
Cette fois, les lumières se sont allumées au-dessus de la fosse, comme pour souligner toute l'intensité de la scène. Alors que Fred Durst et sa bande débitent "Break Stuff" pour la deuxième fois de la soirée, deux gigantesques circle-pits se forment, traversant Bercy de part en part. Chacun rassemble ses dernières forces et se jette dans la dernière bagarre d'une soirée débutée plus de quatre heures plus tôt avec la boule d'énergie Karen Dió.
D'un show peut-être un peu trop répété mais sincère, c'est en effet la Brésilienne qui se charge de lancer les hostilités en embarquant Loserville dans son "sick ride". Une demi-heure d'un punk déjanté en guise d'échauffement et une belle entrée en matière pour un Bercy qui se remplit peu à peu. Une très belle découverte pour débuter la soirée. Le premier intermède est l'occasion de faire la rencontre de Jon Carnage, notre hôte du soir. Son rôle ? Faire passer le temps entre chaque concert en vannant le public et esquivant les centaines de gobelets jetés dans sa direction en réponse. Au fait, vous avez acheté son t-shirt, vous ?
Vient ensuite le tour de N8noface de monter sur scène. Et de déconcerter totalement le public, qui ne sait pas vraiment s'il doit rire ou grincer des dents face à cet homme venu se dandiner sur scène, seulement accompagné de son micro et son ordinateur. L'interaction se fait pourtant peu à peu, alors que le trublion nous raconte sa vie, entre 17 ans d'addiction à la drogue, et sa fierté de pouvoir enfin voyager à l'étranger pour partager son art. Il n'empêche que l'ambiance est quelque peu retombée. Qu'à cela ne tienne, puisque dans ce défilé de premières parties, la prochaine sur la liste n'est autre qu'Ecca Vandal. Cette fois ça y est, tous ceux qui étaient venus pour en découdre sont servis avec le son massif envoyé par la chanteuse et les musiciens qui l'accompagnent. L’œuvre de la Sri-lankaise, devenue sud-africaine et australienne, est totalement inclassable. Musique urbaine accompagnée de guitares ? Légèrement punk sur les bords ? Chacun est encore occupé à se faire un avis quand l'intéressée s'invite aux crash barrières pour un bain de foule, avant de déjà laisser la place.

À peine le temps d'évacuer les éco-cups une nouvelle fois balancés à la face de Carnage, que le mood change radicalement. Deux lascars ont fait leur apparition sur scène pour balancer leurs beats à la face de Bercy, devant un immense crâne crachant de la fumée. Car oui, le nom de BONES est clairement plus familier dans le milieu du hip-hop que celui du metal, fut-il nu et agrémenté de parties rappées comme avec LIMP BIZKIT. Une nouvelle illustration de la diversité musicale emmenée dans leurs bagages par les Américains lors de cette tournée. Du rap, les spectateurs en verront encore un peu avant de passer aux choses sérieuses. Deux minutes précisément, le temps de voir RIFF RAFF s'offrir un très court passage sur scène accompagné d'un type embarqué sur une voiture à roulettes. Peut-être une simple diversion, alors que Fred Durst et ses acolytes déboulent à leur tour sans attendre la fin du premier morceau et dégueulent les première notes de "Break Stuff".

Aussi surprise qu'euphorique, la fosse explose d'un seul coup. Une gigantesque mêlée se forme pendant que le légendaire frontman, perruque bouclée sur la tête, chante cette sale journée racontée mille fois depuis un quart de siècle. Puisqu'il est question de nostalgie, la question est vite posée : « qui assiste ce soir à son premier concert de LIMP BIZKIT ? » Une grande majorité de bras se lèvent, six ans après la dernière venue du groupe dans l'Hexagone. Ils auront donc l'honneur de hurler pour la première fois tous les hits du groupe, en commençant par "My Generation", suivi de "Livin' It Up" puis "Take A Look Around". « Quel bordel ici, on se croirait à Woodstock 99 », lance Durst, tout sourire. Le chanteur interagit sans arrêt avec la foule. « Les filles, n’écoutez pas les rumeurs disant que je fais juste ça pour les "Nookie" », plaisante-t-il encore avant d'interpréter le morceau.

Pour "Full Nelson", deux fans sont invitées à monter sur scène, dont l'une, déguisée en hot dog, a bien révisé ses screams avant de venir. À peine le temps de regagner leur place au premier rang que c'est l'heure de "Rollin'", accueillie avec une certaine violence par un public totalement incontrôlable dès les premières mesures de ce morceau iconique. Coiffé d'une sorte de casque de gladiateur aussi bariolé que le reste de sa tenue, Wes Borland régale. Cette fois, on en est sûrs : LIMP BIZKIT n'a pas perdu une gramme de l'énergie qui a fait sa renommée. À tel point que l'heure est venue de faire – un peu – redescendre la température. Les flashs de téléphone sont de sortie pour "Behind Blue Eyes". « Cette chanson a été écrite par un groupe qui s'appelle THE WHO, vous connaissez ? », interroge un Durst taquin.
Après le déchaînement du début, le show se fait plus calme, posé. Entre "My Way" et "Gold Cobra" s'intercale une reprise de NIRVANA. Alors que tout le monde attend désormais le bouquet final, le groupe ravive la mémoire d'un autre artiste : George Michael en invitant Bercy à chanter avec lui "Faith". Pas une grande réussite. En tout cas pas autant que le grand retour de "Break Stuff", hurlée pour la deuxième fois de la soirée à la face de 20.000 spectateurs en transe. Après seulement, les lumières ont pu s'éteindre.
Photos © Céline Kopp - Portfolios : LIMP BIZKIT, BONES, Ecca Vandal
