14 octobre 2025, 18:29

IRON MAIDEN

"Live After Death" (1985 - Rétro-Chronique)

Album : Live After Death

Nous sommes (déjà) en 2025 et cet album fête ses... 40 ans !

« Scream for me Long Beach ! SCREAM FOR ME LONG BEACH !!! » Vous connaissez toutes et tous ou presque cette citation. Mais si la mythique salle californienne Long Beach Arena a ouvert en 1962, on peut dire que des centaines de milliers de fans du monde entier – et des millions depuis ! – ont pu situer l’endroit sur la carte et qu’elle est passée à la postérité grâce au définitif et cultissime album « Live After Death ». Et Dieu sait que la carrière d’IRON MAIDEN compte un paquet d’albums live, 17 en tout et pour tout, oui madame (cf. l’article « Live After Live… »). Mais si on ne devait en choisir qu’un, nul doute qu’il remporterait la victoire haut la main. Et pourquoi donc ? Eh bien ni plus ni moins parce qu’il s’agit de l’un des meilleurs – le meilleur mais je suis un tantinet subjectif sur le sujet – albums live metal de tous les temps, point barre. En 1985, AC/DC est dans le creux de la vague et METALLICA n’a pas encore fait trembler les fondations du thrash avec « Master Of Puppets » et a encore cinq ans devant lui pour s’asseoir sur le trône. Au milieu des 80’s, la Vierge de Fer témoigne alors de sa toute puissante hégémonie sur la planète cornue et n’a pas encore tout à fait finie de faire résonner les trompettes de la renommée chères à Brassens. 2 vinyles, 4 faces, 17 titres (20 avec les singles mais j’y reviendrai après) et autant de tables de loi dans des versions que l’on retrouvera ci et là sur d’autres disques en concert mais dont l’intensité n’égalera jamais celles de « LAD » comme le nomme les intimes. Décryptage, session souvenirs, infos, bref on monte dans la DeLorean direction le 14 octobre 1985 – et non le 26 – nom de Zeus !

 

Plus grandes salles, plus grand décor, plus loin vers de vierges contrées, plus fort, setlist plus longue. C’est simple, l’album aurait pu s’appeler « More After Death » car l’adverbe plus sied totalement à l’entreprise. Une démesure à l’image des pyramides d’Egypte dont MAIDEN s’est inspiré pour la tournée « World Slavery Tour » débutée le 9 août 1984 à Varsovie en Pologne. Une première pour un groupe de metal, de rock même et qui voyait l’Ouest passer à l’Est si l’on peut dire, derrière le rideau de fer précisément, ces dates en Pologne ayant été documentées dans la vidéo nommée avec à propos « Behind The Iron Curtain » et parue en 1984, un programme de 30 minutes – 58 sur la réédition double DVD de « Live After Death » de 2008. Surfant sur sa quatrième année consécutive d’activité discographique, le Club des Cinq, armé de son récent « Powerslave », déroule une flopée de morceaux tous plus irrésistibles les uns que les autres dont nombre resteront ancrés dans les setlists au fil des décennies. Une tournée si monumentale qu’elle sera rééditée à l’identique ou presque en 2008/2009 lors du « Somewhere Back in Time World Tour », décorum de temple, momie et tout le toutim reconstitués. On ne va pas s’attarder trois plombes sur des chansons que tout le monde connait, juste rappeler que les chanceux spectateurs d’alors auront apprécié "Flight Of Icarus" jouée ensuite en 1986-87 et qui disparaîtra des radars pendant 31 ans, "22 Acacia Avenue" que le groupe interprétera sporadiquement jusqu’en 2003 et plus jamais ensuite ou encore "Murders In The Rue Morgue" (face B du single live "Running Free" où l’on retrouve également "Sanctuary" qui ne figure pas sur le support audio mais qui est bien présent sur la vidéo). Une chanson qui a par ailleurs refait son apparition cette année pour le « Run For Your Lives Tour ». Niveau exclusivité, la palme échoit à l’instrumentale "Losfer Words (Big ‘Orra)" interprétée uniquement sur cette tournée mais qui n’apparait elle aussi qu’en face B de l’autre single live "Run To The Hills". Jamais avare de présenter ces nouveaux morceaux en live, on comptera cinq titres interprétés sur les huit qui le compose, mention spéciale au morceau-titre "Powerslave" et au poème du 18ème siècle qui scellent le tombeau des fans offerts en sacrifice au pharaon Eddie.

