28 juillet 2014, 15:53

JUDAS PRIEST : Rob Halford

la sagesse des dieux

Rob Halford nous le dira lui-même, jamais une telle pression n'avait été mise autour de la sortie d'un album de JUDAS PRIEST que pour celle de "Redeemer Of Souls", paru le 14 juillet dernier. Le premier de la formation mythique britannique avec son nouveau guitariste Richie Faulkner, qui avait rejoint les rangs à l'occasion de la tournée "Epitaph" en 2011, le premier depuis la supposée retraite live de JUDAS PRIEST, vite oubliée à en entendre les propos enthousiastes d'Halford qui nous appelle de sa résidence Californienne... Entretien privilégié.

 

Comment ça va, Rob ?
Je vais bien ! Je passe une très bonne journée, nous avons reçu de très bonnes nouvelles en ce qui concerne le classement de l'album dans les charts aux Etats-Unis et au Canada. La semaine commence bien !

Après toutes ces années, cette attente, on peut dire que c'est la seule chose qui ne change pas...
Oh oui ! Ça fait quoi, 17 fois que ça m'arrive maintenant ? (rires) Tu sais, quand tu sors de la nouvelle musique, tu ne sais jamais à quoi t'attendre. C'est une... « expérience dans l'attente » en quelque sorte ! (rires) C'est comme attendre la naissance d'un bébé metal ! (éclat de rire) Enfin, c'est sorti maintenant, je lis ce que les fans en pensent tous les jours, et il se révèle qu'ils en sont très heureux. Les retours ont été très positifs pour l'instant.

« Redeemer of Souls » arrive deux ans après la tournée « Epitaph » qui devait mettre un point final à toute activité live de JUDAS PRIEST. Le fait que vous ayez changé d'avis a-t-il établi une priorité quant à l'écriture de ce nouvel album ?
Être solides, confiants, sûrs de nous... Afin de prouver à nous-mêmes, ainsi qu'à nos fans, que nous étions toujours aussi déterminés en tant que musiciens metal après toutes ces années. Nous voulions également prouver que les ingrédients qui composent ce groupe étaient toujours aussi solides. Comme tout le monde le sait, cela fait 6 ans que « Nostradamus » est sorti, donc nous savions qu'il y avait une certaine attente. C'est pourquoi il était très important pour nous de montrer de quoi nous étions capables, d'affirmer notre assurance... et je crois qu'on s'en est plutôt bien sorti ! Tu sais, quand tu écris un album, tu n'as aucune idée de ce à quoi va ressembler le produit final. Qu'importe le groupe dans lequel tu joues, tu essayes toujours de faire de ton mieux, mais pour ce qui est de cet album, nous savions que nous étions attendus au tournant, et je dois dire que c'était un sentiment qui était assez nouveau pour nous. Donc voilà, on peut dire que l'écriture et l'enregistrement de cet album ont été marqués par un mélange de toutes ces émotions.

Un peu plus de pression dans l'air que d'habitude donc...
On peut dire ça oui ! Mais c'était de la bonne pression, rien de négatif. Tu sais, parfois tu as besoin que quelqu'un te tape sur l'épaule et te dise : « Hey, vous allez faire du bon boulot ? ». Je peux te dire que nous ne considérons jamais rien comme acquis dans JUDAS PRIEST.

J'ai du mal à imaginer quelqu'un dire ça à Rob Halford quand même ! (rires)
(Rires) Je sais que ça peut faire rire, mais c'est vrai, je te jure ! Tu sais, tu ne peux jamais être sûr de rien dans le metal, car les fans peuvent très bien se retourner contre toi si tu les contraries. En y réfléchissant, je pense que l'on peut dire que nous nous sommes toujours dépassés dans JUDAS PRIEST, mais je pense aussi et surtout que ce sont les fans qui nous ont poussé à le faire. On se remet toujours en question, on serait très mal placés pour dire : « Olala, après 15 million d'albums vendus on n'a plus rien à prouver, on peut se la couler douce maintenant ! ». Nous n'avons jamais pensé de telles choses. Nous avons une réputation à préserver, c'est quelque chose de très important pour nous. Je ne sais pas si c'est le cas dans tous les groupes, mais nous avons toujours raisonné de cette façon. Nous avons toujours eu ce sentiment que JUDAS PRIEST était un groupe très spécial, et très précieux pour la musique heavy metal. C'est de là que la pression vient, de toutes ces choses que nous avons construites autour de nous pendant ces 40 dernières années, et que nous devons préserver, pour ne pas qu'elles ne s’effondrent.

