11 décembre 2025, 17:30

I PREVAIL

Interview Eric Vanlerberghe


Presque 13 ans après ses débuts et trois albums au compteur, I PREVAIL entame une nouvelle ère avec « Violent Nature », un quatrième disque viscéral et taillé pour le live. Porté par Eric Vanlerberghe, désormais seul au chant, le groupe vient d’annoncer une date exceptionnelle au Zénith de Paris en octobre 2026 aux côtés de POLARIS et Amira Elfeky. À cette occasion, nous avons échangé avec le frontman sur la création de l’album, son évolution vocale et cette date qui s’annonce incontournable.
 

Quelles leçons avez-vous apprises tout au long de ces 12 dernières années, qui ont façonné votre approche pour cet album ?
Franchement, on a toujours voulu garder un son assez éclectique. On vient tous d’horizons différents, mais nos influences finissent toujours par se rejoindre quelque part. Avec le recul, on s’est rendu compte qu’à chaque album, on essayait un peu de "corriger" certaines choses. On se dit : « Tiens, on aurait pu mieux faire ça. » ou « On aurait dû pousser cette idée un peu plus loin. » Pour ce quatrième album, on avait enfin assez de recul pour regarder non pas uniquement le disque précédent, mais toute notre carrière. On s’est demandé : « Qu’est-ce qu’on fait vraiment bien ? Et qu’est-ce qu’on a un peu laissé de côté ces dernières années ? » Deux choses se sont imposées : travailler davantage les refrains en leur apportant plus de précision et pousser encore plus loin notre côté heavy. On voulait aller au bout de ces deux approches.

J’ai lu que c’était la première fois que vous enregistriez dans un vrai studio professionnel, après des années passées à le faire dans des garages et des sous-sols. C’est vrai ?
Oui ! Tous nos albums précédents ont été enregistrés soit chez notre producteur, soit dans un Airbnb qu’on louait pour l’occasion. Cette fois, on a écrit le disque dans notre salle de répétition avant d’enregistrer les voix, la batterie et tout le reste au Blackbird Studio dans le Tennessee.

Cette expérience a-t-elle influencé le disque ?
Oui, clairement. C’était vraiment génial d’être dans un environnement différent, d’être tous logés à l’hôtel, de vivre ensemble et de travailler sur le disque du matin au soir. Et pour moi, enregistrer dans un studio professionnel changeait tout : j’entendais immédiatement ce qu’allait donner le résultat final, donc on a fait plein de petits ajustements. Le fait d’entendre les prises comme si elles étaient déjà sur l’album nous a donné des idées : « Et si on modifiait un détail ici ? », « Et si on changeait cette note ? », etc. Tous ces micro-réglages ont vraiment émergé à ce moment-là, pendant la dernière phase du travail. Et puis, il y a aussi le fait qu’on se soit retrouvés tous ensemble, à vivre et bosser côte à côte pendant deux semaines. C’était une expérience géniale et je pense vraiment que ça a façonné l’album.

Jon s’est impliqué non seulement comme bassiste et claviériste, mais aussi comme producteur. En quoi le fait d’avoir quelqu’un du groupe à ce poste a-t-il imprégné le son final de l’album ?
Jusqu’ici, quand on travaillait sur un album, notre priorité était simplement de faire en sorte que les morceaux sonnent le mieux possible. On se demandait rarement : « Comment ça va rendre en live ? Est-ce que ça va faire sauter le public ? Est-ce que ça peut lancer un circle pit ? ». Bref, on ne pensait pas vraiment à l’aspect concert. Mais là, avec Jon, c’était différent. Avant qu’on commence l’écriture, il avait tourné avec nous pendant un an et demi, peut-être deux ans, donc une fois en studio, on pouvait se dire : « Tu te souviens de ce moment en live ? Ce serait énorme d’avoir un morceau entier qui recrée cette énergie. » Le fait qu’il ait vécu ces moments sur scène avec nous, qu’il ait ressenti tout ça et qu’il sache exactement ce qu’on cherchait à évoquer nous a énormément aidés. Je pense que ça a apporté une vraie énergie "live" à certains titres. Maintenant, j’ai vraiment hâte de voir comment le public va réagir quand on jouera ces morceaux.


