4 août 2024, 17:53

METAL CHURCH

"Metal Church" (1984 - Retro-Chronique)

Album : Metal Church

C’est à San Francisco, en 1980, que l’histoire commence, quand le guitariste Kurdt Vanderhoof décide de former un groupe. Si une légende urbaine laisse entendre que Lars Ulrich aurait auditionné pour être le premier batteur de METAL CHURCH, dans la biographie Beyond The Black: The Story of METAL CHURCH, Vanderhoof dément que cela fut le cas. Cette première mouture que l’on peut qualifier d’embryon sera rapidement dissoute puisqu’en 1981, Vanderhoof retourne dans sa ville natale d’Aberdeen, dans l'Etat de Washington. Il y relance rapidement son projet sous le nom de SHRAPNEL et ce n’est qu’en 1982 que la formation optera pour METAL CHURCH. Dans cet intervalle, c’est une sorte d'effervescence chaotique que l’on peut qualifier de valse des musiciens orchestrée par Vanderhoof afin de trouver l’équilibre parfait pour son projet.

Le groupe n’en demeure pas moins productif puisque ce sont cinq démos qui voient le jour et vont servir de terreau pour le premier album... On compte parmi celles-ci trois maquettes purement instrumentales : « Red Skies » (1981), « Hitman » & « Four Hymns » (1982), suivie en 1983 d'une démo sobrement intitulé « Demo 1983 », la 3e instrumentale et enfin « Death Wish » la démo d'une seule chanson. « Four Hymns » en 1982 introduira David Wayne qui marquera de son empreinte vocale l’histoire de ce groupe devenu culte. Ce premier album tout simplement intitulé « Metal Church » sort en juillet 1984. A cette époque, le speed/thrash metal commence à émerger et pour nombre de jeunes ''hardos'' qui se passionnent pour ce nouveau style, c'est un vent de liberté qui souffle et insuffle dans leur esprit une addiction positive dont les effets continuent à se faire sentir à ce jour.  

« Metal Church », c’est d’abord une pochette. Une forme de transposition d’un film d’horreur qui commence la nuit dans un cimetière appliqué à la musique. A la place d’une croix, c’est bien une guitare, modèle Gibson Explorer, qui orne la tombe d’un mystérieux musicien qui va venir hanter les esprits d’une jeunesse avide de nouveautés musicales. L’adolescence, c’est la transgression des interdits et cette jeunesse est prête à aller voir ce qui se cache derrière ces feux follets qui éclairent ce cimetière plongé dans la noirceur de la nuit.

Prêt à écouter la face A de ce disque maléfique, ''Beyond the Black'' est introduit par un irrésistible arpège sur lequel la voix métallique du Malin se fait entendre. L’enchaînement sur un solo de guitare soutenu par le martellement de la batterie est imparable. Le premier couplet qui fait découvrir la voix de David Wayne est tout aussi superbe. Le pont avec le second couplet reprend l’arpège d’introduction, suivi rapidement par la batterie et le riff principal, le tout accéléré. La dernière partie de cette entrée en matière se termine sur un instrumental rapide, agrémentée d'un solo. Sans aucun silence de transition, ''Metal Church'', la chanson-titre, est annoncée par un vent glacial dans lequel un roulement de batterie, d’abord lointain, se rapproche rapidement. Les guitares s’affrontent, dans un premier temps, dans un duel cinglant. Lorsque le premier couplet démarre, elles se distinguent par un riff ultra rapide, soutenu par une rythmique qui semble se promener paisiblement. Cette dualité, associée au chant, est tout simplement merveilleusement pensée et irrésistible. Le pont avec le second couplet permet un break qui donne du relief au titre. La dernière partie instrumentale offre la possibilité aux guitares de poursuivre leur duel auquel Wayne met fin en scandant « Metal Church ». A peine le temps de souffler, ''Merciless Onslaught'' propose un instrumental en forme de blitzkrieg auditif qui rend hommage à l’esprit de leurs démos. Cette première face se termine en beauté avec la fausse ballade ''Gods Of Wrath''. Si les couplets se développent posément sur un arpège, le refrain scande le titre sur un riff incisif alors que le pont propose un superbe solo.

Contrairement à la face A, la B propose cinq chansons plus courtes et plus classiques. A travers elles, METAL CHURCH illustre admirablement son héritage dont une reprise. ''Hitman'' qui ouvre cette seconde face, est basé sur l’association d’une rythmique, d’un couplet et d’un refrain lumineux répétés à trois reprises. Les ponts proposent des soli qui assurent parfaitement la transition. Dans la foulée, ''In The Blood'' débute brièvement sur un riff de guitare associé à une autre qui annonce le premier couplet à la ligne d'un chant plutôt inquiétant. Contrairement à son prédécesseur, les transitions entre les couplets sont plus courtes et ne proposent pas de solo, à part celui qui suit le refrain du second couplet. Basée sur une structure plus saccadée, ''(My Favorite) Nightmare'' entretient parfaitement les effets addictifs qui se font ressentir depuis que nous sommes passé derrière le voile noir. Il commence par un riff entraînant qui assure la transition entre les deux premiers couplets. Le pont vers le couplet final propose de nombreux breaks et soli où les musiciens s’en donnent à cœur joie. La suite se développe sur une rythmique basse/batterie avant que les guitares ne reviennent pour le refrain. La batterie donne le tempo de ''Battalions'' avant d’être rejointe par la basse mise en avant et les guitares. Moins mélodiques que sur les précédentes chansons, le couplet et le refrain adoptent un ton revendicatif sur une rythmique rapide. La transition vers le second couplet est assurée une fois de plus par un bref solo de guitare... 

En clôturant cet album par la reprise de ''Highway Star'' de DEEP PURPLE, METAL CHURCH démontre que la jeune génération n’est pas en rupture avec ses ''anciens'', mais bien dans l’héritage. Si cette version de ce classique des Anglais est plutôt fidèle à l’originale, elle n’en n’est pas moins très intéressante. D’abord, par la qualité de son interprétation, mais aussi par son tempo rapide. On en vient même à se demander si avec ce titre, DEEP PURPLE ne serait pas l’instigateur du speed metal... Avec ce premier album très réussi malgré des moyens limités, METAL CHURCH a posé voilà maintenant 40 ans une pierre angulaire au temple dédié au thrash metal qui s’érige et deviendra dans le domaine du heavy metal, un style majeur des années 80.

Blogger : Bruno Cuvelier
Au sujet de l'auteur
Bruno Cuvelier
Son intérêt pour le hard rock est né en 1980 avec "Back In Black". Rapidement, il explore le heavy metal et ses ramifications qui l’amèneront à devenir fan de METALLICA jusqu'au "Black Album". Anti-conformiste et novateur, le groupe représente à ses yeux une excellente synthèse de tous les styles de metal qui foisonnent à cette époque. En parallèle, c'est aussi la découverte des salles de concert et des festivals qui le passionnent. L'arrivée d'Anneke van Giersbergen au sein de THE GATHERING en 1995 marquera une étape importante dans son parcours, puisqu'il suit leurs carrières respectives depuis lors. En 2014, il crée une communauté internationale de fans avant que leur retour sur scène en juin 2018 ne l'amène à rejoindre HARD FORCE. Occasionnellement animateur radio, il aime voyager et faire partager sa passion pour la musique.
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