18 février 2014, 22:05

ADRENALINE MOB : Mike Orlando

Non, ADRENALINE MOB n’était pas l’un des nombreux projets du très prolifique Mike Portnoy, ex-batteur de DREAM THEATER qui évolue actuellement chez THE WINERY DOGS. Formé par Mike Orlando et Russell Allen, par ailleurs chanteur de SYMPHONY X, c’est avant tout la créature du guitariste new-yorkais. Coup de projo plus que mérité sur Mike, compositeur, shredder redoutable, ingénieur du son et producteur. C’est tout ? Non : en plus, il est cool !

 

Peux-tu nous rappeler la genèse d’ADRENALINE MOB ?
Ça faisait trois ans que je travaillais au coup par coup avec Russell (Allen) sur un projet totalement différent quand le chanteur d’ADRENALINE FUELED JUNKIES, mon groupe de l’époque, et moi avons décidé d’arrêter notre collaboration. Du coup, j’ai fait écouter les titres à Russ qui a composé dans la foulée “Indifferent” et “Angel Sky”. J’en suis tombé à la renverse (rires) ! Nous avons tous deux repris, retravaillé et arrangé des morceaux que j’avais sous le coude depuis quelques années et nous en avons également écrits de nouveaux ensemble. ADRENALINE MOB était né.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Par l’intermédiaire de Phil Ciulo, un ami commun assistant personnel de Zakk Wylde. Il a parlé de moi à Russ et le courant est passé entre nous dès que nous avons discuté.

Russell est chanteur de SYMPHONY X, A.J. Pero batteur de TWISTED SISTER, John Moyer bassiste de DISTURBED – même si le groupe est en stand-by – et toi, tu sortiras en courant d’année un album avec TRED. ADRENALINE MOB est-il plus qu’un “simple” side-project ?
C’est un VRAI groupe. Russ dispose d’un certain temps entre chaque cycle album-tournée avec SYMPHONY X et nous en profitons pour caler ADRENALINE MOB dans ces périodes. Dans le cas d’A.J., TWISTED SISTER ne tourne pas énormément et se concentre principalement sur les gros festivals, ce qui lui laisse pas mal de temps. Quant à DISTURBED, le groupe étant effectivement entre parenthèses pour une durée indéterminée, John est très disponible. Ça fonctionne bien comme ça.

Contrairement à vous, les trois musiciens historiques de METALLICA, pour ne citer qu’eux, n’ont jamais enregistré quoi que ce soit d’autre en dehors du groupe. Penses-tu que tu pourrais te contenter de toujours jouer avec les mêmes partenaires ?
Je pense surtout que j’aimerais bien jouer dans METALLICA (rires), un des plus grands groupes du monde ! Disons que de plus en plus de musiciens se partagent entre plusieurs formations pour exprimer différentes facettes de leur créativité. Comme Zakk Wylde, qui a joué à la fois dans BLACK LABEL SOCIETY et avec OZZY pendant des années, ou Corey Taylor avec SLIPKNOT et STONE SOUR. Entre autres… Comme nous, cela leur permet d’aborder différents styles, ce qu’ils ne pourraient pas faire dans le cadre de la même formation.

C’est frustrant que pas mal de gens continuent à penser qu’ADRENALINE MOB était le groupe de Mike Portnoy, alors qu’il vous a rejoints en cours de route ?
Ça n’est pas bien grave mais c’est bien de rappeler qu’« Omertà » (2012) a été écrit avant l’arrivée de Mike. Il a enregistré les parties de batterie sur tous les titres que nous avions composés, Russ et moi. C’était le troisième membre du groupe et c’était un honneur de jouer avec un musicien de cette trempe. Malheureusement, il est très occupé et quand nous avons décidé de mettre en route le deuxième album d’ADRENALINE MOB, il commençait tout juste à travailler avec THE WINERY DOGS (NDJ : top projet qu’il partage avec Billy Sheehan et Richie Kotzen). Nous nous sommes quittés en très bons termes d’un commun accord car il était impossible qu’on attende qu’il ait terminé.

