11 décembre 2025, 17:21

HEALTH

"Conflict DLC"

Album : Conflict DLC

Quel est le point commun entre des fans d’animes, des amateur.ice.s de musique électronique, des furrys, des fabricant.e.s de memes, des metalheads et des adeptes du BDSM ? Toutes ces personnes, aussi sympathiques et gentiment bizarroïdes soient-elles, sont présentes dans la communauté du groupe de rock indus expérimental HEALTH. Bienvenue dans le sixième album d’un groupe aussi éclectique que dégénéré, aussi intrigant qu’attachant.

À première vue, « Conflict DLC » se place dans la continuité de « Rat Wars », cinquième album du groupe sorti en 2023. Ce dernier constitue les faces A et B tandis que le disque de 2025 en forme les faces C et D. La même image est mise en miroir sur les deux pochettes, donnant une impression étrange qui se situe entre la fascination et l’inquiétude. Alors que commence "Ordinary Loss", le cum-metal du trio états-unien envahit nos oreilles et la voix éthérée de Jake Duzsik nous emporte dans l’univers du groupe, entre mélodie légère et basses lourdes au possible. D’emblée, on comprend que « Conflict DLC » renferme des compositions aussi dépressives que belles : la mort, le deuil et l’angoisse sont les sujets phares de l’album et on en perçoit les nuances au fil des coups de batterie de B.J. Miller, de la basse envoûtante de John Famiglietti et de la mélodie assurée par Jake Duzsik au chant et à la guitare.

Avec l’angoisse de la mort, l’anxiété liée à l’avenir est également présente sur l’album. En attestent "Trash Decade" et son introduction indus inquiétante, "Darkage" dont le beat lent donne le temps de se perdre dans des pensées sombres et "Wasted Years" au chant plein d’une chaleureuse douceur qui, là encore, offre un contraste saisissant avec les basses puissantes. Les inquiétudes abordées dans les textes sont universelles tout en étant uniques et complexes à partager. La force de HEALTH réside dans la manière de partager ces angoisses, entre headbang plus ou moins lent selon les musiques et véritable expérience quand on se rend en concert et qu’on est entouré.e de tout un tas de personnages étranges. Varié et soudé, l’ensemble formé par les nombreuses sous-communautés n’en est pas moins émotionnellement similaire. Parfois propice à la déprime, la musique de HEALTH encourage aussi à faire la fête. Il suffit d’écouter le tempo rapide de "Vibe Cop" ou "Shred Envy" pour s’en convaincre, viber très fort et être pris.e d’une envie irrépressible de danser et crier.

Alors que les plus réfractaires seraient tenté.e.s de dire que les premiers titres offrent une forme de similarité, HEALTH désarçonne les oreilles les plus ouvertes en proposant "Torture II" et "Antidote", deux pépites centrales qui montrent que le savoir-faire du groupe ne s’arrête pas au cum-metal mais peut aussi s’aventurer vers des genres différents comme l’ambient et ralentir le tempo pour offrir des moments plus planants. Une fois la surprise passée, on en vient à souhaiter que le trio poursuive ses explorations musicales pour livrer davantage de compositions aussi belles et abouties. D’un tempo à l’autre et d’un genre à l’autre, les expérimentations de HEALTH sont aussi diversifiées que son public et le rend pour le moins difficile à classer : entre rock industriel, noise rock de ses débuts, musique électronique et parfois ambient, la musique du groupe se ressent plus qu’elle s’analyse.

Blogger : Ivane Payen
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