Si les Australiens de TRACER se sont plus fait connaitre chez nous avec leur excellent album « Spaces In Between » (2011), c'est avec l'EP « L.A. ? » que le jeune groupe, dont la moyenne d'âge n'a pas l'air de dépasser le quart de siècle, a affûté ses premiers riffs en 2009. Réédité et redistribué à plus large échelle au mois de septembre 2012 chez Mascot Records, nous remontons le cours du temps avec notre horloge de classic-rock... (ho !)
Comme je le disais, la jeunesse de la bande d'Adélaïde est la première chose qui saute aux yeux, et si c'est le cas maintenant, ça l'était encore plus en 2009. Un adolescent aux cheveux longs cachant une peau tâchée par l'acné composant sur une guitare à trois cordes dans une chambre bardée de posters découpés dans les pages d'un magazine metal, des répétitions dans un garage porte ouverte sur la rue avec les amplis branchés sur la prise de la machine à laver, c'est le patchwork d'images que renvoie ce « L.A. ? » dont le titre et la pochette expriment une ambition que tout groupe de garage rock a éprouvé au moins une fois dans sa courte carrière. Mais ne nous y méprenons pas, si quelques influences classiques du genre sautent à la rétine : la très AUDIOSLAVE « All Look The Same », ou « Sleep By The Fire » qui ressemble à une ébauche d'un « Baby I'm Gonna Leave You » propret, le trio a plus d'une corde à son arc.
Tout d'abord le jeu de guitare de Michael Brown, mélodique et pachydermique à la fois, module sur des riffs certes simples, mais coule sur la frappe puissante et méthodique de son collègue batteur Andre Wise (« Don't Forget My Name »), qui donne presque envie de parler d'indécence tellement le rendu est épatant.
Au fait, ai-je mentionné le fait que cet unique guitariste est également chanteur ? Saluons déjà l'exploit de balancer de tels riffs en rythme et de se vider les poumons en même temps, passe-partout et presque présente par simple convention aux premiers abords, la section vocale de TRACER surprend à plusieurs reprises tout au long de ces 7 titres. En effet le chant est partagé entre Michael et le bassiste (de l'époque) Leigh Brown qui n'est ni plus ni moins que son frère (de l'époque ? Non je déconne !).
Si le premier adopte un timbre chaud et bluesy (climax impressionnant sur « Sleep By The Fire »), le deuxième n'arrondit pas aussi bien les angles et s'inscrit dans un exercice beaucoup moins figé : clairement grunge à la Layne Staley sur « Get Free », et presque punk sur l'excellente « Such A Waste ».
Des gosses ? Peut-être, mais des gosses qui ont signé avec « L.A.? » un EP que l'on aurait autant pu apprécier pour sa qualité chez un groupe plus expérimenté, ça ne fait aucun doute. Aussi bien entouré (production impeccable), tout porte à croire que l'image qu'aura TRACER devant les portes de Los Angeles sera celle d'opportunités l'accueillant les bras grands ouverts.
En attendant, avec la crise du disque ça ne paiera peut-être pas le billet d'avion pour tout le groupe, mais lui permettra au moins d'aller jusqu'au prochain péage.