7 octobre 2024, 18:32

WEATHER SYSTEMS

Interview Daniel Cavanagh


WEATHER SYSTEMS : ce nom ne vous parle peut-être pas encore mais il s’agit du nouveau groupe de Daniel Cavanagh depuis l’arrêt d’ANATHEMA. Un premier album, « Ocean Without A Shore », vient de sortir et personne ne pouvait le décrire avec autant de spontanéité, de cœur et d’esprit que Daniel lui-même. Il a répondu à nos questions avec beaucoup d’émotions et d’implication. Un artiste passionné et passionnant.
 

Bonjour Daniel. Comment vas-tu ?
(En français). Ça va bien, merci !

Oh, alors tu parles français toi aussi ?
(En français toujours) Un petit peu. (En anglais ensuite) J’aime le français, c’est une langue que j’ai apprise à l’école, puis j’ai eu des amis français, donc j’ai eu l’opportunité de la pratiquer un peu. Il y a vingt ans, j’étais plutôt bon mais comme je n’ai pas pratiqué depuis, je suis beaucoup moins bon maintenant. Mais s’il y a une langue qui pourrait me revenir facilement, ce serait le français.

Quand tu auras le temps, tu pourras le travailler...
Eh bien à vrai dire, je ne crois pas avoir de facultés particulières pour les langues. J’ai un cerveau de musicien. Je suis bon en anglais mais j’ai comme une carte musicale en tête, comme une mémoire photographique. Donc, désolé si je ne parle pas bien ta langue !

Ce n'est pas bien grave, l’important est que tu sois bon en musique, c’est ce qui compte pour nous. Parlons un peu de WEATHER SYSTEMS. Quelle a été l’origine du groupe, qu’est-ce qui a provoqué chez toi l’envie d’enregistrer ta musique sous ce nouveau patronyme ?
Quand on a arrêté ANATHEMA, j’avais encore de nombreux titres, donc pour moi, il était logique de les enregistrer. C’est ce que j’ai fait. Et j’ai parlé à Vincent (Cavanagh, frère de Daniel et ex-membre d’ANATHEMA aussi) pour qu’il me donne son avis à propos de WEATHER SYSTEMS. Il m’a rassuré en me disant que c’était une bonne idée. Je suis toujours très proche de lui, il habite près de moi et je l’aime très fort. Donc s’il m’avait dit qu’appeler le groupe WEATHER SYSTEMS était une mauvaise idée, je ne l’aurais pas fait. J’ai besoin de sentir qu’il me suit dans ce que je produis musicalement, cette connexion entre nous est sacrée. C’est quelque chose de très particulier. Un peu comme de la télépathie. Et puis, il est très objectif, il est raisonné dans ses paroles. C’est le cas avec John (Douglas, ancien claviériste d’ANATHEMA) aussi. On a vraiment un lien très fort, que l’on gardera toujours selon moi. Pour cet album, l’enregistrement a été plus difficile car ils n’étaient pas là tous les deux. Et ils me manquent ! Je les aime, je les aimerai toujours. Mais je dois continuer à faire de la musique.

Si on parle de feeling justement, « Ocean Without A Shore » est un album plein d’émotions, peut-être plus intimiste, plus profond que tes précédents albums avec ANATHEMA...
Oui, tu as raison, il contient bien plus d’émotions. Mais c’est aussi la continuation logique de ce que l’on faisait, je ne fais que continuer. J’aime beaucoup « The Optimist » (2017), mais celui-ci a bien plus de feeling, vient plus du cœur. « The Optimist » était un peu comme une histoire et les sentiments étaient déguisés derrière l’histoire mais cet album est vraiment autobiographique.

Est-ce que le processus d’écriture a été différent pour cet album par rapport aux précédents ?
Pas tellement car avec ANATHEMA, je composais déjà presque toutes les chansons seul et le groupe ajoutait sa patte à la production. Mais la différence vient surtout du fait que je ne chantais pas dans le groupe. Mais ce n’est pas dérangeant car maintenant, je chante ce que j’ai écrit, donc c’est authentique car cela fait sens. Même si les gens pensent que ça aurait été mieux avec Vincent au chant, je pense qu’au moins, ce que je fais n’est pas complètement à côté de la plaque.

Tu penses que ça va être plus compliqué de fédérer les fans autour de WEATHER SYSTEMS que ça l’était avec ANATHEMA ?
Probablement, mais je n’y pense pas spécialement. Je n’ai pas de grosses attentes et je n’écoute pas vraiment ce que les gens pensent de ma musique. Ce que je peux te dire, c’est que j’écoute cet album tous les jours depuis son enregistrement, avec un casque audio fantastique et par session entière. Cela fait donc 3 ou 4 mois et je trouve qu’il est vraiment bien. Deux ou trois choses pourraient être mieux, mais je le trouve très bien. Je fais toujours ça : quand un disque est terminé, je l’écoute tous les jours pendant quelques mois pour voir si je l’aime toujours. J’ai une façon très intuitive de créer la musique, donc j’ai besoin de l’écouter pour voir ce qui va et ce qui ne va pas. C’est comme si la musique vivait d'elle-même et quand je l’écoute, elle me montre la direction qu’elle veut prendre. Je n’écris vraiment pas la musique, j’ai l’impression d’en être simplement son medium. C’est un processus très intime. Je ne sais pas d’où je tiens ça, mais ça fait plus de 50 ans que la musique me vient à l’esprit. Je crois en être chanceux. C’est comme un don, mais que tu dois tout de même travailler pour le maintenir et t’améliorer. Il faut se lancer des défis.

