23 avril 2014, 19:38

TROLLFEST + FINSTERFORST + CRYPTIC FOREST @ Toulouse (Connexion Live)

Le lendemain du concert de WITHIN TEMPTATION à Toulouse autre lieu, autre style, autre ambiance : un concert complètement différent se profile au Connexion Live avec la venue de trolls, d’êtres vivant dans de sombres forêts, et de médecins quelque peu étranges…

LA CLINIQUE DE LA FORÊT NOIRE

La soirée démarre avec CRYPTIC FOREST, qui n’est autre que le "side-project" de FINSTERFORST (seul le vocaliste change), il est donc tout à fait logique de les retrouver à l’affiche. Leur style peut-être facilement qualifié de black, même si au détour de certains morceaux des éléments thrash et death (notamment sur le titre « Call To War » qui fait l’objet d’un vidéo-clip) viennent s’immiscer…  Bref, du metal extrême tout simplement. CRYPTIC FOREST évolue en parallèle de FINSTERFORST depuis une dizaine d’années maintenant et bien que le style des deux groupes soit assez différent (sinon quel intérêt ?), je retrouve néanmoins quelques points communs entre les deux formations, comme sur les parties les plus épiques, voire progressives, de leurs compos. Le son est, disons-le clairement, très médiocre et j’ai un peu l’impression d’assister à une répétition mais l’ambiance est bonne et petit à petit la sauce prend, le public (assez restreint : à peine 150 personnes), devenant de plus en plus participatif. Olivier Berlin, le vocaliste de FINSTERFORST, en retrait et encapuchonné, vient même faire quelques chœurs. Bon début de soirée, assurément.

Ayant déjà vu TROLLFEST il y a deux ans au Bikini (avec KORPIKLAANI), j’avais surtout hâte ce soir de découvrir en live FINSTERFORST, même si je ne connaissais avant ce concert (je me suis rattrapé depuis !) que l’album « … Zum Tode Hin ». Mais quel album ! Epique, majestueux, atmosphérique, il bénéficie d’une aura mystérieuse quasi-magique, un peu à la manière de leurs homologues finlandais MOONSORROW.
Une musique magistrale tout en ambiances subtiles, pas forcément évidentes à reproduire en live, mais MOONSORROW avait réussi haut la main à m’entraîner dans leur voyage musical initiatique lors de son concert au Ramier en 2011, alors pourquoi pas ces habitants de la forêt sombre ("Finsterforst" en allemand, d’où le lien étroit avec CRYPTIC FOREST) ? Mais la magie n’opère pas de la même manière et il s’avère que je ne retrouve pas forcément les mêmes sensations que sur disque, FINSTERFORST apparaissant sous un visage bien plus folk-metal que black atmos’. Il faut dire que je ne connaissais pas leurs deux derniers disques et aussi qu’ils ne joueront aucun morceau de « … Zum Tode Hin », dommage.
Je ne boude néanmoins pas mon plaisir (malgré le son, encore et toujours…), car le groupe est très convaincant et sa musique hautement délectable, d’ailleurs le public ne s’y trompe pas et leur fait une véritable ovation : on a plus l’impression d’être 150 mais bien le double !
Olivier Berlin, le nouveau vocaliste depuis 4 ans maintenant, possède un fort charisme et ne manque pas de faire quelques traits d’humour entre deux titres : on est bien loin du black metal haineux d’autres formations dans le genre c’est certain !  Ils ont en plus le bon goût de terminer par un morceau immense : « Ein Lichtschein » (tiré de « Ratos », leur dernier album paru en 2012), du haut de ses 13 minutes intensément épiques ! Choeurs grandiloquents, claviers symphos’, accordéon subtil pour les passages traditionnels… Ou comment conclure de fort belle manière.