 

« Je garde un très grand souvenir de notre concert à Paris, dans une salle dont je n’ose pas prononcer le nom de peur de le massacrer. Le public était vraiment chaud-bouillant ! » - Mike Orlando

 

Comment A.J. vous a-t-il rejoints ?
Ça fait vingt ans que nous nous connaissons, A.J. et moi, c’est un ami. Rien n’était planifié, on avait terminé le travail de préproduction de « Men Of Honor », tous les titres étaient en boîte et je l’ai appelé pour lui proposer de venir enregistrer les batteries d’un bonus track, “Gets You Through The Night”, qui ne figure finalement pas sur l’album. Quand il a joué, on est resté la bouche grande ouverte (rires). Du coup, c’est lui qui a tout enregistré. A.J. est un mec adorable doublé d’un grand batteur. Que demander de plus ?

Comment s’est passé la composition de l’album ?
En gros, comme celle d’« Omertà ». Quand nous avons achevé notre tournée sud-américaine, je me suis enfermé dans mon studio pendant trois ou quatre semaines. J’ai composé quelque chose comme dix-sept titres, écrit les parties de batterie, de basse, posé quelques idées de lignes de chant et géré toute la préproduction. Puis j’ai fait écouter dix morceaux à Russell qui a écrit les lyrics et peaufiné les lignes de chant. Nous avons travaillé vite. C’est l’avantage quand on est exactement sur la même longueur d’ondes.

Justement, si je peux me permettre… « Men Of Honor » est un grand coup de pied au cul, magnifiquement bien joué, bien chanté et rempli de hits potentiels. Mais côté lyrics, c’est bourré de clichés, voire simpliste. Russ, qui nous a habitués à des textes nettement plus chiadés avec SYMPHONY X, a décidé de faire relâche ?
(Rires) Non, je ne crois pas. Pour ADRENALINE MOB, qui est nettement plus direct musicalement parlant que son groupe de prog metal, il a choisi des lyrics simples, “rock’n’roll”, faciles à reprendre en chœur et à assimiler par le public. Ça n’est pas plus compliqué que ça.

« Rien ne remplace la proximité du public, quand tout le monde s’éclate et pète les plombs. Les gens transpirent avec toi, te transpirent dessus même… J’adore ça ! » - Mike Orlando

 

Tu composes, tu joues, tu es ingénieur du son, producteur, tu gères le mastering… Comment parviens-tu à prendre un minimum de recul ?
Je mentirais si je disais que depuis plusieurs mois, je ne vis pas 24 heures sur 24 et sept jours sur sept avec ADRENALINE MOB. Au fil des années, j’ai appris à me détacher de mon rôle de guitariste quand j’en suis au mixage ou aux différents autres niveaux de la production. Une fois que mes parties de guitares sont en boîte, je passe à autre chose. Quand je suis ingénieur du son, la seule chose qui m’importe, c’est d’avoir le meilleur son possible, les meilleures prises. Je me projette sur le rendu final que je veux obtenir.

Quel est ton parcours de producteur ?
J’ai toujours eu mon home studio. Petit d’abord, puis moyen, et enfin plus grand, comme aujourd’hui avec les Sonic Stomp Studios. En vingt ans, j’ai eu le temps d’écouter des albums, de m’en inspirer et de progresser petit à petit.

A qui doit-on le nom d’ADRENALINE MOB ?
L’adrénaline est un de mes moteurs, je suis pilote de dragster, et c’est aussi un clin d’œil à mon ancien groupe, ADRENALINE FUELED JUNKIES. Russ a proposé MOB (NDJ : la mafia) car il aimait l’idée d’être un gang, une mafia musicale. Les deux accolés ont de la gueule.