Votre nouvel album s’intitule « Violent Nature ». Quelle est l’histoire derrière ce nom et en quoi reflète-t-il votre regard sur le monde actuel ?
Quand on a écrit la chanson, Steve avait cette idée notée dans son téléphone. On a tous ce réflexe : dès qu’une phrase ou un concept nous traverse l’esprit, on le note quelque part. Il nous a dit : « J’ai trouvé quelque chose : Violent Nature. » On s’est dit que c’était cool alors on a essayé de voir si ça collait avec le morceau : ça fonctionnait parfaitement. On a suivi cette direction et ça nous a plu. Puis, plus tard, quand on terminait les démos de l’album, on a commencé à réfléchir aux titres possibles. On avait plusieurs idées qui n’étaient pas liées aux chansons, mais « Violent Nature » revenait sans arrêt. Ça colle aussi avec l’évolution du groupe. « Trauma » était un album extrêmement émotionnel né de la douleur, de la dépression, de la perte d’amis, de tout ce qu’on traversait mentalement. « True Power » parlait de retrouver sa force, se relever, surmonter tout ça. Avec « Violent Nature », on est dans quelque chose de plus viscéral : ressentir la colère, la douleur, la peur et la frustration au plus profond de soi, dans les tripes. C’est de là que viennent beaucoup de chansons du disque. Le titre s’est finalement imposé naturellement.

Quel message ou sentiment aimerais-tu que les auditeurs retiennent de l’album ?
On aborde vraiment plein de thèmes différents, comme on l’a toujours fait sur nos albums. On touche un peu à tout parce que je pense qu’on peut écrire des chansons très sombres ou avec une atmosphère de colère sans pour autant être une personne colérique ou haineuse. C’est juste que parfois, on a besoin d’exprimer ça, de sortir quelque chose de son système. Il y a aussi des morceaux qui parlent de relations compliquées. Des relations amoureuses, familiales, amicales, qui sont des relations destructrices, toxiques, ou simplement des moments où tout se fracture. Au fond, ce que j’aimerais par-dessus tout, c’est que quelqu’un qui écoute notre album pour la première fois puisse y trouver une forme de connexion ou l'exutoire dont il avait besoin. Que ce soit un morceau à hurler dans la voiture pour se libérer ou une chanson plus triste à chanter parce qu’elle lui parle profondément. Quand j’étais gamin, certaines chansons m’aidaient à mettre des mots sur ce que je ressentais et ça m’a énormément apporté. Si aujourd’hui on peut offrir ça à quelqu’un d’autre, alors c’est franchement un rêve qui se réalise.


J’ai sélectionné une question d’un de mes abonnés sur les réseaux sociaux ! Elle nous vient de @rockwithmath sur Instagram et TikTok : lors des récentes tournées, c’est Dylan qui assurait les parties de chant clair sur les anciens morceaux. Mais sur le nouvel album, c’est toi qui reprends les voix claires. Pourquoi ce choix ? Est-ce que ça t’a semblé naturel d’endosser ce rôle ?
Très bonne question ! Dans le passé, il nous est arrivé plusieurs fois de devoir répartir nous-mêmes les parties chantées au dernier moment, parfois en plein milieu d’une tournée, parfois une semaine avant de partir. Et beaucoup des anciens morceaux avaient été écrits pour deux chanteurs. C’était donc assez difficile pour moi d’assurer toutes les parties de chant clair tout seul. Dylan, lui, a une voix géniale. C’est un musicien incroyable. Alors il a pris le relais et il a assuré 90% du chant clair sur scène. Ça me permettait de compléter ici ou là sans devoir tout porter pour autant. Pour la suite, on s’est dit qu’il serait sûrement mieux d’avoir un seul chanteur principal chargé de toutes les lignes vocales. Ça m’a permis de vraiment me concentrer sur le chant clair, les screams et d’explorer de nouvelles choses avec ma voix. Mais attention : Dylan chante toutes les harmonies sur le disque. On l’entend partout. Quand on va jouer les nouveaux titres en live, il chantera ses harmonies et moi les lignes principales, exactement comme sur l’album. Ce sera totalement fidèle au son du disque et j’ai vraiment hâte de vivre ça sur scène avec lui.