DR (MAD)HOUSE

Changement radical avec les Norvégiens TROLLFEST que l’on savait particulièrement allumés et portés sur la, pardon, sur les boissons… Mais à ce point ! Pourtant, « Kaptein Kaos », leur 6ème album studio en 10 ans, montrait bien qu’ils avaient franchi un palier supplémentaire en matière de délire et de démence musicale !
Devant le backdrop à l’effigie de ce « Kaptein Kaos » se mettent en place deux kits de percus supplémentaires à la batterie de sir Trollbank, dont un pour le vocaliste dément Troll "Papayou" Mannen. Dès lors, un vent de folie souffle dans le Connexion Live, et pas seulement sur scène ! Le son reste toujours assez brouillon et confus (en particulier sur les passages rapides) mais qu’importe : la troupe de grands frappadingues démonte tout ce soir en démarrant avec le titre éponyme de leur dernier album ; dès lors, on assiste à une grosse fiesta, à un nimportnawak géant où tout semble permis… Et beaucoup ne manquent pas de se lâcher, au grand bonheur des musiciens hilares (le bassiste est même pris d’un fou rire au vu des réactions démentes du public). Le vocaliste, comme les autres médecins du son, porte une blouse blanche, mais est également accoutré d’une splendide chemise hawaïenne : cet accoutrement, avec sa barbe et sa bonhommie (voire son embonpoint incontestable), ne va pas passer inaperçu  et dès lors certains se mettent à scander  "Papayou papayou !" ou encore  " Tirelipimpon sur le Chihuahua ! " (oui, je vous avais dit que c’était du grand n’importe quoi !), en référence à notre feu-Carlos national ! A la grande surprise du chanteur qui ne comprend pas la référence et ne sais pas trop ce qui se passe, d’autant plus que les "Papayou !" reviennent régulièrement tout au long du concert, scandés pas seulement par une poignée d’allumés mais par l’ensemble du public… La joke à répétition de la soirée ! Le Connexion Live est certes assez réduit, mais avec une telle ambiance il parait très bien rempli alors qu’il n’y a, je le rappelle, que 150 personnes environ (et même moins désormais puisque certains ont quitté la salle après FINSTERFORST, bien mal leur en a pris) !...

Malgré l’absence du saxophoniste aux pieds nus DrekkaDag, qui m’avait tant plu il y a deux ans, le grand cirque TROLLFEST enchaîne leurs délires musicaux avec une grande maîtrise : car certes, ils ont fait de la folie leur credo mais derrière cette façade festive se cachent d’excellents musiciens. Folk metal ?
TROLLFEST c’est vraiment bien plus que ça avec un mélange improbable d’influences multiples, le groupe ne semblant connaître plus aucunes limites. Au départ il était une sorte de groupe-hommage à FINNTROLL et possède donc des bases black et folk metal, mais aujourd’hui leurs références musicales sont tellement variées qu’il devient impossible de les répertorier toutes : musiques traditionnelles des balkans, slaves, tziganes, tout ce qui touche de près ou de loin aux chansons à boire (évidemment…),  mais aussi des sons latinos venus d’Amérique du Sud, ou même orientaux, des rythmes punk, hardcore, jazzy, swing, disco, ska, manouches, j’en passe et des meilleurs !
Cet immense charivari a le mérite d’être vraiment unique en son genre et TROLLFEST a, au fur et à mesure de son évolution, trouvé un créneau musical à nul autre pareil. Faits marquant du concert de ce soir : la reprise bien déjantée du « Toxic » de Britney Spears (!!!), l’inévitable « Der JegerMeister », leur ode à la célèbre boisson sur lequel Trollmannen débarque affublé d’un système de pompe lui permettant, tel un Spiderman alcoolique, d’arroser le public de cette si délectable boisson… Même si apparemment ce soir il semblerait (mais je n’y ai pas goûté) qu’il ne soit pas question de Jägermeister mais d’un tout autre breuvage.
Le rappel, avec le groupe entièrement déguisé (comme s’ils ne l’étaient pas suffisamment !) façon Harlem Shake : Trollmannen avec une belle perruque frisée rendant hommage à Asterix et Obelix, les autres en dinosaure, Jesus Christ ou encore en fiers gaulois… Et le final, avec les titres « Essenfest » et « Hevlette » sur lequel se forme une chenille humaine qui ira jusque sur la scène, énorme !

Celà fait un bien immense de voir des musiciens si talentueux pratiquant avec un humour au 50ème degré l’auto-dérision, prenant du plaisir à faire de la musique sans se prendre au sérieux (ça change un peu des groupes de metal -autocritique- qui se la jouent  surhommes, voire demi-Dieux, sans aucun recul, en prenant des poses viriles avec des faciès… vraiment très très méchants !) et poussent le délire dans ses derniers retranchements afin de créer une ambiance festive hors-normes dans laquelle il fait bon de communier… Car avant tout dans TROLLFEST, il y a "fest" ! Alors quand on sait que le jour de la fête de la musique ils se produiront au HellFest, devant des milliers de fous furieux déguisés, et certainement bien imbibés, qui n’attendent que ça pour partir en "live" : moi personnellement je ne les raterais pour rien au monde ! Vivement ce TrollHellFest, ou ce HellTrollFest comme vous préférerez, qui s’annonce d’ores et déjà d’anthologie !

Retrouvez toutes les photos dans le portfolio du concert.

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