14 avril 2014, 11:08

TAGADA JONES : Niko Jones & Stef

Nous avons rencontré Niko et Stef quelques heures avant leur concert du 11 avril au Divan du Monde. C'est posément et dans la bonne humeur qu'ils ont répondu à nos questions concernant notamment le grand retour de TAGADA JONES dans la capitale, mais surtout à propos de leur dernier album : "Dissident" paru en février dernier...

 

Votre nouvel album "Dissident" est sorti très récemment, quels sont les premiers retours ?
Niko : Écoute, c'est plutôt positif. Les gens ont bien accueilli l'album, nous voulions absolument faire un disque un peu plus abouti que les autres, car c'est le disque de nos 20 ans ! On voulait faire 20 titres, ce qui est déjà beaucoup, on en a même enregistré 26, pour en garder que 20. Donc ça fait 2 ans qu'on bosse dessus, ça a mis un peu plus de temps, de tripes aussi. On a surtout re-bossé à l'ancienne, c'est à dire qu'on s'est ré-enfermé dans un local de répète et on a plus joué qu'enregistré au lieu de se retrouver tous derrière les ordis et faire de la prod. L'essence même du groupe elle se situe plutôt dans un local de répète. Au bout de 20 ans, en général les groupes se calment, les albums sont un peu plus mous, plus posés... mais nous on voulait que ce soit le contraire, que les gens disent que nous avons encore 20 ans, que nous avons toujours la patate, toujours la pêche ! Le disque est vraiment à cette image et ça plaît à beaucoup de monde, surtout aux anciens fans.
Stef : On voulait marquer le coup des 20 ans et refaire des morceaux à l'ancienne comme disait Niko, ne pas bosser sur ordinateur comme on avait fait pour les 3 derniers albums, mais plutôt partir en répète avec des idées et en trouver d'autres pendant. On s’y est aussi pris vachement longtemps à l'avance, il y avait des morceaux qui étaient déjà composés 1 an avant l'enregistrement.
Niko : 20 ans c'est une page pour le groupe, comme on le dit dans le DVD on n’aurait jamais cru être là 20 ans après ! Toujours sur les planches, et on n'a jamais autant joué que maintenant ! Donc on trouvait ça important de bien marquer cet événement.

Événement très marqué car il y a pas mal d'invités sur "Dissident", vous avez dû prendre pas mal de plaisir pendant l'enregistrement ?
Niko : Ouais, ce sont des potes, on aurait aimé en mettre beaucoup plus mais bon… ce sont les gens les plus proches du groupes, et ceux avec qui on n'avait jamais fait de morceaux, sauf Guyzmo. Depuis 3 albums il y avait souvent des collaborations mais là ça nous tenait à coeur de faire des morceaux avec eux, D'ailleurs en parlant de collaboration ce soir on va en jouer pas mal, comme on est à Paris et que les trois quarts y vivent...
Stef : Sur les six invités de l'album il y en aura quatre.
Niko : On fait le morceau avec Reuno et Phil (LOFOFORA), celui avec Poun (BLACK BOMB A), Vince (AQME) évidement, et Bubu (Stéphane Buriez - LOUDBLAST).

"Le jour où la France ira bien, on fera un album sans revendications." - Niko Jones

Faire un album sans revendications, c'est quelque chose qui vous ennuierait ou qui vous intéresserait ? 
Niko : Le jour où la France ira bien, on fera un album sans revendications. C'est le créneau du groupe d'être revendicatif, et si je devais prendre une option ce serait d'aller vers le plus revendicatif que vers le moins ! Je trouve que ça se perd, nous on est un groupe issu de la vague alternative et il n'y a plus assez de groupes qui ont des messages. Je ne dis pas là que tous les groupes doivent avoir un message, ce n'est pas le problème, mais quand on est apparentés à du punk je trouve vraiment dommage qu'il n'y ait plus assez de groupes avec un message. Le mec qui fait de la pop ce n'est pas grave mais il y a un rapport entre les musiques énervées et l'engagement du groupe. Que tous les groupes ne soient pas engagés c'est une chose mais qu'il y en ait quasi plus, ça en est une autre. En ce moment on est vraiment en train de perdre ça, on n’est pas des stars internationales mais si tous les petits groupes comme nous, mis les uns à cotés des autres, pouvaient faire avancer les choses, l'état d'esprit, la mentalité des personnes... C'est une lutte de fond qui est hyper importante.

Comment est perçue la musique de TAGADA JONES à l'étranger ?
Niko : Bah ils ne comprennent rien ! 
Stef : Ils ne comprennent pas les paroles, mais ils comprennent la musique. De tout ce que nous avons fait en Allemagne, en Russie, etc... A chaque fois ça passe bien.
Niko : En fait c'est plus sur l'énergie du groupe plutôt que sur le discours... Dans les pays francophone c'est clair que les gens attachent une place importante au message, mais quand on va à l'étranger pour nous c'est un autre concert, rien à voir, mais ça se passe vraiment bien, la musique est bien assimilée et bien accueillie par les gens.