Et votre mascotte, le squelette mafieux ?
Russ y est pour beaucoup. Il voulait que l’on ait une mascotte, un peu à la manière d’IRON MAIDEN avec Eddie. L’idée étant que les gens pensent au groupe dès qu’ils verraient Bonedaddy. Nous avons la chance de travailler avec un grand artiste, Marc Sasso, à qui l’on doit déjà les pochettes d’« Omertà » et de « Covertà », l’album de reprises que nous avons sorti l’an dernier.

Quelles sont vos attentes avec « Men Of Honor » ?
Nous espérons toucher un large public et tourner le plus possible car ADRENALINE MOB est un groupe de scène. Je garde un très grand souvenir de notre concert à Paris, dans une salle dont je n’ose pas prononcer le nom de peur de le massacrer (NDJ : La Maroquinerie). Le public était vraiment chaud-bouillant !

Jouer dans les clubs en Europe et dans des petites salles aux States quand, pour certains des membres du groupe, on a été habitué à de grandes salles, c’est un peu comme repartir à zéro. C’est motivant ?
C’est un changement, un retour en arrière même pour John, vu que DISTURBED jouait dans des salles sold-out de plusieurs milliers de spectateurs, ou pour A.J. puisque TWISTED SISTER a vendu quelque chose comme 20 millions d’albums dans le monde. C’est fun de repartir à zéro. Nous avons joué dans de grandes salles mais aussi dans des clubs de 500 places et rien ne remplace la proximité du public quand tout le monde s’éclate et pète les plombs. Les gens transpirent avec toi, te transpirent dessus même (rires)… J’adore ça !

 

Que peux-tu nous dire sur TRED, le groupe que tu as formé avec Rudy Sarzo (ex-OZZY, QUIET RIOT et WHITESNAKE) à la basse, A.J. Pero et Tim “Ripper” Owens (ex-JUDAS PRIEST, ICED EARTH et MALMSTEEN) ?
TRED est plus heavy, plus… tribal qu’ADRENALINE MOB, mais les musiciens sont eux aussi extraordinaires. Je ne peux pas vraiment décrire le style mais il y a des éléments de SLIPKNOT et de MEGADETH dedans. J’ai vraiment hâte que l’album sorte mais il faut que ce soit au moment opportun. Pour l’instant, nous avons douze titres. J’espère qu’il sera terminé en avril.

Randy Rhoads, le premier guitariste d’Ozzy disparu en 1982, est une de tes idoles de toujours. Tu dois garder un souvenir ému du Randy Rhoads Remembered, la grande soirée en son hommage donnée le 25 janvier dernier, non ?
C’était un immense honneur pour moi d’y être invité. J’ai joué “Over The Mountain” avec Rudy, et “Dee”, un titre acoustique instrumental (NDJ : présent sur « Blizzard Of Ozz », premier album solo d’OZZY sorti en 1980). Sur ce dernier, nous étions pas loin d’une quinzaine de guitaristes sur scène. Un moment magique.

Magique ? C’est le moins que l’on puisse dire puisqu’y participaient aussi Nuno Bettencourt (EXTREME), Uli Jon Roth (SCORPIONS, ELECTRIC SUN), Ron “Bumblefoot” Thal (GUNS N’ROSES), Doug Aldrich (DIO, WHITESNAKE), Phil Demmel (MACHINE HEAD), Brad GILLIS (OZZY, NIGHTRANGER), Jeff Young (ex-MEGADETH), Kiko Loureiro (ANGRA), Rowan Robertson (DIO), Tracii Guns (L.A. GUNS) et Brent Woods (THE MOBY DICKS, VINCE NEIL)… On doit cet hommage à Brian Tichy, batteur (entre autres, de WHITESNAKE et OZZY) et guitariste, ainsi qu’à Joe Sutton, par ailleurs créateurs du Bonzo Bash qui célèbre chaque année le legs de John Bonham de LED ZEP à l’occasion du NAMM, et à Kelle Rhoads, frère aîné de Randy qui aurait fêté ses 57 ans en décembre dernier.

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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