27 mai 2012, 2:06

PINK FLOYD : "A Saucerful of Secrets"

 

 

Faisant suite au génialissime et désormais culte Piper At The Gates Of Dawn, ce deuxième album de Pink Floyd est à la fois hybride et transitoire. Hybride car Syd Barrett, écrasé par le succès de leur (son ?) premier opus, décroche littéralement et s’enfonce progressivement dans l’abus de substances en tous genres. Lui qui était à l’origine du groupe se retrouve progressivement évincé. Cette douce folie créative, débridée et déjantée qui fut à l’origine du Floyd fait ici place à une musique beaucoup plus planante, théâtrale et parfois pompeuse, servie par une production sommaire (le lancinant « Set The Controls For The Heart Of The Sun » ne restera pas la meilleure composition de Roger Waters). A Saucerful Of Secrets est aussi transitoire car suite à la défection involontaire mais inéluctable de Barrett, Waters va peu à peu prendre les rennes du groupe, composant ou co-composant quatre des sept titres de l’album. C’est aussi le disque qui marque l’arrivée de David Gilmour pour prendre la place laissée vacante par Barrett. Inutile de préciser que leur approche ou leur style sont diamétralement opposés et que jamais Gilmour ne réussira à véritablement remplacer ce génie fondateur. Bien que composée par Waters et préfigurant ici sa haine de l’autorité absurde et de l’armée, le terrible et faussement enjoué « Corporal Clegg » aurait été co-interprété par Barrett. C’est assez vraisemblable après une écoute même distraite quand on connaît un peu l’esprit et les compositions ultérieures en solo du personnage…
 

La dernière chanson que composera Syd Barrett pour Pink Floyd sera « Vegetable Man », titre encore inédit à ce jour. Elle ne figurera jamais sur Saucerful Of Secrets, écartée par un Waters déjà un peu despote qui la juge beaucoup trop sombre. C’est pourtant Barrett qui signe à lui seul le pathétique « Jugband Blues », d’une noirceur et d’une tristesse implacables, dépeignant la situation paradoxale dans laquelle il se trouve : « And I'm much obliged to you for making it clear that I’m not here » (je vous suis très reconnaissant de me signifier que je ne suis pas là). Tout est dit…Et de s’interroger, à juste titre : « And I’m wondering who could be writing this song » (je me demande qui pourrait écrire cette chanson)…Le Floyd continuera pourtant sans lui une carrière exemplaire et Saucerful Of Secrets en est le signe annonciateur. 

Même si cet album inégal a pas mal vieilli, il reste le testament d'un groupe en mutation et un disque incontournable pour tout fan qui se respecte.

 

 

Blogger : Pierre Graffin
Au sujet de l'auteur
Pierre Graffin
Un samedi de 1983, un concert diffusé aux "Enfants du Rock", sur Antenne 2 (cela ne nous rajeunit pas !) : une tournée de GENESIS, celle de l'album où figure "Mama", titre qui fut élu, en son temps, le plus "heavy" de l'année par la presse "hard rock" (le terme "metal" n'était pas encore tellement de mise !) unanime. J'ai su, ce soir-là, ce que j'avais toujours voulu entendre sans jamais pouvoir le définir. A suivi une longue quête, éternellement inachevée, du "Saint Graal" musical. HARD FORCE, avec BEST puis, plus tard, ROCKSTYLE, furent autant de bibles pour moi dans cette soif de connaissance. C'est grâce à eux, notamment, que mes goûts, d'abord très "prog'" s'élargirent à d'autres horizons, du hard mélodique à des répertoires plus "heavy". Ce sont eux, aussi, qui m'ont inculqué l'envie d'écrire pour la musique (ROCKSTYLE, PROGRESSIA...).
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