7 février 2025, 10:30

JINJER

"Duél"

Album : Duél

Quatre ans après leur dernier album « Wallflower », les Ukrainiens JINJER nous offrent leur cinquième album, « Duél », pour onze titres très attendus. C’est donc avec beaucoup de curiosité que je me lance dans l’écoute du morceau d'ouverture, "Tantrum", et il me cueille très directement avec ses blasts colériques appelant au déchaînement immédiat. Certains reconnaîtront le son de caisse claire devenu si distinctif, au service du jeu tout en brutalité de Vladislav Ulasevich. Pour autant, cette chanson bascule en deuxième partie vers un autre élément qui rend les morceaux du groupe si uniques : la basse d’Eugene Abdukhanov prend le lead mélodique entre tapping et douceur jazzy, accompagnée d’une batterie tout en subtilité.

Le morceau suivant, "Hedonist" rappelle aussi le groove qui s’installe au milieu de la lourdeur, avec la guitare de Roman Ibramkhalilov, qui offre un esprit chaloupé. A l’inverse, la guitare sait prendre des accents djent sur "Green Serpent" par exemple. Les structures des chansons s’affranchissent de trop de rigidité, le metal progressif échappe aux clichés de composition, tout en offrant des passages qui sauront à la fois susciter des moments de mosh-pits déchainés ("Rogue", "Fast Draw") mais aussi des instants d’émotions douces amères ("Someone’s Daughter", "Tumbleweed"). Si l’écoute de l’album est d’une grande intensité, j’admire aussi la qualité d’écriture des lignes de chant par la charismatique Tatiana Shmayluk, dont le placement et la polyvalence sont pour moi totalement travaillés pour sortir des attendus, en adoptant parfaitement les signatures rythmiques atypiques et versatiles qui ont fait la renommée du quartette.

Les textes sont évidemment imprégnés des conséquences du conflit en Ukraine, mais aussi de thématiques plus introspectives comme une vision désabusée de la vie sur "Kafka", les addictions ("Green Serpent", "Hedonist"), ou la quête de soi ("Someone’s Daugher"). Si l’angoisse se montre une compagne qui nous hante sur "Dark Bile", c’est probablement le morceau de clôture, "Duél" qui lève le voile sur l’élévation de soi par-delà son propre passé. Conflit ou paix, haine de soi ou bienveillance, survie ou addictions, cet album bien nommé est en perpétuelle dualité musicale, tout en offrant une expérience globale harmonieuse et en puissance qui saura nous transcender en live.

Blogger : Carole Cerdan
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Carole Cerdan
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