Une anecdote recensée par l’excellentissime site The Iron Maiden Commentary relate que lorsque Bruce annonce « Nice to see you, to see you is nice » (« Quel plaisir de vous voir, vous voir est un plaisir ») juste avant "Revelations", il cite en fait un autre Bruce, Forsyth en l’occurrence, un animateur TV anglais célèbre pour ses petites phrases et qui présentait dans les années 70 un jeu intitulé The Generation Game, débutant immanquablement ses émissions avec cette phrase. Voilà pourquoi on l’entend à l’issue émettre un petit rire, probablement à l’intention de ses comparses qui auront relevé l’analogie.


Si pour d’autres sorties live, IRON MAIDEN gravera sur cire une date unique, nous sommes ici en présence d’un patchwork de chansons captées entre la maison-mère, Londres, les 8, 9, 10 et 12 octobre 1984 et Long Beach, Californie donc où ils s’installèrent, également pour quatre dates, du 14 au 17 mars 1985. Steve Harris, père fondateur-leader et un peu bassiste à l’occasion indiquera que seule la date du 17 mars a été utilisée intégralement pour l’audio (Bruce semble en effet indiquer pendant "Running Free" qu’ils jouent pour la quatrième fois) quand la version vidéo elle, est un mix de plusieurs dates (le même Bruce indique que c’est la deuxième date à la fin de "2 Minutes To Midnight" et la vidéo « 12 Wasted Years » parue en 1987 parle du troisième soir ("The Trooper" et "The Number Of The Beast"). Ah ouais, faut suivre un chouia mais je ne vous ai jamais dit non plus que c’était une ligne droite ! En répartition audio sur vinyle, trois faces pour la Californie et la quatrième revenant à la Perfide Albion. S’exprimant en toute franchise dans les pages du numéro 16 de Hard Rock Magazine daté de décembre 1985, le chanteur confirme que le groupe a bien eu recours aux overdubs (enregistrements studio pour « réparer » les erreurs en concert). Ça casse un peu le mythe mais il s’en dédouane par une pirouette discutable : « Quel groupe n’y a jamais eu recours pour un album live ? » Faute avouée à moitié pardonnée ? Mouais, allez circulez… Le « World Slavery Tour » s’achève en mode « kit Ikea » le 5 juillet 1985 à Laguna Hills en Californie, les cinq membres du groupe étant totalement déglingués d’avoir été quasiment un an sur la route à un tel rythme. Adrian Smith sera particulièrement atteint et en tirera la chanson "Wasted Years" qui apparaitra l’an d’après sur « Somewhere In Time » quand Bruce Dickinson lui, voudra faire un album acoustique. « Non, mais allô quoi… » Plus de 300 jours passés autour du globe dans 28 pays pour près de 200 concerts 6 jours sur 7 généralement, on leur accordera qu’il y a largement de quoi vous rendre bouc. La France accueille MAIDEN à Annecy et Palavas les 25 et 26 août, ces deux veinardes ayant alors la primeur de morceaux inédits, « Powerslave » n’étant sorti que la semaine suivante, le 3 septembre 1984. Toulouse, Bordeaux, Nancy, Paris et Lyon s’ensuivront, avec selon les dates et villes, ACCEPT et MÖTLEY CRÜE comme amuse-bouche. Autres dates notables autour du globe, les cinq concerts donnés au Radio City Music Hall new-yorkais sur les sept prévus initialement, les deux derniers étant annulés pour cause de laryngite du chanteur. Impossible de taire la seule incursion en Amérique du Sud de cette tournée avec leur participation à la première édition du festival Rock In Rio. Devant plus de 100 000 personnes et un show retransmis à la télévision, MAIDEN délivre une prestation passée à la postérité depuis et qui, selon la légende, aurait fait dire au guitariste de QUEEN, Brian May, en les regardant jouer : « Mais comment on va faire après ça ? ».