Justement, toujours concernant le chant clair, a-t-il fallu un travail ou un entraînement particulier pour toi ? Ou était-ce un aspect de ta voix que tu maîtrisais déjà, mais que les fans n’avaient simplement jamais entendu ?
Sur les deux derniers albums, je chantais déjà un peu. Quelques harmonies et quelques paroles par-ci par-là. Mais comme je le disais, quand on a dû assumer le chant clair en tournée avec Dylan, c’était vraiment quitte ou double : soit tu apprends sur le tas, soit tu abandonnes. J’ai donc appris en étant jeté directement dans le feu de l’action. Pour préparer ce nouvel album, j’ai continué à m’entraîner et à travailler ma voix par moi-même. Une fois le disque enregistré et quelques concerts joués, j’ai commencé à échanger régulièrement avec des amis à moi qui sont coachs vocaux. Ils me donnent des conseils, des exercices, des routines d’échauffement et de récupération. C’est vraiment quelque chose que j’avais envie de prendre au sérieux ces dernières années. Donc oui, beaucoup de pratique à la maison ! C’était un vrai défi… mais que j’ai adoré relever.

Et sur scène, qu’est-ce que le fait d’être désormais le seul frontman a changé pour toi ? Quelles ont été tes premières sensations ?
D’abord, j’ai dû améliorer mon cardio (Rires) ! Chanter l’ensemble de chaque morceau pendant tout le set est un vrai changement pour moi. Avant, j’avais des moments où je pouvais souffler un peu : aller interagir avec le public, taper dans des mains, boire une gorgée d’eau… Maintenant, je n’ai plus vraiment ces pauses. Donc j’apprends à travailler ma présence scénique autrement : comment bouger, comment garder l’énergie, comment rendre le show intéressant sans juste rester planté devant le micro. C’est un apprentissage mais j’adore ça. C’est amusant d’essayer de trouver comment tout concilier.


Vous venez d’annoncer une tournée européenne avec un concert au Zénith de Paris en octobre 2026. Que peut-on attendre de ces concerts dans de si grandes salles ?
Je suis tellement excité : on va enfin pouvoir amener avec nous toute la production qu’on imagine pour nos tournées. Quand on crée un show avec les lumières, les décors, les effets, toute la mise en scène, etc., c’est très compliqué et très coûteux de tout transporter à travers le monde. Mais maintenant, j’ai vraiment l’impression qu’on arrive à un stade où on peut proposer en Europe, en Australie et ailleurs, le même show que celui qu’on offre aux États-Unis. On va vraiment pouvoir vous offrir "l’expérience I PREVAIL" telle qu’on l’a imaginée, sans compromis. Et pour notre retour à Paris, je vais réviser mon français. J’espère pouvoir parler un peu plus sur scène cette fois !

Je sais que c’est un peu tôt, mais on peut clairement dire que « Violent Nature » ouvre une nouvelle ère pour le groupe. Est-ce que vous avez déjà une idée de la direction que vous aimeriez prendre à l’avenir ?
C’est la première fois qu’on sort un album et qu’on se dit : « OK, on est prêt à réécrire tout de suite. » Sur les derniers disques, on faisait treize ou quatorze morceaux, on bossait jusqu’à la dernière minute et une fois que tout était terminé, on était lessivés mentalement. On avait besoin d’une vraie pause. Mais cette fois, avec seulement dix titres, chacun étant important, unique, avec sa propre identité, une fois le disque terminé et en attendant sa sortie, on se disait déjà : « Bon, quand est-ce qu’on recommence ? » On a vraiment l’impression d’avoir commencé à toucher du doigt des choses nouvelles pour nous et d’avoir trouvé un nouveau rythme d’écriture qui nous va très bien. Je suis vraiment très impatient de voir ce qui va sortir de nos prochaines sessions. Chacun de nous a déjà quelques idées ou envies, mais tant qu’on n’est pas tous ensemble en train d’assembler les pièces, on ne sait jamais vraiment ce que ça va donner. Honnêtement, je suis comme les fans : je suis impatient d’entendre à quoi ressemblera le prochain I PREVAIL parce que même moi je ne le sais pas encore. Mais je peux déjà te dire une chose : on va prendre énormément de plaisir à l’écrire et on est vraiment excités à l’idée de s’y remettre.

Blogger : Sacha Zorn
Au sujet de l'auteur
Sacha Zorn
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK