Sept ans après « The Forest Seasons », douze ans après « Time I », voici son second volet, « Time II ». WINTERSUN est toujours inspiré par un style asiatique et fait preuve d’une grande variété musicale, les six titres présentés sont donc d’une richesse immense. Jari Mäenpää, leader et seul compositeur du groupe, revient avec nous sur ces années d’écriture et ses projets futurs.
Salut Jari ! Comment vas-tu ?
Eh bien écoute, ça va. Je suis occupé à la promotion de l’album, ce qui me semble un peu bizarre car j’y ai passé tant de temps qu’il me paraît être déjà derrière moi ! Des années ont passées depuis le début de son écriture mais maintenant, c’est fini ! Mais je sais que personne ne l’a encore entendu alors c’est normal que les gens s’intéressent à l’album. Heureusement d’ailleurs !
Oui, c’est un travail de douze ans d’écriture !
Oui, en effet, même plus en fait ! Mais tu as raison.
Entre la sortie de « Time I » et « Time II », il y a quand même eu celle de « The Forest Seasons ». Qu’est-ce qui diffère dans la façon de composer entre un « Time » et un autre album de WINTERSUN ?
Quand j’ai commencé WINTERSUN en 2004, j’avais déjà un projet solo dans lequel j’explorais des styles de musique très différents, différents thèmes, différents sons, différentes productions. Donc, depuis cette époque, j’aime écrire des musiques très différentes. Le premier album de WINTERSUN était une sorte de mélange de tous ces styles que je voulais mettre ensemble. Quand est venu le moment d’écrire le deuxième album, qui devait simplement s’appeler « Time » et qui a fini par se diviser en « Time I » et « Time II », j’ai eu envie d’explorer un style de musique plus asiatique ainsi que des visuels correspondants. Ce style de musique a toujours fait partie de ma vie, depuis que je suis enfant. J’ai toujours été fasciné par cette musique, cette culture. C’est un peu comme un style magique pour moi. J’ai donc vraiment voulu exploiter ce penchant pour « Time ». Alors que pour « The Forest Seasons », j’ai eu besoin de composer quelque chose de plus primitif, plus black metal, plus tranchant, en particulier avec le titre "Eternal Darkness" et même "Loneliness", qui était censée être une chanson black, avec des voix growlées. Mais j’ai fini par y mettre des lignes de chant clairs pour la rendre plus jolie et calme. Dans le futur, il y aura toujours différents thèmes et styles de musique que je vais explorer. C’est ça WINTERSUN.
Tu parlais de black metal, il y a une chanson sur « Time II » qui s’appelle "Storm" et qui a ce style un peu brutal, plus black justement que les autres chansons de l’album...
Oui, c’est vrai, tu as raison. J’aime bien que l’avant-dernière chanson des albums soit plus sombre, plus brutale que les autres et que le dernier morceau soit en réel contraste avec ça. Par exemple, sur le premier album, il y a eu "Beautiful Death", puis "Sadness And Hate" et là, sur « Time II », il y a "Storm" et "Silver Leaves". Ça m’intéresse ce contraste, même dans la photographie. Je pense que c’est parce que le contraste n’est pas naturel, c’est magique. La vie de tous les jours est plus neutre donc, dans la musique et les films, tu peux accentuer le contraste et ajouter des fréquences que tu n’entends pas souvent. C’est ce qui rend les choses magiques.
Oui, la musique de WINTERSUN est un peu comme une pièce de théâtre finalement : orchestrale, dramatique, c’est une musique vivante. C’est ce que tu veux transmettre à tes auditeurs ?
Oui, c’est cool que tu aies remarqué ça ! J’aime créer et laisser mon imagination vagabonder, donc les images me viennent. Tu les as dans les films mais de ce fait, lorsque tu composes de la musique, tu as besoin de les véhiculer d’une autre façon, en utilisant une orchestration particulière, des atmosphères, des paroles... pour que cela crée des images dans l’esprit des gens et qu’ils comprennent la musique. C’est aussi parce que depuis que je suis petit et que j’écoute de la musique, j’ai besoin de la vivre pleinement, donc je veux que les gens ressentent ma musique, y soient connectés.
Te sens-tu comme un conteur en quelque sorte ?
Je ne dirais pas comme un conteur car je ne raconte pas d’histoire en tant que telle, en tous cas, intentionnellement. Mes albums ne sont pas linéaires, mais en effet, j’aime construire un monde dans lequel les gens se plongent. Et dans ce monde, il peut y avoir beaucoup d’histoires. Je construis un monde que les gens peuvent visiter et y découvrir des histoires variées, ou leur propre histoire.
Ça n’est pas trop difficile de tout faire tout seul ? Car tu es le seul compositeur de WINTERSUN. Ça ne te met pas trop la pression ?