Encore une fois magnifié par le travail sublime de l’illustrateur Derek Riggs, « Live After Death » est agrémenté d’un livret intérieur de quatre pages dans lequel on peut découvrir, hormis des photos diverses de l’équipe et du groupe sur scène ou en jours off, de nombreuses informations techniques (4 à 6 semi-remorques pour transporter l’ensemble de la production attestant que l’Europe et les Etats-Unis n’avaient pas eu tout à fait la même scénographie, ce que le groupe dans les interviews d’époque ne démentait pas), le matériel très détaillé utilisé par chaque musicien ou constituant leur gigantesque sono (152 000 watts) et son équipement lumière (70 000 watts soit 700 lampes selon infos) et ce, jusqu’au nombre de briques de lait consommées par l’ensemble de l’équipe sur la tournée ! Inutile certes mais fun. Les collectionneurs, à la sortie du disque ou au fil des ans, n’auront que le choix dans l’embarras pour augmenter leur nombre d’éditions de l’album et en glanant ci et là et dans différents pays de belles rééditions. En singles d’époque, "Running Free" et "Run To The Hills" tous deux en live disponibles uniquement en cassettes et vinyles 12", picture-disc 12" et en 7", pochette poster pour l’un, carte de Noël pour l’autre. Côté CD et pour son dixième anniversaire en 1995, une version double disque chez Castle Records pour les USA (avec un OBI, faits rare pour l’Occident) et EMI en Europe comprenant en bonus trois titres live non présents précédemment sur CD ("Losfer Words (Big ‘Orra)", "Sanctuary" et "Murders In The Rue Morgue"). En 1998, les US toujours qui proposent une version mini-vinyle puis en 2002 une édition dans un fourreau carton – tous les albums du catalogue ont bénéficié de ces traitements. En 2008, le Japon commercialise sa version mini-vinyle mais en mode replica avec OBI, insert, livret 8 pages et une autre en boitier jumbo. En 2020 pour la « Live Collection Remastered » en digipack, les fans ont le droit en complément à une figurine et un patch (quatre autres disques bénéficieront du même traitement : « The Number Of The Beast, « Somewhere In Time » et « Fear Of The Dark »). Côté vinyles et si l’on est amateur d’exotisme, il sera de bon ton de se procurer la version argentine, « En Vivo Despues De La Muerte », celle colombienne en deux volumes ou la vénézuélienne en pochette simple et, sur un autre continent, celle du Zimbabwe ou l’Afrique du Sud. Plus récents, ce sera les picture-discs de 2013 que l’on peut trouver en Europe et au Japon (OBI + insert 4 pages + feuillet arrière) mais qui ne font pas moins bonne figure chez soi. L’alternative vidéo permet d’acquérir une Betamax datée de 1985 en Angleterre, des VHS déclinées de nombreuses fois et quelques superbes artefacts d’antan, à savoir des laserdiscs sortis chez Pionneer aux Etats-Unis, chez Polygram en Europe et Sony au Japon. Il faudra attendre 2008 pour une sortie en double DVD avec la deuxième partie du documentaire « The History Of Iron Maiden » et l’intégralité de la vidéo « Behind The Iron Curtain ».


Vous y êtes familiers si vous lisez ces rétro-chroniques, un petit tour côté chiffres avec les ventes, classements et certifications avant de conclure. Douze places de numéro un dans les classements de vente pour près de 2 millions de copies écoulées, des chiffres plus jamais atteints de nos jours et qui rappellent une époque non dématérialisée empreinte de souvenirs indélébiles pour les hardos que nous étions. Il sera donc disque d’or un peu partout et même platine aux USA pour un million d’unités, écoulant au passage au pays de l’Oncle Sam plus de 100 000 cassettes vidéo en 1985 et le même nombre en 2008 pour la réédition DVD, là encore et à chaque fois certifiés platine. A sa sortie, « Live After Death » sera classé second au Royaume-Uni et 18ème en France et, très beau score, 19ème au Billboard 200 américain. Notable performance enfin pour le DVD qui trustera la première place dans une douzaine de pays et les deux suivantes dans la quasi-intégralité des nations dans lesquels il a été commercialisé.

Sources :
Iron Maiden Commentary
Hard Rock Magazine : 16HS 1985 / 16 – Décembre 1985
Maiden France
Discogs

 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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