18 mars 2025, 18:53

BORGNE

Interview Bornyhake


Bornyhake, leader et compositeur du duo de black metal industriel suisse BORGNE, nous parle de son dernier album en date « Renaître de ses Fanges ». Entre tourmente émotionnelle, misanthropie et nécessité d’exprimer sa souffrance, il nous en dit un peu plus sur ce qui l’inspire depuis maintenant vingt-cinq ans.
 

Le onzième album de BORGNE est sorti le 14 mars ! Que de chemin parcouru depuis 1998. Te souviens-tu de tes débuts ? Comment vois-tu ton évolution en 25 ans de carrière ?
25 ans déjà ! J’avais 16-17 ans, je me souviens que je passais ma vie dans ma chambre à enregistrer BORGNE sur deux enregistreurs cassette que j’utilisais en alternance. J’enregistrais sur le premier, puis je balançais la première piste et je jouais par-dessus sur le deuxième enregistreur. Une boîte à rythmes pas terrible, quelques grattes de clavier et du chant, un sacré bordel ! Je ne voulais pas faire de concerts, je ne voulais pas transmettre de message, d’où les appellations très simples des premiers albums. Aujourd’hui, je fais de la scène accompagné de mes chers musiciens, je veux transmettre quelque chose à l’auditeur. J’enregistre toujours seul chez moi, mais avec un programme légèrement meilleur que mes vieux enregistreurs cassettes. Le projet a pris quelques tournants musicaux pendant ces 25 ans, mais BORGNE reste du black metal mécanique, froid, hypnotique et négatif.

BORGNE était au départ un one-man band, il est aujourd’hui un duo masculin et féminin. Qu’est-ce que l’arrivée de Lady Kaos a changé ? Comment s’est construit ce duo et quelle est la place de chacun dans la composition des morceaux ?
Lady Kaos, amie de très longue date, est arrivée dans le projet dès la création du line-up pour le live. Depuis ce moment-là, elle a toujours participé à quelques morceaux de tous les albums sortis. Je m’occupe toujours intégralement de la composition des albums, mais elle ajoute une couche d’obscurité. Nous travaillons toujours à distance, dans la solitude la plus totale.

Les huit nouveaux titres sont donc regroupés sur un album du nom de « Renaître de ses Fanges ». Comment s’est fait ce choix ? Qu’est-ce que cela symbolise pour toi ?
Cet album symbolise une renaissance personnelle, mais également la renaissance de BORGNE après « Temps Morts ». Il faut imaginer un être sombrant dans sa propre fange, suffocant, qui renaît plus fort, mais toujours dans cette même dimension asphyxiante et sombre. Cela relate simplement ce qui se passe dans ma vie et dans ma tête, comme dans les albums précédents. BORGNE n’est que le miroir de mon âme. J’ai effectivement vécu une période particulière dans ma vie, avec des bouleversements et des moments pas très agréables, des moments où je ne me reconnaissais plus.

Ton black metal est froid, incisif, millimétré et pourtant, il semble très introspectif aussi. Qu’est-ce qui te pousse à la composition de nouveaux morceaux ?
Je ne choisis pas le moment où je commence à composer un album. L’inspiration débarque comme la foudre, me frappant généralement lors d’un moment de distorsion extrême de mon existence. Cette étape est très spéciale et se déroule uniquement dans ma tête. Pendant tout le processus de création, je n’enregistre rien, je ne compose pas avec des instruments, je n’écris rien. Cette étape peut durer de 3 jours à 3 ans. Quand tout est terminé, je commence la phase d’enregistrement.

De la même façon, tes titres sont plutôt longs pour des morceaux de black metal, souvent autour de 8 minutes, voire plus de 10 minutes pour "Même si l’Enfer m’Attire dans sa Perdition". Est-ce le temps nécessaire pour plonger l’auditeur dans les différentes atmosphères des chansons ? Lui faire vivre une sombre expérience, au-delà d’une simple écoute musicale ?
Je ne compose pas de morceaux en tant que tels, mais un album intégral, comme une histoire, où les morceaux ne sont que des chapitres. La séparation des morceaux vient plus tard dans la phase de création. L’album pourrait bien ne contenir qu’une seule piste. BORGNE devrait s’écouter par album et non par morceaux, je ne remercie pas les plateformes de streaming qui poussent les auditeurs à la playlist...

Le français est la langue de prédilection pour le chant de BORGNE. Est-ce la plus appropriée à la description de tes sentiments ?
J’ai chanté en anglais, en français et même en grec. J’aime expérimenter, et quand le message doit passer, cela se fera dans n’importe quelle langue. Cependant, quand l’inspiration arrive et que l’urgence de l’exprimer est intense, le français viendra en premier car c’est ma langue du quotidien.


Si on considère les différents titres, il semble que la douleur, la mort, les souffrances psychologiques soient tes thèmes de prédilection. Est-ce que BORGNE permet uniquement de mettre en musique ce qui te tourmente dans la vie réelle ou est-ce que tu puises aussi ton inspiration dans la fiction ?
Je ne fais pas dans la fiction, je dois chanter ce que je vis et vivre ce que je chante. BORGNE est le reflet de mon âme. Mes émotions sont intenses et je ressens généralement les choses très profondément. Une forme d’hypersensibilité, mais surtout un énorme décalage entre mes émotions, mes ressentis et le monde dans lequel je vis.

Qui sont les fantômes représentés sur la pochette de l’album ? Qu’est-ce qui a inspiré cet artwork et qui s’occupe des visuels pour BORGNE ?
Les fantômes sont les âmes errantes dans ce monde. Sommes-nous déjà morts ? Sommes-nous vivants dans un monde de morts ? En général, j’ai une image très claire dans ma tête qui accompagne ma musique. Il faut juste trouver un artiste capable de traduire mes mots et esquisses en image.

Y’a-t-il quelques dates de concerts prévues pour promouvoir la musique de « Renaître de ses Fanges » ?
Nous avons deux dates annoncées pour le moment : Rituel Noir à Querrien en France le 3 mai et l’Abyss Festival à Hauteville en Suisse le 27 juin.
Je vous laisse sombrer dans l’écoute de ce dernier opus, accompagné d’un vieux whisky et d’un cigare.
 

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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