Bien sûr, le titre du groupe WEATHER SYSTEMS n’est pas choisi par hasard. Que représente pour toi l’album « Weather Systems » pour en avoir repris le titre ?
Eh bien c’était à mon avis le meilleur titre possible car pour moi, « Weather Systems » est le meilleur album d’ANATHEMA. Et comme je te l’ai dit, Vincent était d’accord avec ça. Je voulais que les gens sachent que WEATHER SYSTEMS fait partie du même univers. Je jouerai toujours les chansons d’ANATHEMA, donc je veux que les fans sachent que je continue dans cette lignée. Et ce nom aide. ANATHEMA et WEATHER SYSTEMS, c’est un peu comme Game Of Thrones et House Of The Dragon, le même univers.

Alors WEATHER SYSTEMS est la sœur d’ANATHEMA ? Ou la fille ? La cousine ? Une amie ?
Oui, une cousine plutôt, une cousine germaine, par contre !

Et de ce fait, est-ce que tu peux nous en dire plus sur le titre de l’album ? Est-ce qu’il représente un univers infini, une inspiration sans frontières ?
Le titre vient d’un artiste, Bill Viola, qui a fait vraiment un travail fantastique. Et je l’ai contacté pour lui dire que j’avais une chanson qui s’intitulait "Ocean Without A Shore" mais que je trouvais que ça ferait aussi un bon titre d’album. Et il m’a répondu qu’il n’avait pas inventé ni déposé le nom donc que je pouvais l’utiliser. Je pense que ça parle d’infinité, d’amour, un état de conscience qui te permet de rester connecté à tout. C’est un peu spirituel, mais c’est quelque chose de sincère, de vrai.

D’universel ?
Oui, exactement ! Ça aurait pu aussi être un très bon nom pour l’album. Ou un autre nom de groupe.


Tu as des musiciens talentueux qui t’accompagnent sur ce nouvel album, comme Daniel Cardoso qui officiait déjà dans ANATHEMA à la batterie. Est-ce que cette collaboration a été naturelle pour tous les deux ?
Oui, je pense. Daniel est un vrai professionnel et un super gars. Soraia Silva (au chant) est super aussi. Daniel a beaucoup travaillé avec elle et sur les harmonies, c’est grâce à lui qu’il y a un très bon rendu sur l’album.

Et Petter Carlsen ? C’est un ami de Daniel Cardoso. Est-ce que ça a aidé à son recrutement ?
Petter avait déjà joué en première partie d'ANATHEMA, une cinquantaine de fois, et je trouve qu’il a une super voix. Je lui ai fait confiance. Ce sont tous des musiciens talentueux et qui connaissent bien la musique.

Est-ce que ce line-up marque la fin définitive d’ANATHEMA ?
Je ne sais pas. Seul le temps le dira. Ça dépend beaucoup de Vincent en fait.

Est-ce que des concerts sont déjà prévus avec WEATHER SYSTEMS ?
Oui, on a des dates programmées pour l’année prochaine. Et je pensais jouer toutes les chansons de l’album « Weather Systems », en plus de nos nouvelles chansons car j’en ai écrit huit ou neuf que l’on n’a pas eu l’occasion de jouer live à cause de la COVID. Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera. Ce ne sera jamais comme ANATHEMA, mais je trouve que c’est pertinent de jouer ces morceaux car ils font partie de mes souvenirs avec John et Vincent, et ils sont très bons.

Vous allez venir en France ?
Je ne sais pas mais oui, j’espère ! Ce n’est pas ma décision mais j’en ai envie. ANATHEMA a toujours été super bien accueilli, à Paris notamment. Tu sais on a joué au Bataclan après le drame qui s’y est déroulé. On a mis en fond de scène tous les noms des personnes victimes du terrorisme dans la salle et les applaudissements ont duré 5 minutes ! C’était un moment très bizarre, un très beau moment mais plein d’émotions, intense. J’ai insisté pour que nous fassions ça et c’est une des plus belles choses qu’on ait faites avec ANATHEMA. Pas pour le prestige mais juste pour rendre hommage à ces personnes qui n’avaient rien demandé à personne. C’est horrible. Cela m’a vraiment affecté. C’est la pire chose au monde, un crime contre l’humanité. On a eu le sentiment d’apporter un peu de lumière en jouant au Bataclan. Ce n’est pas grand-chose mais la musique continue de vivre. On n’est pas les seuls à avoir joué là-bas. C’est important. Un des moments les plus importants de ma vie en tous cas. On ne parle pas de gloire, d’argent ou de récompense. C’est juste un beau moment. Je te dis « Merci » donc pour cette interview et à très bientôt.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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