"Avoir une voix comme celle-ci, c'est un peu comme un don à double tranchant." - Rob Halford

Une chose qui fait partie des trésors du temple JUDAS PRIEST, c'est bien ta voix. Au bout de 40 ans on imagine que des cordes vocales ne se changent pas comme les cordes d'une guitare. Comment as-tu approché l'enregistrement de cet album en ce sens ?
J'essaye toujours de l'adapter différemment à chaque chanson. Par exemple, la voix sur « Redeemer Of Souls » n'est pas la même que sur « Secrets Of The Dead », qui est elle-même différente par rapport à la chanson « Metalizer ». J'essaye de trouver ce qui convient le mieux à chaque titre. Avoir une voix comme celle-ci, c'est un peu comme un don à double tranchant. Tu vois, certains chanteurs n'ont qu'une seule voix, qu'un seul octave, qu'un seul ambitus, et j'ai beaucoup d'amis dans le milieu du rock'n'roll pour qui c'est le cas, et c'est très bien. Pour ce qui est de ma voix, on peut dire que j'ai été le créateur de mon propre problème, car comme je l'ai dit plus tôt, il y a toujours une certaine attente de la part du public avant la sortie d'un album de JUDAS PRIEST : « Mais qu'est ce que Rob va bien pouvoir faire ? Est-ce qu'il va chanter comme sur « Painkiller » sur tous les titres? Est-ce qu'il va faire ci, est-ce qu'il va faire ça ? ». Mais tu vois, comme Glenn ou Richie peuvent changer de guitare, de micros, ou d'amplis, moi je change de voix. Même si elle... (hésitant) elle est toujours bonne, solide, et en place, mais parfois c'est tout de même un peu frustrant quand je me rends compte que je ne peux plus faire ce que je faisais il y a 20 ans, car elle vieillit, donc il faut que je fasse avec...

Ce qui est tout à votre honneur d'ailleurs. Après tout cet album sonne tout sauf comme celui d'un groupe qui veut reproduire ce qu'il faisait il y a 20 ans...
(Touché) Oh, je te remercie pour avoir décelé ça ! « Nostradamus » a eu le droit à son lot de production à l'époque, et je pense que nous voulions revenir aux sources sur « Redeemer Of Souls », avec juste nous 5. Bien sûr l'album a bénéficié d'une bonne production et d'un bon mastering, mais son essence même reste le son d'un groupe qui joue, ce qui fait que nous pourrons d'ailleurs interpréter toutes ces chansons en live très facilement. J'ai d'ailleurs une petite intuition sur le fait que ça sonnera encore plus heavy en concert... Nous réfléchissons déjà à jouer « Halls Of Valhalla » sur la tournée, « Dragonaut » peut-être aussi... Ça va être un putain d'album à jouer en live, ça je peux le garantir !

La mode étant de jouer un album du début à la fin en concert de nos jours, pouvons-nous imaginer quelque chose de similaire avec « Redeemer Of Souls » ?
J'adorerais ! Ça serait génial de monter sur scène et de jouer ces 13 chansons à la suite, et puis pourquoi pas revenir pour le rappel et jouer les titres bonus ? (rires) Mais bon, je vois d'ici l'émeute se créer dans le public qui veut entendre (il chante) « Breaking the law, breaking the law ! », « Living after midnight ! » toutes ces chansons... (rires) Je trouve que cet album est une bonne représentation du groupe tel qu'il est aujourd'hui, soudé, positif... Je l'adore.

Il s'agit du premier album studio sur lequel Richie Fauklner intervient à la guitare. Comment avez-vous entrepris le travail avec lui lors de l'écriture des morceaux ? J'imagine que beaucoup de personnes se seraient senties un peu « sur la retenue » à l'idée de proposer des riffs à JUDAS PRIEST ! (rires)
C'est une très bonne question. Dès le début nous lui avons dit : « Écoute, tu ne remplaces personne, nous ne te payons pas juste pour tenir une guitare à la place de quelqu'un d'autre, nous voulons que tu sois un vrai membre du groupe, nous voulons que tu écrives, que tu fasses ce que tu veux, et que tu n'aies surtout pas peur à l'idée de nous présenter ne serais-ce qu'une toute petite idée. ». C'était très important pour nous que Richie n'ait pas peur de nous présenter des choses, qu'il ne pense pas que ça n'allait pas être assez bon. C'est vrai après tout, un riff de 5 secondes peut très bien se révéler être le plus grand riff de l'histoire du metal ! Tu sais, parfois Glenn et moi avons des idées totalement idiotes et enfantines ! (rires) Nous n'écartons jamais rien, car par exemple Richie peut très bien jouer quelque chose que Glenn va interpréter différemment et rendre encore meilleur, et vice-versa. Après le travail que Richie avait délivré en tournée, nous étions vraiment en confiance pour lui laisser le champ libre.