"C'est grâce à un groupe comme TRUST que nous existons" - Niko Jones

La palme d'or du pays fan de TAGADA JONES ?
Niko : Notre deuxième patrie c'est le Québec, on va tellement souvent là bas... on va bientôt fêter notre centième date ! Alors que d'autres n'en font même pas 100 dans leur propre pays. Sinon je crois que notre meilleur accueil, c'est en Russie, c'est incroyable là-bas.

Quand on regarde votre agenda de concerts, on se demande comment vous faites pour vous poser et composer ?
Stef : Il y a le temps quand même, entre deux taules on trouve toujours le moyen de s'y remettre et d'avoir des idées. Il nous arrive d'avoir des trous et ça dépend aussi de si on est en début de tournée ou pas. Là on vient de sortir un album donc on va tourner pendant 1 an et demi, 2 ans peut-être, puis il sera temps de faire de nouveaux morceaux,
Niko : Une centaine de dates par an pour un groupe ça devrait être la norme, ce qui est moins normal c'est qu'il n'y a plus beaucoup de groupes qui arrivent à faire ça.

Et avec LE BAL DES ENRAGES, vous n'avez jamais eu de problèmes d'agenda ?
Niko : On a monté Rage Tour en parallèle avec TAGADA JONES et les deux tiers des groupes sont gérés par Rage Tour, ce qui simplifie énormément les choses. Pour ce qui est des autres groupes, si on se dit qu'on veut relancer le projet, par exemple là, la prochaine tournée se passera fin 2015 début 2016, en début d'année 2015 je commencerai à demander à tout le monde d'envisager de faire les dates de temps en temps : "Tout le monde est repartant ?", et ceux qui pourront bloqueront cette période. Le truc c'est que là on sort tous nos albums, le nôtre, LOUDBLAST sort le sien, là, PUNISH YOURSELF un petit peu avant, LOFOFORA commence l'enregistrement ce dimanche, BLACK BOMB A enregistre le sien en fin d'année... Mais bon, il suffit d'un peu de bonne volonté pour que tout se passe bien.

Et le Hellfest 2014 ?
Niko : Je trouve ça super, on connaît bien le festival. Pendant longtemps il n'y avait aucun groupe qui chantait en français. Je pense que LE BAL DES ENRAGES a été comme un petit essai pour eux. Il y avait beaucoup de gens qui nous demandaient pourquoi on ne le faisait pas. Certains ont été surpris du succès du BAL, il y a eu un énorme engouement dessus, si bien que pas mal de gens n'ont même pas pu rentrer ! C'est certainement pour cela que cette année en chant français il y aura nous et LOFOFORA. Je trouve ça bien qu'ils se soient ouverts, ça fait partie du paysage musical français, tout le monde est content.

En parlant de LOFOFORA, vous passez le même jour, il y aura peut être une petite surprise ?
Niko : Peut être ! Mais on ne s'est pas encore posés la question je l'avoue. C'est le genre de chose qu'on règle... comme là, les morceaux d'aujourd'hui, c'est hier soir que ça c'est géré, donc on ne les a pas répétés et ça va être un peu freestyle, mais bon, c'est pas grave c'est l'intention qui compte ! La différence c'est qu'au Hellfest on jouera un set de 45 minutes donc si on fait un featuring... Il n'y en aura qu'un. 

Quelque chose à ajouter pour les fans d'HARD FORCE ?
Niko : Je trouve ça bien que les magazines plus metal ou hard s'intéressent à des groupes comme nous. C'est vrai que l'ouverture musicale devient importante, les gens écoutent plus de choses, ils s'ouvrent l'esprit... Ce qui est assez drôle, c'est que ces derniers temps nous avons eu énormément de retours et pas mal d'interviews dans des magazines metal. Des personnes viennent vers nous et nous disent : "Je viens de découvrir votre groupe et c'est super !", des gens qui ont du coup adhéré alors qu'ils ne connaissaient pas le groupe. C'est aussi la preuve que des groupes qui fonctionnent comme nous, de manière underground et indépendante, ont toujours du travail à faire en communication. Au final, peut être qu'il y aurait plus de monde qui aimeraient si c'était présenté à un plus large public, mais bon...
Stef : Nous on a une étiquette punk et c'est bien que les gens ne s'arrêtent pas à ça. Globalement c'est punk, mais notre musique est assez variée, on a des touches de metal, d'éléctro...
Niko : Au début personne ne nous chroniquait dans le metal, c'est venu petit à petit, mais plus le temps passe et plus il y en a. Même dans le hard rock, certains vont dire qu'il y a un petit coté TRUST dans TAGADA JONES et moi je n'hésite pas à répondre que c'est grâce à un groupe comme TRUST que nous existons, tout comme LOFOFORA. TRUST est un des premiers groupes de rock dur à avoir chanté en français, après, autant je respecte énormément ce qu'ils faisaient au début, autant au bout d'un moment, il serait peut-être temps d'arrêter...

L'album "Dissident" de TAGADA JONES est paru le 17 février chez Enrage Productions / At(h)ome / Wagram Music. (Photos Nicolas Gaire / Christophe Claude)

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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