5 janvier 2013, 0:00

WITHIN TEMPTATION : "The Unforgiving"

Blogger : Sedastian
par Sedastian
Album : The Unforgiving

Sharon... Si tu étais plus jeune, si j'étais Hollandais et si je ressemblais à Robert, je t'épouserais de suite ! Outre la beauté et le style - la femme -, il y a la voix, cristalline (du moins elle l'était). Bref, un leader parfait. Mais WITHIN TEMPTATION c'est avant tout l'association entre un orchestre symphonique et un groupe de metal. Alors forcément, se séparer de l'élément musical majeur qui a fait son succès n'est pas sans risques. Je me souviens avoir découvert WITHIN TEMPTATION avec « The Heart Of Everything » et avoir adoré ce moment où Sharon, Robert et les autres n'étaient encore que des inconnus pour moi. Vous savez, c'est ce mystère qui vous donne ce sentiment d'envoûtement et vous donne envie d'en savoir plus. Mais le mystère s'efface au fur et à mesure que vous en apprenez plus sur eux, pour finalement disparaître et ne vous laisser que son souvenir et une certaine nostalgie car vous savez que vous ne retrouverez jamais ce sentiment. Non, vous ne voyez pas ? Ce n'est pas grave.

Tout cela pour dire qu'au moment de « The Heart Of Everything », WITHIN TEMPTATION se consacrait encore pleinement au metal symphonique et exploitait son image gothique, notamment à travers la pochette de son album. Une femme (en l'occurrence Sharon) vêtue d'une robe blanche à bustier, assise sur un trône dans un environnement brumeux et inquiétant, qui porte dans sa main droite les religions du monde symbolisées par toutes sortes de croix, pendentifs et chapelets, et un voile blanc autour des yeux, pour faire référence à St Thomas et au fait de croire sans voir.
La femme est en proie à des esprits maléfiques de par la présence du corbeau et sa foi est remise en question. Mais les colombes (au nombre de 3 : le Père, le Fils, le Saint-Esprit) sont là pour la guider vers la lumière. En littérature, le mouvement gothique met souvent en scène une jeune femme, belle et innocente, hantée par des monstres démoniaques (à l'exemple d'Edgar Allan Poe ou encore de Bram Stoker). C'est ce contraste que l'on retrouvait dans « The Heart Of Everything ». La jeune femme caractérisée à l'époque par la voix de Sharon, pure et pleine de charme, et les démons caractérisés par la musique dense et énergique du groupe ont aujourd'hui disparu.

Avec « The Unforgiving », WITHIN TEMPTATION a voulu se renouveler, toucher à autre, laisser un peu de côté (pour un temps seulement ou définitivement ?) le metal symphonique pur et dur, dont ils ont été les pionniers pendant plus de dix ans, quitte à se mettre à dos quelques fans nostalgiques des premières heures du groupe. Il faut dire qu'en quatre ans, WITHIN TEMPTATION a eu le temps de bien y réfléchir et ils ont décidé de tout changer. Déjà, « The Unforgiving » est un album-concept accompagné d'une BD, qui raconte notamment l'histoire d'une jeune femme qui se venge des maltraitances de son père en l'assassinant. Une BD c'est un genre particulier, avec une ambiance particulière. Il fallait donc que ce nouvel univers se ressente dans la musique. Résultat : elle est beaucoup moins symphonique (voire pas du tout) et possède plus d'éléments « electro ». Les plus mauvais auditeurs diront que « Mais si, il y a des violons, on entend des cordes ! ». Oui, tout à fait. Mais premièrement, ce n'est pas parce qu'il y a la présence de cordes que c'est symphonique, deuxièmement, elles ne sonnent pas comme avant, c'est-à-dire comme celles d'un orchestre symphonique, mais plutôt comme celles d'un synthé YAMAHA acheté dans n'importe quel magasin de musique. Non j'exagère, mais cette fois-ci je ne pense pas qu'ils aient fait appel à un véritable orchestre. De toute façon, ça n'aurait pas valu le coup, pour les quelques notes qu'ils auraient eu à jouer.

