
En direct non pas des pistes de skis bondées de ce mois de février mais des cimes enneigées de paysages infertiles, la team plutôt noire et crasseuse qu’immaculée que forment Crapulax, Clément et Aude vous apporte de quoi vous réchauffer les entrailles. Au programme des réjouissances glacées, du black metal cinglant, des rythmes percutants, du death puissant. Bref, la récolte hivernale est abondante.
POTHAMUS : « Abur » (Pelagic Records)

Le trio belge POTHAMUS n’a pas fini de faire parler de lui. Avec son savant mélange de post metal / sludge, de drone, de rythmes chamaniques et d’ambiances hypnotiques, il revient cette année avec un deuxième album fabuleux, envoûtant, complètement addictif. Les six titres de « Abur » sont une immersion dans un monde à la fois tribal, primitif mais aussi céleste et urbain.
Les tambours cathartiques sont la base solide de chants éthérés et les riffs lourds et telluriques sont autant de matière pour les vocaux gutturaux imposants. Des titres percutants comme le très sombre et viril "Ravus" ou le chaotique et dissonant "Savartuum Avur" contrastent avec l’hyper atmosphérique et bourdonnant "De-Varium" ou le méditatif "Ykavus".
Tout dans POTHAMUS est une accroche pour l’oreille et pour l’esprit. Si les influences sont grandes, d’HEILUNG à BRIQUEVILLE, elles sont aussi maîtrisées et l’ensemble de la musique de « Abur » présente une grande unité et un surtout une ambiance des plus prenantes.
Jusqu’au bout du dernier titre éponyme de l’album, avec ses vocaux caverneux, ses riffs dissonants et sa pulsation lourde, on reste scotché, captivé. Bravo POTHAMUS !
(Aude Paquot)
LE DESESPOIR : « Ville » (Remparts Productions)

Remparts Productions fait partie de ces labels français qui savent dénicher des pépites obscures et extrêmes telles qu’on les aime. Parmi elles, le petit dernier one-man band de Toulouse, LE DESESPOIR, allie tous les ingrédients d’un excellent black metal atmosphérique : un son brut, cru, des guitares simples, des passages aériens, des rythmes blastés, des hurlements habités et une grande mélancolie. Le côté depressive black est très présent mais les deux titres de ce premier album « Ville » mélangent de nombreuses influences qui apportent plein de nuances.
Le premier morceau éponyme de l’album de plus de quarante minutes se veut avant-gardiste et funeste, surtout en deuxième partie, avec des inclusions de passages sonores dissonants et des hurlements d’outre-tombe saisissants pour arriver, tout en progressivité à un black metal rapide et glacial.
Le bien plus court (quatorze minutes tout de même) "L’Immaculée Croyance en l’Orage et la Tristesse" présente une trame plus classique de black metal atmosphérique, cinglant, désespéré, mais puissant. LE DESESPOIR est plus qu’un nom de scène : c’est l’incarnation d’une musique dans laquelle l’état d’esprit joue un rôle précieux, symbole d’une inspiration qui vient des tripes. A suivre.
(Aude Paquot)
PLEDGE OF SILENCE : « Guilty as Charged » (Autoproduction)

Sans surprise aucun vice caché n’est à signaler sur ce nouvel EP des Parisiens qui bastonne une fois encore vite, juste et fort. Voilà un disque à la pochette menaçante qui en dit long sur ses intentions diaboliques : sortez Synthol et Baume du Tigre pour encaisser une vingtaine de minutes viriles en diable qui ne souffrent d'aucun temps mort.
Si ce n'est sur ce "Gyrus" qui déboule à mi-parcours et a le mérite d'aérer cette partition diabolique. Pour le reste, on claque des moulinets en terrain connu et l’on se régale d’accélérations en règle, de vocalises éraillées et d’une cognée bien bûcheronnesque.
Comme sur cette reprise du combo italien REPRISAL, "War for Refoundation », qui clôt les débats avec hargne. Mais derrière ses aspects bourrus de prime abord, cet EP fait également preuve d'une rigueur d'exécution quasi militaire qui se dévoile au fil d'écoutes attentionnées.
Que ce soit sur ces parties de guitares-mitraillette exécutées sans faux col ou un break maousse costaud noyé dans ce déluge de violence qui fait son petit effet, il y a ici de quoi rassasier tatoués et chevelus fans d’ARKANGEL, ALL OUT WAR ou BURNING SKIES. Pas forcément original, certes… mais foutrement jouissif !
(Clément)
VACUOUS : « In His Blood » (Relapse Records)

