pas seulement sa facette féminine, peut revendiquer sans honte en avoir la larme à l'œil sur ''She Cries''. Avant que Parker Halub nous propose un premier intermède en illustrant sa virtuosité par un solo de guitare, c’est la chanson-titre de l’album « Gates Of Twilight » qui est interprétée.


Si dehors, c’est le crépuscule, la musique entraîne le public au rythme du désir avec ''Rhythm Of Desire'', un premier titre extrait de l’EP. C’est au tour du batteur de nous délivrer son solo avant le tempétueux ''Stormchild'', deuxième extrait du mini-album. Toujours conquis lorsque le titre ''Garden Of Eden'' est interprété, le public n’est clairement pas décidé à quitter le Splendid qui lui offre ce moment de jouissance sonore et visuelle. Le temps d’un solo de batterie suivi d’une jam, Leo Unnermark revient pour rendre hommage à l’une de leurs influences : BLACK SABBATH et plus particulièrement le chanteur Ronnie James Dio, disparu voici déjà 14 ans. Difficile de ne pas se rappeler que le 16 mai 2000, Ronnie nous offrait dans cette même salle un concert d’anthologie. L’interprétation de ''Heaven And Hell'' honore sa mémoire. Interpréter dans la foulée, ''Slave Of Sorrows'' montre que le public n’est pas esclave de la tristesse de sa disparition, mais que le show continue. Et ce n’est pas la non moins très belle version de ''Creeping Death'', autre inspiration majeure de WINGS OF STEEL, qui va nous faire sombrer dans la déprime.


C’est sur ''Liar In Love'' que le groupe termine en beauté son set. Bien évidemment, le public en veut encore et ce n’est pas surprenant de voir revenir les cinq musiciens pour ''Into The Sun'' qui clôt l’album et la chanson éponyme de WINGS OF STEEL qui met un point final à une formidable prestation. Sachant que ce line-up de WINGS OF STEEL vient alors de donner son quatrième concert ensemble, nous ne pouvons qu’applaudir la performance qui vient d’être offerte. Un grand bravo aussi aux professionnels du son et de la lumière qui, s'ils sont rodés à l'exercice, ont offert un cadre parfait pour que les musiciens puissent s’exprimer. Il ne fait aucun doute que la persévérance associée à un entourage de confiance et professionnel devrait permettre à WINGS OF STEEL, mais aussi à NEMESIS H.P., de marquer l’histoire du hard rock et heavy metal.


Photos © sébastien Feutry - Portfolio : BEMESIS H.P.WINGS OF STEEL

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK