22 juillet 2012, 0:00

KILLING JOKE : "MMXII"

Album : MMXII

Je vous parle de Barjavel, de William Gibson, je vous parle d'un futur qui n'est pas encore anticipé, de ruines et de rivières chlorées, d'or et de famines, de virus et de familles. je chante les sons qui ont érigé les pyramides, je vomis dans les sables de Roswell (Kenneth sourit), je pandémie.
Jaz swingue la fin des temps jazzin' for Apocalypse, Jaz colmate les frayeurs ancestrales les terreurs nocturnes, Jaz Coleman prophétise comme le nucléaire est le charbon des civilisations perdues, un puit sans fond qui en son coeur offre la lumière.
Du cynisme ambiant, du pragmatisme aux rêves avortés, il est intolérance et ses cris sont souffrance dans cette aliénation mondiale consentie.
 
KILLING JOKE est de retour, les pieds dans la boue et tirant lui aussi le char divin.
«MMXII», le début d'un cycle la fin d'une géométrie imparfaite.
 
Politique comme la notion même d'existence est politique, ce nouvel album est un bréviaire de lumière noire, océan de particules libres caressant le cerveau-lézard (Jim Morrison se baisait lui-même), parchemin digital et absolu paradoxe conjurant le sort et l'éternité, qui dépasse le cadre de simples chansonnettes aimables.
Ici, nous parlons de Dieu. Et de sa négation.
Nous touchons au sacré, au sublime, à l'ordure et au dégoût. 
 
KILLING JOKE dans sa configuration la plus parfaite (équation bancale car moins un : Paul Raven), restitue dans son crachat les semences dans lesquelles se noient les germes de l'insatisfaction, le  minéral et le mental, le metal et le sang, l'industriel et la psychiatrie.
D'humeurs bipolaires (cette maladie-escroquerie à la mode...), Jaz mitraille, Jaz impose un nouveau millénaire. Jaz imagine sous de sombres nappes de claviers cannibales les germes d'une société dans laquelle les valeurs de loyauté et de solidarité compteraient davantage que les hiérarchies de rang ou de fortune.
Le monde n'a pas explosé mais les démons sont dans la rue. Retranché dans mon bunker je peux voir au loin les chiens affamés déchirer les chairs flétries des humains aveugles et sourds,  les sirènes comme les clochers sont aphones. Après KILLING JOKE, il ne peut rien demeurer.
Cette musique ressemble à la douce caresse de chenilles d'un char Léopard sur la boîte crânienne de cette race humaine décérébrée, inachevée (Mars a gardé le meilleur), si futile. Nous ne sommes que poussière d'étoiles.
 
Plus brillant qu'un milliard de soleils, KILLING JOKE irradie nos ultimes contestations bourgeoises et confortables fauteuils élimés dans lesquels nous posons nos augustes postérieurs vergeturés tels les barbelés lumineux d' Hiroshima comme ultimes pansements gangrenés.
Cette musique troue le cortex.
Aucun intérêt ici de décortiquer, de trancher dans la chair pour y extraire liquides et autres viscères, l'Art n'est pas boucherie.
Organique, cet illuminé post-punk qui a vu l'ours sait faire rimer le martial avec l'épileptique, voire l'elliptique. On ne peut en sortir indemne.
Quand Jaz tousse, c'est le monde emprisonné dans sa chaise de souffrance qui se grippe.
 
Du pôle emploi éventré sont venus aspirer un morne oxygène deux monstres qui se répondent sans se voir : Jaz et Ian (Curtis). La boucle est bouclée. Nous n'avons dés lors plus besoin de rien d'autre. Mais le constat reste terrible.  KILLING JOKE est la potence de ce monde déjà à genoux, KILLING JOKE est l'ancre (comme je suis l'encre) du noyé, l'alpha et l'oméga d'un système reptilien qui se mord la queue, qui se dévore lui-même pour mieux ensuite se déféquer. Une corde, donnez-moi juste une corde...
Comme l'inscrit Dantec dans ses tables de la Loi : "Un livre, pour mériter d'être écrit, doit susciter des désastres, engendrer des perditions, des anéantissements, des trahisons de l'ordre social, il doit prodiguer le feu d'un incendie esthétique."
KILLING JOKE est ce livre.
 
Dans ses pages musicales copulent fleurs, fauves, tribus imparfaites aux neurones circoncis, tablatures moisies et cancrelats stoïques, ADN fécondés dans le neutre, identité et inconscience-inconsistance.
De sa musique surgit la vie et la condamnation à mort de la résignation. 
Cette musique rend fou les fascistes.
 
Comme une pierre tombale embrassant la décrépitude annoncée, KILLING JOKE est baume mystique-électrique-énergie cinétique. 
Si tu ne te reconnais pas dans les yeux de Jaz Coleman, alors, ami, je ne peux plus rien pour toi.
KILLING JOKE : Le Son Que Ferait La Terre En Vomissant-
 
Absolu Chef -d'oeuvre-
 
"Mais je suis pauvre, je n'ai plus que mes rêves
J'ai déroulé mes rêves sous tes pieds
Marche doucement, parce que tu marches sur mes rêves." (William Butler Yeats)

Blogger : Mel Delacroix
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Mel Delacroix
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