Vous n’êtes pas encore remis du premier album de fantasy doom de CASTLE RAT sorti en avril 2024 ? Vous en voulez encore ? Ça tombe bien, le deuxième album du groupe est arrivé le 19 septembre dernier. Pas de répit pour les braves : la Reine des Rats, le Comte, le Docteur de la Peste et le Druide reprennent déjà la route pour défier le Rat Faucheur et l’empêcher de prendre le contrôle du royaume.
Après « Into The Realm », « The Bestiary » poursuit le récit des aventures du quartet au fil des fables prenant comme personnage central un animal, réel ou imaginaire. Dragon, licorne, serpent, sirène et bien d’autres sont réunis dans cet album pour notre plus grand bonheur. Riley Pinkerton (dite "La Reine des Rats", chant, guitare), Franco Vittore (dit "Le Comte", guitare), Charley Ruddell (dit "Le Docteur de la Peste", basse) et Joshua Strmic (dit "Le Druide", batterie) nous plongent dans une ambiance toute médiévale au fil des treize titres du disque.
L’univers avait été amorcé avec le premier album : du doom au service d’une ambiance medieval fantasy transcrite dans des chansons énergiques, le tout mis en scène lors de spectacles alliant concert de metal, narration d’un conte et pièce de théâtre. De quoi rendre complètement accro. Le moins qu’on puisse dire, c’est que notre soif d’aventures est étanchée. Après l’introduction instrumentale de "Phoenix I: Ardent" portée par une batterie bestiale, place aux créatures magiques. Les premiers titres sont porteurs d’une énergie proche du premier album mais qui témoignent d’une maîtrise renforcée : la voix de Riley Pinkerton est encore plus envoûtante, les riffs et mélodies de guitare sont encore plus rapides (écoutez "Siren: The Pull of Promise" pour être convaincu.e que les nombreux concerts du groupe ont fait progresser la pratique de chacun des membres), la basse est toujours plus suave et la batterie, toujours plus impérative et directrice.
Comme dans un roman de chevalerie, les singles s’équilibrent comme autant d’épisodes : au rapide "Siren: The Pull of Promise" succède le lent et doux "Unicorn: Carnage and Ice" aux accords de guitare aussi charmants que la créature dépeinte. Le groupe pénètre alors dans des lieux magiques, "Path of Moss" et "Crystal Cave: Enshrined", qui semblent nous conduire plus loin dans l’univers et le style du groupe. Le premier est un interlude musical qui, tel une ballade à la guitare, nous berce et nous offre un moment de calme avant que le second ne nous emporte dans une taverne médiévale animée par le luth, également présent sur "Wolf II: Celestial Beast", et les nappes de synthétiseurs. Mais dans ce bestiaire, "Serpent: Coiled Figure" détonne : le single se fait l’avocat du diable et le point de vue narratif change pour nous placer dans la peau d’un serpent, créature jugée sournoise et malfaisante, mais dépeinte ici comme un être rejeté et plus sensible que prévu, à la discrétion aussi puissante que les synthétiseurs qui accompagnent la guitare à la fin du single.
Pour personnifier la créature au cœur de "Dragon: Lord of the Sky", la basse sature et se fait plus terrestre. Le contraste avec "Summoning Spell" et la réverbération apportée à la voix est saisissant : alors que l’un incarne la force brute, le deuxième est enchanteur au possible, prouvant que CASTLE RAT sait raconter des histoires animées mais aussi envoûter son public jusqu’à lui donner des frissons. Même contraste pour le dernier diptyque de l’album : "Sun Song: Behold the Flame" nous écrase par sa force brute et son déferlement sonore avant que "Phoenix II: Cinerous", son luth et son synthétiseur n’offrent une conclusion douce et calme à ce chapitre des aventures du groupe.
« The Bestiary » est un album qui stimule l’imaginaire de toutes les façons possibles et imaginables : en faisant appel à des références anciennes que l’on peut avoir en tête aussi bien avec les romans de chevalerie que les films des Monty Pythons ou les jeux de rôles, CASTLE RAT s’adresse à un public large et amateur d’aventures. Aussi cinématographique que littéraire et musical, le projet du quatuor a tout pour durer, fédérer et faire rêver.