Jusqu’ici, nous n’avons guère parlé de ce groupe suédois et c’est un tort auquel nous allons nous efforcer de remédier...Tout d’abord FRANTIC AMBER est une formation de death metal mélodique originaire de Stockholm, formée en 2008. Sa particularité est d’être exclusivement féminin et ce nouvel album montre que la féminité n’est ici, en rien, un détail, mais clairement une valeur ajoutée à ce genre musical. « Death Becomes Her » est leur troisième album, un concept album qui aborde les tueuses en série. A contre courant des affaires judiciaires qui défraient la chronique actuellement, FRANTIC AMBER rappelle que le genre féminin est avant tout humain et que sa nature n'échappe pas à la réalité la plus sombre de la maladie mentale. Malgré l’orientation death metal, l’esprit de cet album flirte toutefois avec celui du black metal car parler de ces femmes fait immédiatement écho à la plus aristocrate d’entre elles : la comtesse Bathory.
Un album tend vers la perfection quand le plaisir de la découverte commence par le visuel. Cet instant où votre regard est capté par l’image. Où le temps reste suspendu par l’imaginaire qu’il éveille en vous. C’est le cas avec cette barque au centre de laquelle se tient debout une incarnation féminine de la mort. Contrairement à sa représentation traditionnelle, son arme n’est pas la faux, mais un bâton de pouvoir. Elle navigue sur un lac de sang où la lumière lui donne une couleur ambrée et y laisse apparaître une multitude de cadavres. En arrière-plan, un arbre laisse deviner dans la brume un pendu. Plongé dans la frénésie d’horreur, il ne fait plus aucun doute que la mort c’est elle.
En guise d’introduction "El Orfanato" nous emmène dans un orphelinat, écouter la complainte de voix féminines semblant venir d’outre-tombe. Cela débouche d’entrée par la superbe agression musicale de "Bloodbath" qui propose une course maléfique et sanglante. Plus lent, "Black Widow" commence par un passage épique avant de proposer des couplets groovy dominés par le chant cauchemardesque d’Elizabeth. Le refrain, plus rythmé, propose un riff rapide, mélodique et orchestral. Avec ses faux airs de "The Call Of Ktulu", la chanson qui donne son nom à ce 3e album, "Death Becomes Her" est lancinante. Son arpège et son orchestration rendent le chant de la frontwoman irrésistible. Amenée par un chœur, "Hell's Belle" relance le disque avec une nouvelle course meurtrière dans un décor de La Petite Maison dans la Prairie, puisqu’elle raconte l’histoire de Belle Gunness qui vivait dans une ferme de l’Illinois où elle attirait des hommes avant qu’ils ne disparaissent mystérieusement...
Epique, le lancinant également, "Angel Maker" évoque le destin tragique de ces êtres vivants non voulus que l’on renvoie dans le monde des morts. Troisième course meurtrière, "Jolly Jane" est peut-être le morceau le plus brutal de l'album. Il propose notamment des passages frénétiques composés de blast-beats et des growls aux intonations animales, quand "Gore Candy" lui, est un titre grind ultra-rapide. Le dansant "The Butcheress" est une invitation à une macabre leçon de cuisine, alors que "In The Garden Of Bones" termine cette immersion dans le monde de la folie au féminin, sur une note orientale avant que l’outro instrumental "Epitaphium” ne vienne, en guise d’épitathe, clore joliment ce voyage en enfer.
Avec « Death Becomes Her », FRANTIC AMBER réussit majestueusement à mettre en musique l’horreur d’une facette de la folie humaine qui n’est pas l’apanage exclusif de la masculinité. La voix d’Elizabeth Andrews est magnifiquement cauchemardesque. La puissance et la justesse de la nouvelle recrue Laura Hernandez impose un rythme frénétique tout en relief, complété par le groove de la bassiste Madeleine Gullberg Husberg apportant la lourdeur nécessaire à une telle œuvre. Enfin, les mélodies de la guitariste Mio Jäger colorent et illuminent un ensemble qui, à aucun moment, ne sombre dans l'écueil de l’ennui ou de la monotonie. La valeur ajoutée du death metal mélodique de FRANTIC AMBER réside dans l'intégration des éléments thrash, black, progressif, heavy metal classique et aussi symphonique.