Fondé du côté de Londres en 2020 et récemment signé chez Relapse, VACUOUS propose avec ce deuxième album une bonne dose de death metal féroce et old school en diable. Intenses et sauvages, les guitares tournoient, la batterie, elle, est littéralement débridée, accompagnant sans jamais baisser la garde ce magma compact qui annihile toute forme de résistance.
Le quintet écrase les esgourdes par ses changements de rythmes, les tempos plus massifs et suffocants qui se mêlent aux embardées fulgurantes qui déchirent et lacèrent sans répit. A l’écoute des terrifiants "Hunger" ou "Flesh Parade", l'on imagine sans peine un no man’s land ravagé par une guerre qui n'en finit plus.
Une terre noirâtre qui se pare de reflets écarlates au son d'un "No Longer Human" qui prédit quant à lui un dernier assaut aux relents…de terre brûlée. Mais c’est à mon sens sur "Public Humiliation" où VACUOUS démontre tout son savoir-faire à grand renfort de doom caverneux avec une pointe de mélodie nordique qui enrobe le tout. Une lente et inéluctable descente dans les entrailles de la bête ponctuée de lourdes embardées ténébreuses à souhait. Bénéficiant en plus d’une excellente production, abrasive et puissante, le groupe met la barre haut en matière de death metal en ce début d’année…qui s’annonce trépidante !
(Clément)
AZELMA : « Swallowed By My Own Sins » (Nova Lux Productions)

En fin d'année dernière sortait ce magistral EP de manière presque anonyme et pourtant !
Mixé et remastérisé par des gars qui ont fait leurs preuves, à savoir Gauthier Serre (IGORRR) et Thibault Chaumont (Carpenter Brut, MASS HYSTERIA), bénéficiant même d'un clip-vidéo à sa sortie ("Prométhée" suivi du titre éponyme quelques mois plus tard), ce petit bijou de death metal progressif possède de solides arguments à faire valoir. Quant à la pochette, elle représente un autoportrait de la jeune et talentueuse photographe Léa Tavolaro qui a donc pris ce cliché.
Originaire de Nice, si AZELMA (ex-LEIPZIG) cite volontiers GOJIRA, DEATH et CATTLE DECAPITATION comme principales influences, chacun de leurs titres en dévoile beaucoup d'autres qui vont bien au-delà. Au très nerveux "The Greatest Moment Of Your Life", le pachydermique "Prométhée", à l'alambiqué "Under The Rug" répond le massif "Perception Fatale" : quelle belle richesse technique pour un groupe aussi jeune !
A l'écoute de ce « Swallowed By My Own Sins » assurément on se dit que le meilleur est à venir.
(Crapulax)
FATAL : « Apocalypsis » (Metal Exhumator)

Né des cendres de NOMED, vieux groupe de thrash de la scène française des années 90, FATAL a sorti 2 albums, « Eskhaton » en 2003 et « Barbarism » en 2007, avant de s'accorder un hiatus d'une petite dizaine d'années.
Les voici donc de retour en 2025 avec une motivation retrouvée via ce troisième album pour le moins surpuissant, technique et très nerveux.
Toujours dans la veine thrash, en français dans le texte cette fois-ci, FATAL étonne en bien des égards. D'abord par les prouesses des parties solo des guitares (mention spéciale au titre "Fascination" avec l'intervention d'Alexis Seminel de KAUSE 4 KONFLIKT, de Geoffroy Lebon de NO RETURN et de Fack ex-BENIGHTED notamment). Ensuite par les parties du batteur, peu avare en frappes et en utilisation généreuse de la double pédale ("Devoration").
Enfin parce que finalement « Apocalypsis » se révèle un album rapide, percutant, tellement bien composé qu'on aurait aimé une version instrumentale et plus que correctement produit : on ne peut qu'être agréablement surpris par le dernier FATAL !
Il n'y a qu'un mot à dire : bluffant !
(Crapulax)