Souvenez-vous, il y a 30 ans, le super groupe composé de John Wetton (KING CRIMSON, ROXY MUSIC...), Geoff Downes (THE BUGGLES, YES...), Steve Howe (YES) et Carl Palmer (ELP), créait l'événement avec leur premier album. Truffé de gros tubes calibrés FM qui juraient pourtant déjà dans le paysage musical ambiant de la « New Wave » triomphante, ce premier effort se classa au sommet des charts à travers le monde. On appelait cela du "hard FM", à la fois mélodique et « pêchu », tempéré par les claviers et les mélodies ultra accessibles du co-auteur de "Video Killed The Radio Star".
Le succès fut de courte durée puisque dès le deuxième album, le quatuor britannique ne réussit pas à transformer l'essai et, passé un troisième album sans Steve Howe, jeta l'éponge sous cette forme. Downes continua néanmoins l'aventure avec John Payne et le désormais duo poursuivit une carrière très confidentielle malgré quelques jolies choses ("Aura", en 2001).
Puis le line-up initial se reforma en 2006 dans une indifférence polie et ce, malgré d'intensives tournées. Il faut dire que l'album de la reformation, "Phoenix", avait fait l'effet d'un pétard mouillé. Son successeur, le pourtant très réussi "Omega" (2010), passa finalement assez inaperçu et le groupe peine depuis à remplir les salles européennes (le Casino de Paris était presque vide en 2010).
Est-ce que cet album du "retour aux sources" annoncé permettra aux anglais de renouer avec le succès d'antan ? C'est peu probable hélas. Le premier single "Face On The Bridge" est agréable sans plus en dépit d'une jolie introduction. Dépourvu d'une accroche vraiment efficace, il peine à décoller et, s'il réussit à se hisser à la 6ème place des charts de "Planet Rock", il n'y resta pas longtemps. Le reste de l'album est malheureusement à l'avenant, dans cette même veine un peu laborieuse. L'inspiration marque globalement le pas ("Faithful" fait penser au générique d'un dessin animé japonais des années 80 !), et le groupe va jusqu'à piocher ses idées dans ses précédentes compositions ("Ghost Of A Chance" est une copie maladroite de "The End Of The World"...sur l'album d'avant !).
Les autres titres, embourbés dans les arrangement empesés et surannés de Downes, sont, au mieux écoutables, au pire indigestes. Wetton fait le job, rien à dire, sa jolie voix est (presque) intacte, Carl Palmer martèle ses fûts avec toujours autant de talent, quant à Steve Howe, il se contente seulement de faire de la figuration dans ce groupe, que ce soit en studio ou sur scène, d'ailleurs.
Seul "Bury Me In Willow" sort (un peu) du lot grâce à un refrain efficace et inspiré. Bref, ce "XXX" ne marquera pas les annales de la discographie d'un groupe qui fait décidément encore plus figure d'OVNI en 2012 qu'en 1982?
