29 octobre 2014, 12:43

Alice Cooper : "Raise The Dead - Live From Wacken"

DVD

Album : Raise The Dead – Live From Wacken

A défaut de vouloir livrer son nouvel album intégralement constitué de reprises de groupes des années 60 et 70 avec lesquels il partageait une certaine amitié, Alice Cooper profite d'une nouvelle collection de lives enregistrés au Wacken Festival pour sortir l'enregistrement de son concert de l'édition 2013 - une entreprise caritative de la part du monstre allemand, destinée à aider de jeunes groupes.
C'est donc à la tombée de la nuit, profitant encore d'une splendide et douce lumière aux dominantes roses que le Coop' investit la Black Stage au son du trop rare "Hello Hooray", un clin d'oeil à cette chanson ouvrant la phénoménale tournée américaine "Billion Dollar Babies" il y a exactement... 40 ans. Nous insistons tout particulièrement sur la lumière ambiante dominant le site : car outre les lights et les traditionnels fumigènes, l'ambiance fournie par cette magnifique fin de journée apporte une certaine magie à cette captation live. Si d'habitude ses concerts destinés à l'exploitation vidéo sont filmés en salle, cette première sortie en outdoor surprend par sa qualité, même si la vision des baraques à frites propres aux horizons disgracieux des festivals démystifie parfois l'environnement ténébreux et théâtral du personnage.
Le groupe accompagnant Cooper sur cette tournée est alors exemplaire, et constitué de trois guitaristes, dont le vétéran Ryan Roxie, Tommy Henriksen, et surtout la jeune et très jolie Orianthi, auréolée de classe, de mystère et de glamour vénéneux - les caméras virevoltent d'ailleurs avec une certaine insistance autour d'elle, captant même son seul sourire de la soirée, un seul suffisant pour faire fondre ses déjà nombreux admirateurs, l'infâme benêt écrivant ses lignes en faisant partie.

Comme toujours, le show d'Alice est plutôt prévisible dans l'utilisation de certains artifices et mises en scène, dans la majeure partie de sa set-list et dans son organisation. Toujours les sempiternels mêmes colliers sur "Dirty Diamonds", billets de banque à son effigie sur "Billion Dollar Babies" ou camisole de force sur "Ballad Of Dwight Fry", et les quelques 90 minutes du show sont toujours articulés en trois parties distinctes : une première assez rock'n'roll constituée d'un mélange assez équilibré et homogène de vieux tubes 70's et de morceaux très récents (avec ici les deux meilleurs extraits du dernier "Welcome 2 My Nightmare", le stonien "I'll Bite Your Face Off" et l’hystérique "Caffeine") ; puis un coeur central constitué d'un long acte horrifique pendant lequel le chanteur déploie toute son artillerie gore et ses effets spéciaux, du plus spectaculaire au plus cheap. Enfin, après l'exécution punitive règlementaire, suivie de la voix de Vincent Price rappelant la tournée "Welcome To My Nightmare", Alice revient d'entre les morts pour un dernier round centré autour de ses indispensables hits ("I'm Eighteen », "Poison" et "School's Out"), après qu'il ait enfin justifié le thème de sa tournée "Raise The Dead" ("lève les morts" !) consacré donc à son hommage personnel aux tubes mythiques de ses vieux amis - Jim Morrison, Keith Moon, Jimi Hendrix et John Lennon, tous décédés. Hélas, seuls "Break On Through" des DOORS et le "My Generation" des WHO figurent sur le DVD, alors que sont étonnamment tronqués les "Foxy Lady" d'Hendrix et le "Revolution" des BEATLES - pourtant bien présents sur le deuxième CD de la bande-son correspondante. Encore une de ces anomalies inexpliquées et autres montages frustrants opérés pour on ne sait quelles raisons.        
La prise de son est d'ailleurs plus que correcte, bien qu'Alice semble parfois un peu à la peine sur la première partie de son concert, sa voix étant bien moins nuancée, puissante et mordante qu'auparavant : aujourd'hui plus étouffée et étranglée. Ses musiciens sont par contre au top, tant visuellement qu'au niveau de leur jeu, précis, incisif, complémentaire et faisant honneur à leurs légendaires prédécesseurs, tout en ayant un certain loisir de développer leur propre personnalité, notamment sur la longue plage instrumentale déroulée au milieu de "Dirty Diamonds".      

Dans la foulée, Alice enchaîne ses titres les plus emblématiques et prétextes aux bonnes vieilles recettes cauchemardesques : la guillotine pendant le medley "Killer" / "I Love The Dead", un monstrueux Alice géant et décharné, monté sur échasses le temps de "Feed My Frankenstein", ainsi qu'une nouvelle infirmière sexy maquillée façon cadavre mexicain aux yeux de lycanthrope. La grande surprise du set reste toutefois la présence très remarquée de "He's Back (The Man Behind The Mask)", vieux hit des années 80 issu de "Constrictor" et de la B.O de "Vendredi 13 VI", ici dans une version dénuée de synthétiseurs embarrassants et appuyés de guitares. Un très grand moment, Alice pouvant difficilement se permettre de drastiquement renouveler ses set-lists tant il y a d'incontournables tubes à jouer - mais ce soir au Wacken, les fans purs et durs auront également droit à un "Department Of Youth" antédiluvien (1975 !), ainsi qu'un "House Of Fire" nous rappelant les bonnes années de notre adolescence lorsqu'Alice venait de sortir "Trash"...
Enfin, le rappel attendu achève la soirée sur un "School's Out" d'anthologie entrecoupé de quelques mesures du "Another Brick In The Wall", les PINK FLOYD ayant en 1979 copieusement emprunté le gimmick de ces choeurs d'enfants au tube scolaire de 1972, avec l'aide de leur producteur commun Bob Ezrin... Ici la fête bat son plein, entre ballons géants et surtout une pluie de bulles de savon, comme à la bonne vieille époque de la tournée ’72, justement…

Au final un bien agréable package sound & vision, premier d’une série que l’on attend avec fébrilité (orga Hellfest : tu peux t’y mettre aussi !!!) chez le label UDR. Concernant le Coop’, on trépigne d’impatience concernant ce nouveau LP solo gorgé de reprises… Et c’est moi qui vous le dit, cette année 2015 va être riche en ce qui concerne la légende...

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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