6 mai 2025, 23:59

BLOOD INCANTATION + MINAMI DEUTSCH

@ Lille (Aéronef)

L’Aeronef, dans une configuration réduite à 600 places, accueille une affiche intrigante où BLOOD INCANTATION, sensation death metal aux horizons élargis, est précédé en première partie d'un étrange groupe japonais, installé en Allemagne, dont le nom reflète la double identité : MINAMI DEUTSCH.

Présenté comme un trio, les Nippons se présentent à quatre sur scène. Élégamment vêtus, ils offrent une plongée dans un monde à part, dans un univers où se mêlent circonvolutions psychédéliques, rythmes kraut-rock hypnotiques et éclairs de rage tellurique. Les morceaux, riches de longs passages instrumentaux, se noient dans des lumières mauves, dans une atmosphère 70’s, joués par des musiciens concentrés, comme happés par les notes envoûtantes qui jaillissent de leur instrument. Le bassiste utilise parfois un archet quand le guitariste, en mode beau gosse les yeux dissimulés sous des lunettes noires, se sert d’une sorte de plumeau ; naissent ainsi des sonorités inédites... comme cette mystérieuse ligne de six-cordes qui accompagne le quasi solo du batteur.
Le public, attentif, se laisse emporter par un chant monocorde, psalmodie qui invite à naviguer en lisière de l’inconscient, comme dans un rêve, une transe. Le dernier des quatre morceaux proposés en 45 minutes est une aventure qui débute à la frontière du religieux pour nager vers le rock avant une intense montée en puissance qui explose, sous les stroboscopes, en un final chaotique.


Avec son dernier album « Absolute Elsewhere », BLOOD INCANTATION a élargi son public, trouvant des fidèles hors de la famille death. A Lille, aux look metal pur jus s’agrègent les t-shirts PINK FLOYD et les dégaines arty ; tous ces fans de musique ont vécu un moment intense. Entre deux obélisques gravés de symboles extraterrestres, sous des lights d’une grande pertinence, les Américains offrent une prestation cosmique, une invitation à un voyage immobile, spirituel vers des galaxies où se rencontrent trous noirs à la puissance incontrôlable et étoiles à la lumière vertigineuse. Les parties death sont exécutées avec un brio à faire peur : les growls sont d’une force rare, les riffs offrent une palette variée, du thrash au quasi black, du tech au mélodique, la batterie claque ses blasts en toute limpidité, dans une fluidité rare. Les musiciens headbanguent à s’en arracher les cervicales, dégagent une énergie folle... puis, claviers psyché en avant, glissent vers le progressif, tissent d’oniriques atmosphères qui dessinent une bouleversante odyssée de l’espace.


Les vocaux deviennent clairs, presque déclamés comme une incantation pour appeler des créatures stellaires, une atmosphère vaporeuse enveloppe un Aeronef en apesanteur. L’hypnose n’est alors pas loin... avant que ne revienne, sans nuire à la cohérence du tout, une nouvelle partie death hantée par l’Ange Morbide. Les deux morceaux - "The Stargate" puis "The Message" - se déclinent ainsi, montagnes russes sublimes, au fil de leurs plus de 20 minutes respectives. Avant de prolonger le concert de deux morceaux, entrecoupés d’un solo de claviers, le groupe fête sur les planches l’anniversaire de son merch boy... souhaité en chanson par une salle conquise.

En bon frontman, Paul Riedl communique avec les fans, rappelant par exemple le passage en France de BLOOD INCANTATION en 2017. L’ancien "Inner Paths (To Outer Space)" et "Obliquity Of The Ecliptic", single sorti en 2024, concluent en toute agressivité une prestation majuscule... suivie d’une longue séance d’autographes, de selfies et de dons de mediators au pied de la scène. Une initiative généreuse qui compense les 35€ à débourser pour s’offrir le t-shirt de la tournée.
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK