4 mars 2012, 0:00

EPICA : "Requiem for the Indifferent"

Album : Requiem for the Indifferent

Cette année, EPICA nous revient en forme pour un sixième et nouvel album studio intitulé « Requiem For The Indifferent ». Nul besoin de chercher bien longtemps pour se rendre compte que l'offrande est attendue par un public qui ne cesse de se pourlécher les doigts depuis « The Phantom Agony », cet opus qui a su donner un nouveau visage à la sphère du metal symphonique et mettre pour une fois tout le monde d'accord. Bien conscient que ce « Requiem For The Indifferent » va se faire disséquer en long, en large et en travers par les observateurs les plus acérés et acariâtres comme les fans les plus dévoués, EPICA n'a absolument rien laissé au hasard sur un album qui cette fois-ci ne mettra pas tout le monde d'accord...

Toujours produit, mixé et enregistré par l'éternel Sacha Paeth, « Requiem For The Indifferent » ne se détache pas fondamentalement du reste de la discographie du groupe dans ses dynamiques et ses sonorités. Les samples, les arrangements et les choeurs restent du même acabit, toujours aussi bien mis en scène et s'accordant minutieusement avec les instruments habituels du groupe dont l'équilibre interne reste admirable. Techniquement, difficile également de trouver quelque chose à redire, la recherche mélodique du quintet aboutit naturellement à des compositions que l'on garde facilement en tête. L'alternance entre passages aériens ou plus rentre-dedans facilite au final la cohérence d'un album où les envolées lyriques sont souvent concurrencées par des guitares qui savent judicieusement faire étalage de leur savoir-faire le moment venu.

Au terme d'une intro magistrale et sournoisement épique s'ouvre le premier tube de l'album, un « Monopoly On Truth » qui détruit littéralement tout sur son passage, équilibre parfait entre brutalité et lyrisme, technique et mélodie, le tout accompagné d'une atmosphère bouillante, tantôt grasse tantôt empressée servie par une batterie bien présente qui frappe sans aucune pause sur les refrains.
Les growls de Mark Jansen durcissent le ton à chaque intervention et l'organe de Simone parvient en quelques instants clés à étaler toutes ses possibilités. Serait-ce d'ailleurs un peu trop ? La voix apparaît en effet par moment largement poussive et ce sera sans doute là que le ressenti personnel de chacun fera pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Soit l'on considère que ce ton sert magistralement l'ambiance poussive et dramatique du morceau, soit l'on considère que Simone est cette fois-ci allée trop loin et fini par gâcher ses possibilités. Quoi qu'il en soit, cette question reviendra en boucle sur la quasi totalité de l'album ; coup de génie pour certain, étalage technique grossier pour d'autres.

Les compositions qui se déroulent à la suite de ce « Monopoly On Truth » sont plus langoureuses et moins rentre dedans, bien que les interventions de growls ne s'effacent pas et que les roulements à la batterie continuent de donner une dynamique imparable aux différentes compositions. Simone le dit elle-même, cet album est beaucoup plus catchy que les précédents et n'hésite pas à toucher du doigt quelques instants poppy comme c'est le cas sur « Storm The Sorrow » ou « Guilty Demeanor ». La belle utilise tous les registres possibles et imaginables pour assouvir les fantasmes de sa voix, se permettant même de descendre vers des tonalités qu'elle n'avait encore jamais atteintes sur « Delirium », ce qui fera d'ailleurs peut-être rire les partisans du "too-much".

Les ambiances sont moins sombres et inquiétantes que par le passé, plus féminines également, moins épiques mais toujours très visuelles. La voix de Simone semble constituer une lutte vers la lumière et la vie, une opposition évidente aux percussions, aux instruments électriques et à la voix de son acolyte masculin qui s'orientent quant à eux vers des sphères beaucoup plus sombres et menaçantes qui sont systématiquement contrées par les interventions féminines, quelles soient l'oeuvre des choeurs ou de Simone elle-même. L'exception qui confirme la règle sera bien sûr le dernier titre de l'album, le bien nommé « Serenade Of Self-Destruction », sombre, apocalyptique et presque Doom qui clôt ce « Requiem For The Indifferent » comme il l'avait commencé : magistralement.

Si ce sixième et nouvel album ne mettra pas nécessairement tout le monde d'accord, le chemin vers la maturité d'EPICA, que l'on pensait avoir déjà largement parcouru s'est ouvert vers une nouvelle voie, certainement plus lisse dans certains de ses aspects mais toujours aussi efficace. La recette EPICA reste la même et hausse sa technique à un niveau supérieur. La plupart des auditeurs apprécierons mais il faut admettre que cette nouvelle offrande est moins stimulante que par le passé, certainement plus convenue, mais en aucun cas mauvaise, bien au contraire.

Blogger : Leonor Ananké
Au sujet de l'auteur
Leonor Ananké
S'arrêter d'headbanger pour prendre des photos avec un gros appareil au milieu de la folie des concerts : un peu étrange, non ? C'est également ce que pense Leonor en commençant à écrire ses premiers live-reports qu'il faudrait bien illustrer. En peu de temps, c'est devenu quelque chose de naturel et d'exaltant… Jusqu'à ce qu’elle ne puisse plus s'imaginer se déplacer pour un concert sans prendre avec elle son reflex... en plus de sa paire de cheveux. Faire vivre le metal à travers sa dimension visuelle est devenu un véritable activisme, sans pour autant s'empêcher de continuer à réaliser chroniques, live- reports et interviews en secouant toujours aussi frénétiquement la tête.
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