Si il y a bien un fantasme que partagent tous les nouveaux groupes, c'est bien celui de remplir une salle avant même d'avoir sorti son premier album. Impensable certes, surtout quand il s'agit de remplir une Maroquinerie, ce soir aussi compacte qu'un far aux pruneaux, afin d’accueillir le line-up de luxe de THE WINERY DOGS, la nouvelle sensation ‘supergroup’ composée de Mike Portnoy (ex-DREAM THEATER, TRANSATLANTIC, ex-ADRENALINE MOB…), Billy Sheehan (MR BIG, NIACIN…) et Richie Kotzen (ex-POISON, ex-MR BIG et artiste solo depuis plus de 20 ans).

C'est sans artifices que les 3 rockstars arrivent et taillent dans le gras avec « Elevate », premier single de l’album, à l’efficacité escomptée. Sur scène c'est l’effervescence, Sheehan envoie un solo de basse du tonnerre, suivi par Kotzen à la guitare, pendant que Portnoy fait le show avec sûrement le kit de batterie le plus petit sur lequel il n'ait jamais joué de sa carrière.
Les titres s’enchaînent, « Criminal » (bonus-track japonais), « We Are One » ou encore « One More Time », et l’ambiance, moite, se fait de plus en plus intimiste, car si les artistes se regardent entre eux sur scène, ils regardent aussi et surtout le public, qui lui a la bouche et les yeux grands ouverts, habité par l’impression de vivre un événement rare qui ne se reproduira pas de si tôt.
Il fallait s’y attendre, avec un seul album à mettre sur l’étagère THE WINERY DOGS étoffe sa set-list comme il peut, et ce sans pour autant gâcher le plaisir. Bien au contraire les ‘Dogs’ nous offrent des moments inestimables, certains que l’on aurait même jamais espéré voir un jour, comme celui d’assister à une réinterprétation du titre « Shine » de MR BIG avec la doublette Sheehan/Kotzen qui avait eu son succès européen dans les années 2000. Un choix automatique étant donné le passé commun des deux musiciens, à côté duquel se glissent une reprise de la carrière solo de Richie Kotzen « You Can’t Save Me », ainsi que d’autres choix plus étonnants, comme la chanson « Stand » de POISON, interprétée par le guitariste/chanteur en acoustique, éclairé par une simple lumière de poursuite devant un parterre de fans reprenant le refrain à l'unisson, ainsi qu’une reprise d’Elvin Bishop « Fooled Around And Fell In Love ».

Les compositions de THE WINERY DOGS, déjà épatantes en studio, ne déméritent pas en live, d’autant plus que tout l’album y passe, et si l'alchimie était déjà perceptible sur disque, le courant qui passe ce soir dans la salle est incroyable. Sur « Not Hopeless » Portnoy masse le dos de ses camarades en tapant comme un sourd, les obligeant à monter la barre d’un cran pour se faire entendre. Les doigts de Kotzen courent sur son manche et sur ses cordes (sans médiator s'il vous plait !), Sheehan est littéralement possédé et se donne comme si c’était le dernier concert de sa vie. Mesdames et Messieurs, la leçon que nous donne ce soir THE WINERY DOGS, est grande.
Avant de tomber le rideau pour une première fois Richie se met au piano pour interpréter « Regret », LA ballade de l’album, la voix gorgée de soul, soutenue par celles de ses 2 compères. Chacun y met de ses tripes, de sa sueur, et c’est devant un public les yeux luisants et déjà sollicités par la chanson précédente « The Dying », toute aussi émouvante, que THE WINERY DOGS se retire.
Le rappel sera de courte de durée, 2 titres, mais l’audience, le bonheur au bout des oreilles, ne manquera pas de longuement remercier ses hôtes d’un soir qui s’en vont cette fois-ci pour de bon après le hit « Desire ».
Le rappel sera de courte de durée, 2 titres, mais l’audience, le bonheur au bout des oreilles, ne manquera pas de longuement remercier ses hôtes d’un soir qui s’en vont cette fois-ci pour de bon après le hit « Desire ».

Si l'histoire n'a pas épargnée les supergroups qui ont créé l'enthousiasme, puis la frustration, chez les passionnés, outre l'envie de s'enfiler un pack d'eau entier, le concert de ce soir ne nous aura surtout donné qu'une envie, celle de revivre ce moment magique au plus vite. Ça tombe bien, on évoque déjà quelques festivals d'été en préparation...!
Remerciements à Olivier Garnier (Replica Promotion).et Charlotte (Caramba Spectacles)
Photos © Christophe Claude (Hard Force).