7 avril 2014, 21:21

BLACK LABEL SOCIETY : "Catacombs Of The Black Vatican"

Album : Catacombs Of The Black Vatican

Forcément très attendu ce neuvième album studio de BLACK LABEL SOCIETY : au début du groupe, on avait l’habitude de recevoir notre dose quasi-annuelle de gros son, BLS ayant sorti six albums, de “Sonic Brew” à l’excellentissime “Mafia”, en six ans exactement, de 1999 à 2005. Soit la meilleure période du groupe, incontestablement. Depuis, Zakk Wylde répète inlassablement la même formule, avec beaucoup de complaisance, sans grande inventivité, peu de fougue mais beaucoup d’esbroufe. Depuis “Mafia” donc, le groupe tourne aussi de manière très conséquente aux quatre coins du monde, étirant ses tournées sur plusieurs années, expliquant évidemment les délais conséquents entre les sorties : quatre ans entre le médiocre “Shot To Hell” et un “Order Of The Black” fort revigoré, il y a maintenant quatre ans, aussi. Heureusement pour les fans hardcore, la franchise motorcycle club a pris le soin de combler certaines attentes avec des sorties réchauffées, telles “The Song Remains Not The Same” fourre-tout bancal (reprises anecdotiques, versions acoustiques), ou “Unblackened”, double-CD d’un concert électro-acoustique évènementiel donné l’an dernier au Club Nokia de Los Angeles, également disponibles en DVD. Et comme le merchandising marche désormais bien mieux que la vente de disques (exemple : beaucoup trop de T-shirts Misfits pour un groupe ayant vendu une maigre poignée de 33 tours, non ????), Zakk Wylde exploite, tel un bon business-man fils spirituel de Sharon Osbourne, son image de grizzli viking à la tête de son gang de bikers sans foi ni loi : lots de patches et couleurs du club, gadgets et autres T-shirts estampillés BLS, en veux-tu, en voilà.

La musique ? Oh, encore un prétexte pour partir en tournée et vendre son stock de merch‘ made in China. On l’a eu un peu mauvaise ces dernières années, en fait : si c’est toujours un gros plaisir de revoir Zakk en live, bien que ses concerts soient toujours ponctués de longs soli bien trop bavards, on n’a que trop moyennement aimé ses derniers albums, souffrant forcément la comparaison avec cette fameuse première partie de carrière. Outre toutes ces magnifiques années Ozzy puis le très grand one shot Pride & Glory, Zakk Wylde avait considérablement durci le ton en proposant un heavy-metal viril, ultra heavy, gras, limite sale, sans concession, mais néanmoins extraordinairement bien écrit, délivrant des hymnes imparables tout au long de ces six premiers albums incontournables. C’est vraiment avec “Shot To Hell” que tout s’est cassé la gueule : marre de toutes ces ballades mielleuses, sortes de faux southern-rock trop lisse, ersatzs des Allman Brothers bons à passer dans des chaines de restos tex-mex aseptisés du mid-West. A peu de choses près. Oui, “Order Of The Black” était donc sensiblement mieux, mais comportait encore trop de ces ballades chiantes, plus Teddy Bear que grizzli des Appalaches, faisant presque passer les dernières d’Ozzy Osbourne pour du Otis Redding. Mieux, moins de remplissage, et plus de morceaux frondeurs : OK, approuvé par tous les wolfpacks dignes des couleurs BLS.

“Catacombs Of The Black Vatican”, alors meeeeec, ça vaut quoi ???? Ben encore mieux. Pas encore du niveau de “Blessed Hellride”, loin de là, mais on tient un bon cru 2014, tannique et corsé. “My Dying Time”, premier extrait révélé en avance, en dit long sur la bonne teneur de cet album : Zakk Wylde semble avoir puisé son inspiration du côté d’ALICE IN CHAINS au niveau des harmonies vocales -ç’en est même troublant ! Mais au moins ce premier single est-il méchamment heavy : superbes mélodies, solo reconnaissable entre mille, pure signature Wylde, et gros, gros riff. Connaissant l’homme pour son amour immodéré de tout l’héritage de Tony Iommi, l’atmosphère est à la lourdeur, implacable, signifiée d’entrée de jeu sur “Fields Of Unforgiveness”, tout simplement du BLACK SABBATH nouvelle génération, Zakk enfonçant encore plus loin son mimétisme complètement volontaire et assumé avec la voix de son mentor - nasillard et haut-perché, rappelant le Ozzy de l’ère “Sabotage”, lorsque ce dernier suait la coke par tous les pores, ses vocaux étant poussés le plus haut possible, frôlant l’hystérie. Pas mal de morceaux sont donc ancrés dans cette configuration assez immuable : “Believe”, “Beyond The Down”, “Empty Promises”, un “I’ve Gone Away” plutôt velu, dans l’ensemble interchangeables et sans grande identité ni pertinence, tous mid-tempos un peu doom à la production massive, avec déluges de soli démonstratifs mais finalement toujours aussi peu digestes ; heureusement, “Damn The Flood”, plus enlevé et dynamique, casse un peu le rythme et s’avère un brulot plutôt bienvenu. Rayon modérément comestibles, ces inévitables ballades bucoliques nichées dans un héritage Allman / Skynyrd : la première “Angel Of Mercy” s’avère insipide comme les précédentes, “Scars” n’est pas trop tarte et plutôt sobre, rappelant enfin avec plus de bonheur et de nostalgie l’ère “Book Of Shadows”, mais un “Shades Of Gray” super conventionnel clôt l’album dans l’indifférence, là où l’on aurait préféré une mandale qui nous fasse fermer notre grande gueule.

Au final un bon album, le meilleur en dix ans, faute de mieux à vrai dire. On sait Zakk Wylde capable de tellement mieux, mais selon ses dires, il n’a aucune autre prétention que de sortir à chaque fois un album de plus et de faire tourner ainsi la boutique, ne jouant tout simplement que la musique qu’il aime, perpétuant éternellement sa propre fresque musicale, sachant qu’il se fait plaisir sans effort démesuré, et qu’une très grande partie de ses fans en sera ainsi rassasiée... il n’y a finalement pas plus consensuel et démagogue que ce vieil outlaw... que l’on affectionne néanmoins tant !
Allez, go beserk !

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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