Quelquefois, si ! Surtout après la sortie de « The Forest Seasons », pour la tournée où j’ai dû réviser tous les morceaux alors que j’étais en train d’en composer d’autres. Et puis je chante en même temps que je joue de la guitare ! Mais bon, j’ai toujours composé seul, donc c’est une habitude depuis que j’ai 15 ans. Je n’ai cessé de progresser dans l’utilisation des divers instruments donc cela devient de plus en plus naturel. La composition de la musique n’est plus un problème, par contre, la production est compliquée pour moi, surtout avec les « Time » où je voulais une grosse orchestration, un son massif, moderne, avec la meilleure production possible. Et pour ça, je n’avais pas le niveau. J’ai donc dû y travailler des années pour obtenir le résultat escompté. J’ai investi dans un meilleur équipement, je me suis entraîné, j’ai beaucoup travaillé. Les autres gars du groupe m’aident aussi pendant ce processus, sur plein de choses. Et puis le label aussi, Nuclear Blast. Je ne suis donc pas vraiment seul !
Tu as d’ailleurs autour de toi un line-up, si l’on peut dire, toujours très stable. En tous cas, des personnes fiables et fidèles sur qui tu peux compter depuis le début. Qu’est-ce qui rend WINTERSUN si fort ?
Oui, il est difficile de dire si WINTERSUN est un groupe ou mon projet solo. Le vieux line-up est consistant, c’est intéressant. Nous nous connaissons très bien, même avec les batteurs de session studio que nous avons pu avoir. J’ai vraiment de la chance d’avoir ces gars autour de moi !
Comment entraînes-tu ta voix car tu es capable de réaliser des growls les plus profonds comme le chant des plus lyriques ?
Je n’ai jamais pris de cours, je me suis toujours entraîné seul, je ne connais pas la technique. J’ai commencé à chanter du KISS avec mes amis quand j’étais petit, puis j’ai continué avec SKID ROW en essayant d’imiter Sebastian Bach !
Ça c’est du challenge !
Oui, c’est très compliqué ! Je dirais que j’ai cette voix de ténor naturellement, mais j’aime bien me challenger sur des tonalités plus aiguës comme ça. Et puis James Hetfield de METALLICA a été une grosse influence. Au début, mon chant clair n’était pas top alors je me suis concentré sur les growls. Les parties claires se sont améliorées ensuite. Je dirais que pendant « The Forest Seasons », j’ai atteint un pic et maintenant, je me sens encore plus à l’aise. Je ne sais pas quand je vais redescendre, mais je m’entraîne beaucoup à reprendre des titres. Quand tu t’enregistres, c’est plus facile de voir les erreurs que tu fais et de progresser ainsi.
Il est assez difficile de qualifier la musique de WINTERSUN car chaque titre est différent, du black au metal progressif, du folk au power metal, en combinant des atmosphères différentes. On ne peut pas parler uniquement de death metal mélodique pour le groupe. Est-ce qu’on pourrait dire que ta musique est du metal universel ?
Ah oui tiens, c’est cool comme appellation ! Au début, je faisais un truc un peu mélodique, mais maintenant, je fais un metal épique, comme une bande-son de film, avec les orchestrations. Je pense qu’il va devenir de plus en plus dur de nous mettre dans une case car à chaque album, le style de musique change. Mais oui, je dirais qu’on fait du metal mélodique, du death/black mélodique... Oui, mélodique metal disons. De toute façon, je ne souhaite pas rentrer dans un cadre, je veux toujours surprendre les gens.
Ce qui est aussi intéressant dans l’album, ce sont les deux titres instrumentaux. Est-ce que c’est une autre façon d’écrire la musique ?
Oui, ce sont des musiques plus difficiles à créer, en particulier à cause des orchestrations. Je dois trouver des samples d’instruments et les assembler pour que l’ensemble soit cohérent et naturel, authentique. Il faut créer différentes couches pour donner de la consistance, trouver les bons arrangements. C’est beaucoup de travail. Pour les chansons plus heavy, il n’y a pas besoin de tout ce travail si spécifique car le heavy couvre un peu tout ça, justement. Mais j’aime ce côté instrumental dans SUMMONING, par exemple, avec les samples si magiques. Pas besoin d’un vrai orchestre pour jouer les instruments, mais il faut du travail pour un rendu naturel. Tout est question de feeling.
Est-ce que des tournées sont prévues pour promouvoir l’album ?
Non, on fait toujours une pause concernant les tournées car je travaille déjà sur le prochain album de WINTERSUN. Pendant la pandémie, j’étais déjà en train d’écrire quatre nouveaux albums, et un d'eux est presque fini. Et j’ai vraiment envie de le sortir très bientôt, ainsi que d’autres albums de WINTERSUN pour nos fans. Et pour moi aussi ! J’ai le sentiment d’être en retard donc j’ai besoin d’ajouter de la musique à la discographie de WINTERSUN.
On n’aura donc pas besoin d’attendre sept ans avant la sortie du prochain album ?
Euh non. Enfin je ne promets rien, mais je vais faire au plus vite ! J’essaye de donner aux fans des albums dont je suis fier et des fois, j’ai besoin de temps pour en être satisfait. J’ai été un peu déçu du premier album de WINTERSUN, donc maintenant, j’attends d’être sûr de moi avant de sortir ma musique. Je ne suis jamais pleinement satisfait mais à un moment, il faut bien sortir le disque ! Avec « Time », je suis content. J’étais déjà satisfait à 100 % de « The Forest Seasons », mais cela vient du fait que cet album n’avait pas besoin d’être parfait car son son était plus primitif. Pas besoin de production parfaite donc ! C’était facile.
Merci à toi pour cet échange...
Merci pour l’interview et merci à tous nos fans en France ! On vous aime !