12 février 2025, 23:59

TOTO

@ Paris (Zénith)


Le débat est dépassé depuis des années et je ne perdrai pas de temps à justifier, une fois de plus, la raison pour laquelle TOTO se retrouve dans HARD FORCE. Oui, on peut aimer le metal et toute une ribambelle de ses sous-genres, même extrêmes, et vouer une admiration pour le talent d’écriture, d’harmonie, de technique de ces musiciens qui ont bien plus de choses à raconter que les cinq ou six hits planétaires auxquels le grand public les cantonne.
Même si un seul de ces hits suffirait à combler la carrière toute entière d’un artiste.
Voyez-vous, TOTO et moi, c’est l’histoire d’un gamin qui entend “Hold The Line” le premier jour de sa diffusion à la radio et qui tombe à la renverse au moment de son solo de guitare…
Le même adolescent qui se retrouve, quatre ans plus tard à l’Hippodrome de Pantin pour la première date française dans l’histoire du groupe - le 24 septembre 1982 précisément - cinq mois après le quatrième album “IV” qui lui permettra de rafler sa ribambelle de Grammys. 

Alors, ce soir pluvieux de février 2025 en marchant vers le Zénith, je me remémore les conditions rudimentaires de ce premier show sous chapiteau, 4 décennies plus tôt, qui avait permis de découvrir un groupe exceptionnel live, rock et absolument pas aseptisé et mièvre comme les médias railleurs de l’époque le décrivaient, du temps où les frères Porcaro étaient trois sur scène et que Bobby Kimball (avec béquilles ce soir-là) prenait les parties vocales les plus périlleuses.
Il y a toute une histoire aussi avec ce lieu : la première tournée avec Joseph Williams, la suivante aussi deux soirs d’affilée, et puis celle d’après, en 1990, avec un autre chanteur, l’éphémère et dispensable Jean-Michel Byron.
Pas le meilleur souvenir sur scène d’ailleurs, mais en revanche un moment inoubliable backstage pour mon unique interview avec le regretté génie du rythme et du shuffle, Jeff Porcaro.

Et il y en a eu une flopée d’autres, de Zénith, jusqu’à aujourd’hui, où TOTO n’est plus tout à fait TOTO, depuis que Lukather et Williams sont devenus les derniers gardiens du temple. Il y aurait donc beaucoup à redire sur l’esprit d’origine, l’absence de la plupart des fondateurs, mais ce serait injuste face à la qualité remarquable du show présenté sous l’intitulé “Dogz of Oz Tour 2025” et faire injure au brillant line-up déjà validé l’année dernière.
Un intérêt d’abord dans la set-list remaniée : 16 titres qui offrent le retour de deux bijoux tirés du maudit “Isolation” : “Carmen” et “Angel Don’t Cry”. Ils doivent indéniablement leur présence à celle du remarquable Dennis Atlas, qui attaque toutes les parties les plus hautes du répertoire. Présenté à Lukather par Ron “Bumblefoot” Thal, il est devenu un atout-maître du nouveau TOTO. Retour du toujours enthousiasmant “White Sister” à la fin épileptique, réapparition de “I Won’t You Hold Back”, TOTO privilégie pratiquement plus les 10 premières années de sa carrière que la suite, et ne va d’ailleurs pas au-delà des années 90 avec “Mindfields” et “Don’t Chain My Heart”. Sur ce dernier, Steve Lukather joue sur une guitare ayant appartenu à Jeff Beck - je n’ai pas noté si c’est l’une de celles qui sont parties aux récentes enchères à des prix strat…osphériques - mais il y prend plaisir et l’émotion doit être énorme, lui qui a partagé la scène au Japon avec le maître en 1986.


Le guitariste - ça n’a pas toujours été le cas - est aujourd’hui le pivot central, mais aussi la caution hard rock de TOTO avec tout ce que cela comporte de spectaculaire dans son jeu. Il est quasiment infaillible et semble pourtant prendre des risques à chaque instant. Le chant en tournée a toujours été sa fragilité lorsqu’il enchaîne les dates, mais il peut compter sur le soutien de pas moins de quatre autres chanteurs sur scène pour le seconder. Justement, le chant. De mémoire, sur la décennie écoulée, je trouve que Williams n’a jamais été autant en place que sur ce concert. Il est certes bien épaulé, mais c’est comme s’il avait recouvré une étendue vocale qu’il n’atteignait plus depuis pas mal d’années. 

Dans le jargon des musiciens californiens revient souvent le terme de “cat” pour qualifier un gars qui assure méchamment le job. Et que ce soit le légendaire Greg Phillinganes (claviers, chant), Warren Ham (sax, percussions, chant, flute, harmonica), John Pierce (basse), Dennis Atlas (claviers, chant) et Shannon Forrest (batterie), ces dogz sont de sacrés catz. Ils ne font pas oublier les trois frangins fondateurs, mais ce qui les soude, c’est une amitié palpable et un respect mutuel qui laisse la place à chacun d’exprimer son talent. L’exprimer, pas l’étaler.

TOTO, c’est la capacité d’avoir écrit des standards populaires tout en étant dans l’excellence technique, de brasser les genres et de créer des passerelles : du rock à la pop, du jazz au rock progressif et au hard rock.
Voilà pourquoi, 47 ans après son premier album et même s’il tarde à en sortir un, TOTO affiche toujours complet en France.
Peu importe ce qu'ont pu penser, dire ou écrire toutes ces années les snobs intégristes du rock à trois accords : TOTO est toujours là.
 

Blogger : Christian Lamet
Au sujet de l'auteur
Christian Lamet
Christian Lamet est réalisateur, journaliste et producteur pour la télévision et le multimédia...entre autre. Fondateur en 1985 du magazine HARD FORCE, il en a été le rédacteur en chef durant ses quinze années de parution en kiosques. Depuis, l'aventure HARD FORCE a repris en 2008 sur le web, devenant ainsi le plus ancien média metal en France toujours en activité encore mené par son fondateur. Christian est également producteur et réalisateur de l'émission METALXS et créateur du media digital HEAVY1 en partenariat avec LIVE NATION FRANCE.
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