Au Panthéon des groupes de death metal technique, FALLUJAH a toujours su trouver une place de choix au fil des années. Seul membre restant du line-up originel, Scott Carstairs fait figure de vétéran virtuose de la guitare, lui qui a cofondé le groupe à 16 ans à peine. Trois ans après « Empyrean » et à la suite d’un déménagement dans le Tennessee, le groupe américain affiche une formation remaniée pour servir l’excellent « Xenotaph ».
Si le bassiste Evan Brewer est toujours prêt à apporter son groove indéniable, c’est l’occasion d’officialiser l’arrivée de Sam Mooradian en tant que seconde guitare, lui qui avait fait ses preuves lors des dernières tournées. Ses solos techniques complètent ceux de Scott, et c’est à lui que l’on doit la troublante intro dissonante de "The Obsidian Architect", en plus du clip de "Labyrinth Of Stone".
Autre recrue de choix our le live et les sessions studio, le batteur Kevin Alexander La Palerma (DISEMBODIED TYRANT entre autres) embrasse efficacement le choix de faire de cet album un moment d’extrême intensité. En effet, cette réalisation de "seulement" huit titres est sans conteste d’une densité jamais atteinte par le groupe globalement, au service d’une narration introspective qui commence dans une fausse légèreté de boîte à musique sur "In Stars We Drown", pour s’achever dans la noirceur sur "Xenotaph".
Si on retrouve le travail familier de riffs complexes et teintés de death sur "Labyrinth Of Stone", FALLUJAH s’autorise des incartades plus metalcore sur "The Crystalline Veil" qui pourra à juste titre rappeler le VEIL OF MAYA des années 2000, tout en alternant des rythmes syncopés, des solos de haute volée et un sublime sweeping. Le côté progressif est assumé dans la structure de "Kaleidoscopic Waves", mais côtoie judicieusement de gros blasts et une guitare épique. Les amateurs de technicité brutale trouveront leur compte sur "Step Through The Portal And Breathe", tant la rapidité et l’audace d’exécution pourront tenir la dragée haute à du NECROPHAGIST, tout en lorgnant vers une modernité à la limite du djent par moments. Ajoutez à ça un solo tragique... frissons garantis !
L’évocation de cet album ne serait pas complète si nous ne nous attardions pas sur l’extraordinaire travail du chanteur Kyle Schaefer, arrivé en fin de processus créatif pour « Empyrean » et fort opportunément encouragé à prendre ses largesses sur « Xenotaph ». Et quel succès ! Kyle est capable de chant clair très pur, avec un incroyable travail d’harmonies et de chœurs ("A Parasitic Dream"), mais également de chant saturé varié, entre cris aigus et growl très lourds. Sa créativité n’admet pas de limite technique et quand on sait qu’il a en plus créé les nappes synthétiques qui viennent enrichir un album déjà fort bien pourvu, on se dit que le groupe d’aujourd’hui atteint une virtuosité gagnante !
Ce « Xenotaph » est probablement l’album le plus audacieux de FALLUJAH, sa richesse en fera une oeuvre à écouter et réécouter pour en cerner toutes les nuances tant il y en a, en attendant que le récit prenne vie sur scène, à la gloire de nos héros du death tech !