Mais Sharon y est pour beaucoup dans l'atmosphère générale de l'album. Sa voix est moins aiguë, totalement prise en voix de poitrine, et les aigus lyriques ne sont présents que rarement, notamment pendant un court moment sur le refrain de « In The Middle Of The Night », et sur « Stairway To The Skies ». Ce lyrisme est sans doute l'élément que je regrette le plus. C'était comme la voix d'une sirène, qui avait le don de me transporter dans un monde plein de magie et de clarté, une sorte de Paradis qui vous fait tout oublier.
Ce choix de n'utiliser qu'une voix de poitrine devra néanmoins être assumé. Car j'attends Sharon au tournant en live sur « Iron », dans laquelle on perçoit ses limites. Elle semble pousser sa voix pour parvenir à monter. Et quand au dernier refrain, le tout est encore haussé d'un cran, on a presque mal pour elle et on se dit qu'elle ne survivra pas à une tournée si elle force de cette manière. Mais Sharon réussit à ne pas rester monotone, en nous proposant différents timbres. À l'exemple de « Murder », où elle a une véritable voix de tueuse. On retrouvait déjà cette voix sur « The Heart Of Everything » avec « The Howling » ou « Our Solemn Hour », mais pas avec une telle profondeur.

Malgré tous ces changements, l'album reste cohérent, même plus que cela. Il offre une bonne énergie d'ensemble, avec des titres très speed comme « In The Middle Of The Night », « Iron » ou encore « A Demon's Fate ». Une énergie peut-être due au changement de batteur (qui reste à l'écart, n'est pas inclus dans les photos de la pochette et porte un collant transparent sur la tête dans les clips vidéos), bien que « The Heart Of Everything » m'ait déjà surpris par son énergie, moi qui découvrait à l'époque ce nouveau genre. Cela s'est confirmé après comparaison avec « The Silent Force ».
« The Unforgiving » alterne entre ces titres pulsés et quelques ballades, dont « Fire And Ice », un peu trop comme il faut et contrôlée. « Lost » est plus naturelle, et « Stairway To The Skies » une excellente chanson de fin, tout en fluidité et en légèreté, mais tout de même pleine d'intensité. Elle nous le ferait presque toucher, ce Ciel. Et ceux qui ont pu écouter la chanson bonus « The Last Dance » ne me contrediront pas si je dis que c'est là une composition d'une extrême finesse, capable de fendre le coeur de n'importe quel bourrin accro au death metal. En tout cas, c'est l'effet qu'elle me fait à chaque écoute.

La seule chanson qui soit véritablement du WITHIN TEMPTATION est « Where Is The Edge ». Le fait qu'elle ait été la première chanson de l'album à être dévoilée n'est sans doute pas anodin. Soit le groupe n'a pas voulu repousser les fans les plus critiques en livrant un titre trop différent, soit il n'a pas voulu révéler de suite les plus gros morceaux de son panier mais réserver le meilleur pour la découverte de l'album. Car « Where Is The Edge » n'est pas la meilleure chanson. « Shot In The Dark » la dépasse de loin avec son ouverture tout en suspense qui monte jusqu'à l'explosion (plutôt le feu d'artifice) du refrain. Puis vient le break, très subtil, qui fait écho au suspense du début, et le solo de guitare, simplement exquis. Cette chanson plante de suite le décor et annonce la couleur de l'album.
Le titre qui sort éventuellement du lot est « Sinéad », avec son côté pop, qui donne envie de danser. Quand, après la première écoute, le refrain reste en tête, c'est en général bon signe. C'est plutôt gagné. Vient alors l'envie de réécouter. Cependant, à force, ce même refrain peut devenir un tantinet lassant. C'est le cas pour « Sinéad », mais ne chipotons pas.

Concernant le genre de l'album, j'ai lu récemment une critique dans laquelle « The Unforgiving » était décrit comme un album familial au style pop metal. Peut-être n'ai-je pas bien saisi ce qu'a voulu dire l'auteur, mais si par « familial » il entendait écouter cette musique en famille, je pense qu'il y a un problème. Je ne crois pas que le metal soit une musique à faire écouter à des enfants. Premièrement, parce que c'est une musique bien trop violente et trop sérieuse. Deuxièmement, parce que les thèmes abordés ne sont pas adéquats. Allez donc éduquer vos enfants avec des histoires de vengeance dans lesquelles une fille se fait assassiner et est ensuite ressuscitée par une vieille sorcière dans le but de pouvoir se venger, et observez le résultat de cette éducation dix ans plus tard à l'âge adulte !
Ce n'est pas pour rien qu'en Allemagne l'album n'est vendu qu'aux plus de 12 ans ! On pourrait longuement discuter du style de « The Unforgiving ». Peu importe le nom qu'on lui donne, que ce soit du rock, du symphonique ou du metal aux influences pop, chacun perçoit la musique d'une manière différente et c'est à chacun de voir s'il adhère ou non à ce changement, s'il reste fidèle au groupe ou non.
Je me demande à quoi ressemblera le prochain album. Vont-ils encore une fois changer de cap ou vont-ils au contraire revenir aux sources ? Je suis impatient de le savoir et suis absolument certain qu'ils auront toujours des perles à nous offrir.

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