30 mars 2025, 23:59

GREENLEAF + HIGH DESERT QUEEN

@ Wasquehal (The Black Lab)

Quelle claque ! A la fin de l’explosive prestation de HIGH DESERT QUEEN, les spectateurs présents au Black Lab se regardent des étoiles dans les yeux. Ryan Garney, vient de remonter sur scène après avoir chanté le magnifique "Solar Rain" – longue promenade qui débute sous un ciel apaisé, dans un clame cosmique, avant d’éclater en orage pour finir dans le chaos d’une tornade – et remercie de tout son cœur un public conquis. Le charismatique frontman n’a eu de cesse d’arpenter la scène, d’alterner entre deux micros pour varier les ambiances, de multiplier les petits sauts, regard exorbité, comme possédés par des compositions aux mille éclats, qui mêlent le groove ("Palm Reader") et la lourdeur, qui unissent des plages apaisées et des passages puissamment heavy ("Death Certificate", où, sur l’album, intervient Emma Näslund, de GAUPA) ; elles offrent ce que le desert-rock a de meilleur.

Si le batteur est lui aussi expressif, le guitariste, Rusty Miller, visage marqué par la vie, yeux clos, se concentre sur son jeu fuzzy, parsemé de soli généreux en pédale Cry Baby. Il se lance dans de longues tirades instrumentales, parfois bluesy, invitations à un voyage dans l’espace. A la basse, la fille de Rusty, discrète elle aussi, assure sans faillir ses parties. Bien sûr, Ryan Garney, t-shirt blanc ornée de l’inscription "Don’t be a puppet", attire tous les regards. Ravis de jouer pour la première fois en France, il remercie sans cesse la foule, répète à l’infini que le groupe vient du Texas et dédie le magnifique "Head Honcho" et son refrain traînant, aux membres de GREENLEAF. Attentifs, les Suédois regardent ce concert à l’intensité volcanique, brûlant comme la lave en fusion. Pas facile de passer derrière un tel flot d’émotions, un tel torrent de sensations.

La tâche de GREENLEAF s’annonce d’autant plus ardue qu'Anvid est sévèrement grippé ; la vie est rude en tournée. Malgré les litres de grog concoctés par le Black Lab, l’état du chanteur, à 40° de fièvre, ne s’améliore pas et oblige le groupe à amputer sa prestation de deux morceaux. A la trappe "Different Horses" et "Pilgrimes"... mais, grand soulagement, le sautillant, quasi pop, "Let It Out" clôt comme prévu le concert, mais, avec un chanteur à l’agonie, il perd de son peps.

Si la section rythmique – Hans, le toujours souriant bassiste, et Sebastian, le solide batteur, à la fête sur le zeppelinien "Breathe, Breathe Out" – tient son rôle à merveille, le poids du concert repose sur les épaules, ou plutôt entre les doigts, de Tommi Holappa. Le guitariste, dans son t-shit où est écrit en quatre mots une philosophie de vie "COFFEE, DOOM AND SLEEP", bondit sans cesse, se démène comme un lutin surexcité, bedonnant et barbu, en parfaite adéquation avec la chanson guillerette qui fait office d’intro. Il avale une gorgée de bière, balance d’un coup de pied la bouteille, va d’avant en arrière, offre une grimace aux photographes mais, jamais au grand jamais, ne néglige son jeu. Il brille sur "Electric Ryder", instrumental bien nommé, et offre une interprétation ciselée, gorgée de fuzz, de compositions 70’s (le purplien "Our Mother Earth") et rock'n'roll ("Good Ol’ Goat").

La musique de cette émanation de DOZER, qui sévit depuis plus de 25 ans désormais, offre une bonne dose de groove et lorgne parfois vers un blues à la mode DOORS. Malgré les difficultés compréhensibles d’Anvid, dont il faut saluer le courage d’avoir donné toute l’énergie qu’il lui restait, GREENLEAF, en vieux routard, a signé une prestation enthousiasmante. Rendez-vous au Black Lab le 23 juillet pour une nouvelle dose de stoner avec KING BUFFALO ; la salle de la banlieue lilloise ne cessant d’offrir de précieuses soirées aux amoureux des musiques du désert.

Photos © Sébastien Feutry - Portfolio
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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