19 octobre 2025, 10:25

TESTAMENT

"Para Bellum"

Album : Para Bellum

Nouvelle production thrash. On va parler ici de la réalisation toute chaude d’un des maîtres de la Bay Area, TESTAMENT, et de son dernier-né, « Para Bellum ». Au vu de son impressionnante carrière, ce titre promet une guerre sonore ou je n’y comprends plus rien...

Salve graisseuse en ouverture avec "For The Love Of Pain", jusque-là, pas de réelle surprise. Le rythme est cependant extraordinairement rapide pour du TESTAMENT. Non pas qu’il s’agisse d’un groupe de vieillards, mais la batterie fracasse ses fûts peut-être plus qu’à l’accoutumée, et les guitares dégoulinent d’huile chaude de machine. Si Chuck Billy au micro est très en forme, on sent un goût pour un metal moderne, ce que les Californiens ont déjà démontré par le passé. A l’instar des frangins DEATH ANGEL, le groupe veut évoluer, s’écarter des sons canoniques et d’une touche homogène. Et c’est une réussite qui flirte avec la musique extrême, teintée de black par moment. Retour à un thrash plus originel sur "Infanticide A.I.", avec attaques de riffs qui dérapent dans les coins et voix portant son growl avec fierté, on contemple la patte des plus grands masters de la musique sauvage et indomptée. Pour "Shadow People", c’est la lourdeur obsédante qui est de mise, avec un groove que l’on adopte immédiatement. C’est fort comme un café colombien, un breuvage chargé au 9mm Para Bellum, évidemment !

Quand tu es un gardien du temple, tu te dois de servir à ton auditoire des bombes. "Meant To Be" est une de ces créations (de titans) qui sait quoi dire, qui "Practice What You Preach". Le tempo est progressif, blues acoustique avec chants intimistes, qui se font soulever par des riffs lourds, avec une progressivité qui rappelle les Four Horsemen de la grande époque, quand « rien d’autre ne comptait ». Un morceau dont on se souviendra longtemps. "High Noon" surprend après cet intermède et nous renverse telles des quilles avec une violence rythmique et des riffs assassins, la voix de Chuck revient à des hurlements à réveiller un croque-mort apathique. C’est le jus metal d’une forge old-school qui jaillit.

Place à présent à "Witch Hunt" qui passe le mur du son avec son speed-thrash. Avec son nouveau batteur, Chris Dovas, et ses soli virtuoses, TESTAMENT est dans une forme de géant. Tant qu’à sillonner la bibliothèque des œuvres fondatrices, c’est avec surprise que nous entendons retentir "Nature Of The Beast", mutant protéiforme, galopant vivement tel une réminiscence d'ACCEPT, avec toutefois une badass attitude dans sa rythmique qui fait penser à MOTÖRHEAD, ainsi qu’à d’autres pontes de la NWOBHM. Il n’y pas à dire, TESTAMENT s’éloigne beaucoup de l’uniformité qui caractérisait ses précédentes productions, gardant une structure thrash, notable sur "Room 117" ou "Havana Syndrome", parfois dans les lignes de chant ou dans la frappe musicale, on sent briller des touches modernes, bien sûr placées judicieusement pour faire vibrer en nous la fibre du plaisir.

Après avoir retourné nos tripes autant que nos neurones, TESTAMENT exécute de bien belles salutations. "Para Bellum" est un brûlot thrash dégageant la force brutasse des premières heures de la baie de San Francisco. Riffs lourds, martèlements pachydermiques des fûts et voix affichant un sérieux des plus graves. Après tous ces détours et allers-retours entre les âges et les styles, nous apprécions un retour à la maison. En somme, d'être à nouveau en terrain connu. Moins homogène que les œuvres précédentes, pour certains moins abordable, toutefois je suis conquis.

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK