12 septembre 2014, 10:08

Nuits Metal de Mennecy @ Espace Culturel J.J. Robert


Histoire de clôturer la saison des festivals en beauté, nous sommes allés refaire un petit tour du côté de Mennecy, à 35 kms au sud de Paris où la seconde édition du Mennecy Metal Fest nous avait agréablement surpris l'an passé.


Notre présence sur le festival rebaptisé donc "Nuits Metal de Mennecy" se limitera aux soirées du vendredi 12 et du samedi 13. Ceci n'est donc pas un report intégral, mais plus nos impressions générales devant un petit festival qui monte, qui monte… fruit de l'amour du maire pour le genre musical qui nous est cher. Car même si ça ne se voit pas ou plus trop à son look, Jean-Philippe Dugoin-Clément, maire de cette commune verdoyante et plutôt bourgeoise, de 15 000 habitants est lui-même un "Fils du Metal", qui a souhaité donner une visibilité au style au son duquel il a grandi. On ne peut que l'encourager à continuer d'autant que tout s'est passé sans anicroches, ce qui n'étonnera que ceux qui ignorent tout de la scène metal.

Ce vendredi à 21h, il peut y avoir 300 personnes dans la salle des fêtes du Parc de Villeroy, où nous débarquons alors que le temps est très doux. Pour autant, cette année, exit la superbe scène en extérieur, tout se fera en salle : ca coute moins cher et on ne risque pas de se faire dracher ! Nous arrivons donc au milieu du set d'HEADCHARGER qui, forts de cinq albums sous leurs casquettes de routiers du Minnesota savent ce que tenir une scène veut dire ! Les caennais ont le look stoner, le son stoner soit, gros, gras et collant mais parfaitement approprié à l'ambiance, et enquillent les titres du récent "Black Diamond Snake" mais aussi pas mal de "The End Starts Here" ou de "Slow Motion Disease" qui leur avaient valu maints éloges en 2012. Malgré les barbes de hipsters et les chemises à carreaux boutonnées jusqu'au col, on notera que le quintet a quand-même longuement du macérer dans le hard-rock 80's et le metal. En témoigne ce final sur "Dusty Dreams" aux duos de guitares assez épiques, qui embarquent tout le monde dans des climats à la THIN LIZZY. Ce dont nous ne nous saurions jamais nous plaindre.

HEADCHAGER (Motocultor 2014) © Hard Force / Naiko J. Franklin - DR

 

Place au Roi de l'Acier de la Ruhr à présent : U.D.O. Le groupe qui avait pu se mettre à l'aise à son hôtel pour ce concert "one shot", était en pleine  forme. Et pour nous qui avions raté pour cause d'hésitation frigorifiée le concert de Savigny le Temple en février, c'était l'occasion de se rattraper avec une set-list assez proche d'ailleurs. Evidemment, à la vitesse où Herr Dirkschneider envoie ses skuds speed-metal depuis 1987, difficile de passer en revue chaque album en live. Il faut faire des choix et ce soir, c'est surtout le dernier album "Steelhammer" qui sera mis en avant, ainsi que "Animal House", son premier méfait solo sorti à l'été 87, et écrit d'ailleurs à l'époque par les membres d'ACCEPT en "cadeau de départ". Le vieux grognard (ou grogneur ?) du metal allemand a toujours cet inimitable faciès de bouledogue, mais au moins avec lui, pas de surprise, les portes du speed-metal à l'ancienne seront bien gardées et il mordra sévèrement au jarret quiconque essaiera de le faire dévier de sa route. Son groupe est aujourd'hui composé de musiciens russes (Andreï Smirov, son soliste, bien présent et dans le mix et en front de scène)  ou d'italiens (Francesco à la batterie). En revanche, Stefan Kaufman, l'ex batteur d'ACCEPT qui l'a longtemps accompagné, n'est plus là. Encore présent en 2010, dernière fois où nous avons vu U.D.O. en tête d'affiche du Sweden Rock, le jeudi soir, Kaufman, sujet à des problèmes de dos récurrents qui l'avaient vu lâcher la batterie pour la guitare a laissé Udo se débrouiller comme un grand. En même temps à 62 ans, le bougre connait un peu les ficelles du métier et les titres défilent sans aucune sortie de route. "Heart Of Gold" arrive après deux nouveaux titres dont l'éponyme "Steelhammer" qui ouvre le set, quant à "Man & Machine" ou "They Want War", ils sont bien sûr de la partie. Aucun titre de "Dominator" hélas, qui contient quelques hymnes de première classe, mais la set-list se limite ce soir à 18 titres d'autant que le concert a commencé à 23h passées. Quant aux classiques d'ACCEPT, c'est pareil, ils semblent un  peu plus rétrécir à la cuisson chaque année, et sont à présent définitivement réservés au rappel. Pour autant, le public ne cesse de donner de la voix et Udo, à son habitude, motive ses troupes nullement gênées par un anglais toujours aussi rudimentaire…
Après un "Timebomb" forcené, c'est donc le brelan "Metal Heart" / "Balls To The Wall" / "Fast As a Shark" qui va remettre les choses au point et les compteurs à zéro pour les innombrables speed-suiveurs qui ont emboîté la chenille du panzer teuton depuis l'aube des années 80. "Fast As a Shark" reste une bombe totale, de celles dont on ne se remet jamais de la déflagration initiale ! Et qui nous fait toujours nous demander si les scènes speed et thrash complètement embryonnaires en 1982 seraient ce qu'elles sont aujourd'hui sans l'influence de l'homme au treillis et de ses amygdales toujours passées au papier de verre... Bref, U.D.O. est venu et n'a pas déçu.

