« À travers l'ombre, la lumière demeure. »
En toute honnêteté, 4 ans sans album de BORN OF OSIRIS, c’est bien trop long. Ayant été habituée à une sortie de la part du groupe de Chicago tous les 2 ou 3 ans, et étant restée époustouflée par l’excellent « Angel Or Alien », démonstration universellement saluée de metalcore progressif pro-djent-it, j’ai trouvé que 4 ans, c’était même terriblement long.
Il est important de souligner ici que BORN OF OSIRIS a pris un chemin assez mouvementé en ce qui concerne son line-up. Au début de l’année 2024, Joe Buras, claviériste et choriste de longue date, a annoncé son départ. Un nouveau bouleversement a eu lieu, le guitariste Lee McKinney a mis également fin à son long mandat au sein du groupe en mai de cette année. Perdre deux pièces maîtresses d'un groupe qui a su s'appuyer sur sa longévité est pour le moins peu optimal et aurait pu signifier la fin du groupe. Mais BORN OF OSIRIS a continué à progresser, et l’album « Through Shadows » semble être le produit du chemin cahoteux sur lequel ils se sont retrouvés.
Si le départ de Buras a soulevé de vives inquiétudes quant aux sonorités de cet album, le guitariste Nick Rossi a pris le relais des synthétiseurs et nous a offert sur cet album une masterclass parfaitement calculée, trouvant un juste équilibre sur chaque titre. Sur « Through Shadows », Rossi s'impose comme un véritable disciple du progcore grâce à ses seules contributions au clavier et l’interlude "Burning Light" en est la démonstration. L’ouverture de l’album, "Seppuku" (notion japonaise que nous connaissons aussi sous le terme harakiri, forme rituelle de suicide par éventration – ndlr) intègre des éléments électro qui confèrent à la chanson un aspect cyberpunk, que nous retrouvons souvent depuis l’album « The Discovery » de 2011.
En atténuant certaines sensibilités mélodiques qui ont donné à « Angel Or Alien » en 2021 leur structure expansive, « Through Shadows » mélange des nuances de « The Discovery » et de « Tomorrow We Die Alive » par touches subtiles. Entre "The War That You Are", "Inverno" et "Transcendence", Rossi et McKinney s'associent pour des riffs classiques et efficaces de guitare qui reveillent la nostalgie de tout fan du groupe, démontrant que « chaque apport majeur des membres au fil des ans se retrouve avec brio dans ce dernier disque », précise BORN OF OSIRIS, tandis que le batteur Cameron Losch domine la majeure partie du paysage instrumental avec une technicité impitoyable.
Mais si « Through Shadows » sonne comme un héritage sombre de l’activité de BORN OF OSIRIS jusqu’ici, quels éléments nouveaux ont pu être apportés ? L’introduction d’éléments au saxophone en fait partie sur des morceaux comme "Dark Fable" et "Activated". Ce dernier, fruit d’une collaboration avec Spencer Chamberlain de UNDEROATH, est un temps fort de l’album, insufflant un nouvel élan musical. Des aspects comme le chant clair de McKinney survole les formidables growls de Ronnie Canizaro, préservant ainsi l'image du tandem vocal auquel nous étions habitués depuis si longtemps tout au long de l’album.
Enfin, "Blackwater", où la mélancolie jusque-là audible se transforme en un air léger et presque euphorisant, donne à l'album une fin absolument magnifique, montrant que même à travers l’ombre, la lumière demeure.
Malgré toutes les épreuves et tribulations auxquelles ils ont dû faire face, les musiciens de BORN OF OSIRIS ont affronté chaque revers avec détermination et en sont sortis ameliorés. Bien qu'il ne représente pas le summum de leur discographie, « Through Shadows » est la preuve que BORN OF OSIRIS a non seulement la force de continuer, mais aussi la capacité d'évoluer encore.
