Entreprendre un voyage introspectif où se mêlent des ambiances musicales grunge, rock, punk-hardcore, où les textures instrumentales se superposent, guidées par le chant mélancolique à l’accent traînant de Nicolas Exposito, le tout en seulement 13 minutes et 45 secondes ? C’est le pari qu’a pris MOONBALL pour la production de son 2e EP « Parallel Frame ».
L’univers musical de l’EP s’illustre par ses variations, ses distorsions et ses changements d’ambiance, tel le syndrome d’Alice au Pays des Merveilles dont est atteint le chanteur, un trouble neurologique rare qui altère la perception visuelle des choses, de l’espace et de soi-même. C’est au cours de cette entreprise musicale qu’il nous entraîne avec lui dans ses réflexions et ses doutes, maniant les changements de rythmes musicaux d’un passage à l’autre, d’un titre à l’autre, avec pour seule constante une totale mise à nu lyrique.
Dès le premier titre "The Mirrors I’ve Made", nous explorons la notion d’instabilité et de changements incessants, cette impossibilité à garder pied et à se raccrocher à quelque chose d’immuable. Et quoi de mieux pour illustrer le doute et l’incertitude, deux éléments clés du mini-album, qu’une référence à The Truman Show ? Le film raconte la vie d'un homme vedette d'un spectacle de téléréalité à son insu. Le monde dans lequel il évolue depuis sa naissance n'est qu'un gigantesque plateau de tournage et tous ceux qui l'entourent sont des acteurs. Lui seul ignore la vérité. À l’instar de Truman Burbank, le héros du film, Nicolas Exposito explore ses doutes et sa quête pour découvrir le but de sa vie dans le clip de "Seahaven", porté par des riffs puissants et un air traînant, marquant cette errance sans fin qu’il vit.
Le concept d’impermanence est la seule idée constante que nous pouvons suivre au fil de l’écoute. C’est pourquoi le changement soudain d’ambiance sonore entre "Dying To Know", instant pur de punk-hardcore faisant preuve d’une puissance inattendue, et "Shifting Shadows", clôture douce et mélancolique de l’EP, nous interpelle autant, et montre ici toute la maturité que MOONBALL a déjà acquise, créant sa griffe musicale déjà unique. Le pari introspectif est tenu, mais le voyage touche déjà à sa fin, nous laissant échoués là, dans l’attente d’un album qui nous permettra ensuite de continuer ce périple.