2013 © AFM Records- DR

 

Le lendemain, on se mord un peu les doigts de rater INCRY ainsi que VULCAIN, vus à La Maroquinerie il y a moins d'un an, mais c'est samedi, c'est family, et c'est ainsi : le week-end, on ne peut pas toujours s'en aller guerroyer en festoche comme si l'on était seul sur terre. On arrivera en revanche pile à l'heure pour ADX que l'on espérait revoir depuis un bon bout de temps. Le quintet nord-francilien revenu depuis peu d'une étape québécoise où il n'avait jamais joué en trente ans de carrière est à fond et les fans sont là.
Le taux d'humidité dans la salle est bien supérieur à la veille, le taux de metalleux par mètre carré aussi, et même si TANKARD clôt les hostilités ce soir, ADX a un parterre de fans hardcore qui l'attendent et vont le soutenir sans faille. Disons-le tout net, c'est un plaisir de voir ce mélange de professionnalisme et de déconne qui a toujours été la marque du groupe. Ainsi que cet enthousiasme qui semble toujours motiver nos gaillards après tout ce temps. Ok, il y a eu des éclipses, quelques ratés, et  une presse qui  n'a pas toujours emblé remarquer quel bon groupe elle tenait là… mais peu importe : ADX est content d'être là et les fans super contents de les voir. Bref, le cercle vertueux qui fait que le concert glissera tout seul, sous de superbes lights et un son à la hauteur (plus aéré que sur U.D.O. la veille, même si les guitares d'ADX peuvent être tout aussi frénétiques).
13 titres joués en une grosse heure de show dont quatre issus du récent "Ultimatum" qui porte bien son nom après un "Immortel" (2011) en demi-teinte. Un "Red Cap" épico-mélodique et un "Commando Suicide" ravageur en seront les moments les plus marquants. Phil voit la salle lui manger dans la main comme à l'habitude, Dog fait ses petites facéties derrière la batterie et Betov envoie les riffs, tout sourire. Bernard-Yves et le nouveau bassiste Julien ne sont pas en reste et le quintet occupe l'espace de fort belle manière. Pas de "Marquis du Mal" ce soir ni de "La Terreur",  pour autant, ADX reste le seul groupe metal à pouvoir faire rêver Alain Decaux et André Castelot que nos lecteurs de plus de 70 ans connaissent bien ! Et après un "Division Blindée" qui s'impose (ou qui implose ?) comme le plus récent des classiques du groupe, il est temps de saluer tout son petit monde. Mais pas avant un Caligula intemporel en final. Sur icelui, les fans donnent de la voix à tel point, qu'à la limite, ADX pourrait sortir fumer une clope et revenir juste pour dire merci et au revoir ! Mais ce n'est pas le genre de la maison et sur les décombres fumantes d'une nouvelle victoire, Phil et les siens remercient tout sourire et échangeront encore longuement avec leurs fans dans le hall de la salle.