Dans une interview, Glenn a déclaré que : « Richie avait sauvé le groupe ». Est-ce un sentiment que tu partages également ?
Disons-le comme ça : si nous n'avions pas trouvé Richie à l'époque où nous avions besoin de lui, avant la tournée "Epitaph", nous aurions été contraints d'arrêter. On aurait sûrement trouvé quelqu'un, mais je ne suis pas sûr que cette personne aurait eu les mêmes qualités que Richie. Le monde est plein de bons guitaristes, mais il y en a très peu en Angleterre, et ce que nous voulions, c'était quelqu'un de la scène britannique. Je ne sais pas ce que nous serions devenus, Glenn a eu raison en disant cela, nous avons eu énormément de chance de trouver quelqu'un comme Richie.

"A lire toutes les réactions sur ce premier disque avec Richie, je peux te dire que le prochain sera un putain de monolithe heavy metal !" - Rob Halford

« March Of The Damned » est une chanson dédiée aux fans de JUDAS PRIEST qui vous suivent depuis toutes ces années. J'imagine que ça doit faire chaud au cœur de voir un gosse de 15 ans porter un t-shirt JUDAS PRIEST, non ?
C'est incroyable, c'est comme un électrochoc. Tu sais, ce sont des choses comme ça qui te font garder ta motivation. Nous aimons tous nos fans, quel que soit leur âge, la génération à laquelle ils appartiennent, mais aujourd'hui, les jeunes trouvent la musique qu'ils aiment par eux-mêmes, sur leur ordinateur, sur leur téléphone, sur facebook, sur twitter... Alors qu'à l'époque, les gens tombaient sur des groupes en écoutant la radio, en lisant des magazines, ce qui reste important aujourd'hui, mais le monde a changé, et les jeunes découvrent les groupes par eux-mêmes. Aujourd'hui quand un jeune métalleux devient fan de JUDAS PRIEST, l'honneur est encore plus grand à cause de tout ça, c'est un privilège. Ça te donne envie de tout sauf d'arrêter, ça donne un but à ce que tu fais.

A t'entendre, on jurerait qu’enregistrer un nouvel album est une idée qui ne te déplairait pas...
C'est vrai, je suis prêt ! (rires) Je suis prêt à m'y mettre, on rentre quand en studio ? Demain ? (rires) A lire toutes les réactions sur ce premier disque avec Richie, je peux te dire que le prochain sera un putain de monolithe heavy metal ! (éclat de rire)

JUDAS PRIEST partira en tournée aux Etats-Unis à partir du mois d'octobre avec STEEL PANTHER... J'imagine que ce sera l'occasion pour toi de retrouver un vieil ami de l'époque FIGHT, non ?
La vie est un cycle, tu ne trouves pas ? Il est vrai que Scott et moi étions dans FIGHT avec Russ Parrish (ndlr : Satchel, guitariste de STEEL PANTHER), ce qui va faire ¾ du groupe sur la route ! Comme la vie peut être surprenante parfois... Il me tarde de retrouver Russ, c'est un très bon guitariste, et j'adore STEEL PANTHER. C'est un très bon groupe de divertissement, et ils donnent de très bons concerts. J'espère que l'on pourra aussi les emmener avec nous en Europe l'année prochaine, ce serait génial !

Pour finir Rob... C'est quoi cette histoire de collaboration avec Lady Gaga ? (rires)
(Rires) Je vais t'expliquer ! Je dois avouer avoir beaucoup regardé de vidéos d'elle sur youtube, ses clips, ses interviews... et il se trouve que je me suis retrouvé en day off à San Diego le jour où elle donnait un concert. Je suis donc allé la voir, elle a voulu me rencontrer, et c'est ce qu'on a fait, pendant une vingtaine de minutes après son concert... qui était incroyable d'ailleurs, car c'est une artiste hallucinante à voir sur scène. D'un musicien à un autre, nous avons beaucoup de respect pour la carrière de chacun. Elle a une voix incroyable, c'est une musicienne très talentueuse, elle joue de la guitare, du piano, elle écrit ses propres chansons... C'est une personne très complète, et en plus de ça, c'est une grande fan de metal. Je pense qu'elle est juste curieuse de voir ce qui pourrait se passer si nous faisions quelque chose ensemble. En toute honnêteté, je ne sais pas si ça se fera un jour, elle a juste dit : « Hey, et si on faisait quelque chose ensemble un jour ? » et j'ai accueilli l'idée à bras ouverts : « Pourquoi ne pas se retrouver pour une journée et voir ce qui pourrait bien se passer ? ». En tout cas, si nous écrivons une chanson, ce sera une chanson de metal. Tu sais, tu ne dois pas rejeter quelque chose pour la simple et seule raison que ce n'est pas dans ta zone de confort, au contraire, des choses très intéressantes peuvent se produire en mélangeant deux mondes qui ne s'accordent pas sur le papier. On verra bien !  

L'album "Redeemer Of Souls" de JUDAS PRIEST est sorti le 14 juillet chez Columbia/Sony Music.

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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