ADX - 2014 © Olivier Landais pour Olan Live-Pics - DR

 

Mentionnons par ailleurs que cette salle du Parc de Villeroy est très agréable et que même si les températures ne sont point encore trop frisquettes dehors, on est content de s'y tenir chaud ! Artistes de variétés divers et comiques y sont régulièrement programmés par la mairie, et franchement, on se prend à rêver de belles salles de la sorte, modulables et avec une grande hauteur sous plafond pour Paris intra-muros... Dehors, l'ambiance est bucolique, limite "Rêveries du promeneur solitaire", d'ailleurs de petits groupe se posent dans l'herbe ça et là, sous le regard d'une sécu pas agressive du tout. A l'image du public présent d'ailleurs. Le festival a également mobilisé une foule de bénévoles qui assurent entre autres la bonne marche de la buvette et de l'espace restauration tous deux à prix essorés sec. Et à noter, autre bonne idée, que collé sur le mur extérieur, un écran couplé à deux baffles retransmet les performances des groupes pour ceux qui auraient un petit creux ou une envie subite d'aller fourrager dans les bacs des deux disquaires du mini-market. Enfin, à l'étage, dans un autre bâtiment, se tient parallèlement une convention de tatoueurs & pierceurs  avec en outre une estrade où de petites filles ont les yeux brillants après un show de danse burlesque. C'est sûr que c'est plus gracieux que TANKARD  ;-) à qui il faudra une bonne heure pour s'installer mais ceci n'émoussera en rien l'enthousiasme de leurs fans, pas plus que la motivation du groupe, très rare en France. Et on saluera le côté pro de Gerre et ses trois acolytes : Frank le bassiste aux cheveux courts, Andi et Olaf les guitariste et batteur chevelus, qui ont quand-même douze heures de route dans les pattes (hé oui, TANKARD est parti en voiture de Berlin à 8 h du mat' le jour même. Méditez-donc deux minutes sur la condition de "groupe culte" camarades !).
Le thrash metal à la sauce alcool à 90° des Allemands se vit sans prise de tête, le groupe semblant égal à son public. Pas de stars qui tiennent ici. TANKARD aimant le metal, la bière et ses fans, qui tous le lui rendent bien. Même si on ne sait pas trop dans quel ordre. Piochant dans une grosse dizaine de ses 16 albums parus (avec une rigueur toute germanique à raison d'un tous les deux ans), le quatuor attaque par du vintage avec "Zombie Attack" et "The Morning After" avant d'enfiler les odes à la bière comme on ferait un collier de capsules pour la fête des papas punks.
Et tout ceci finit dans de gros riffs thrashy et une ambiance digne de l'Oktober Fest. "R.I.B, Rest In Beer", c'est le titre du dernier en date et, reposer dans la bière, c'est sûrement ce qui les attend, même si on doute que le jeu de mots fonctionne en allemand.

© Nuclear Blast Records - DR

 

Nous ferons l'impasse sur le dimanche, ne doutant pas une seconde que les quatre riot girrrls de CRUCIFIED BARBARA soient à la hauteur des événements mais nous reviendrons l'année prochaine, pour la 4e édition d'un festival un peu à la coule mais qui progresse à grands pas.
Reste à étudier attentivement l'option d'une seconde scène afin justement, d'éviter trop de temps morts durant les changements de plateau, une idée à l'étude selon le maire. Reste aussi à mieux se concerter avec les autres Festivals du début septembre qui abondent en Ile-de-France ou dans le Nord afin de mobiliser encore plus les foules. Parce que 15€ la journée pour six ou sept groupes dont deux ou trois grosses têtes d'affiche, c'est donné ! Et que les Nuits Metal de Mennecy doivent justement réussir à séduire bien au-delà de l'Essonne. Pour cela, un poil plus de médiatisation au vu de l'ambiance, du cadre et de l'affiche ne fera pas de mal. Faites passer le mot !

Blogger : Guillaume B. Decherf
Au sujet de l'auteur
Guillaume B. Decherf
Fan de comédies romantiques avec Meg Ryan, grand lecteur de Sylvain & Sylvette, ancien scout et enfant de choeur qui carbure au coca zero et aux carambar...étrangement, je suis pourtant fan de metal depuis la même époque. Autrefois, les anciens appelaient ça du hard-rock. Et depuis, rien ne me motive plus que de me rendre en concert, prendre la température live de mes héros de naguère ou voir ce que donne la relève. Journaliste culture "tous terrains", j'ai au fil des ans et des titres où je suis passé, interviewé une grande part des groupes qui m'ont fait rêver -ou pas...mais peut-être que vous, ils vous font rêver- et je continue. Vous livrant ici, des interviews restées inédites ou dont seule une infime partie a été exploitée. Faut pas gâcher !
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